Le porte-conteneurs Athens est arrivé au port de Moroni ce matin du dimanche 4 juillet. il transporte à son bord 280 conteneurs destinés aux Comores.
Cette arrivée va-t-elle suffire pour alléger les difficultés d’approvisionnement de la population? Rien n’est moins sûr. Selon des indiscrétions obtenues auprès de travailleurs du port, la plupart des conteneurs seraient remplis de produits divers appartenant à des particuliers, seulement quelques-uns contiendraient de la viande, destinée aux grands hôtels de la place.
Un autre bateau transportant 89 conteneurs est attendu lundi 5 juillet, c’est celui là qui apportera les très convoitées ailes de poulets mabawas. Ce n’est pas encore le bout du tunnel mais un répit de courte durée. Les principaux acteurs de cette crise affirment qu’elle se prolongera sur plusieurs mois.
Tous les responsables de ce domaine, qu’ils soient du gouvernement, des armateurs, de Moroni Terminal ou de la Société Comorienne des Ports SCP, tous s’accordent à dire qu’il faut chercher la raison derrière cette pénurie, au niveau du transport maritime mondial.
L’étroitesse du marché comorien jouerait en notre défaveur. Les gros bateaux privilégieraient les ports de grande envergure, où les conteneurs à livrer sont nombreux, au détriment de petits pays ayant peu de commandes. Autre problème, puisque nous ne produisons pas assez pour l’exportation, les conteneurs repartent vides ce qui constitue une perte non négligeable.
Alors que le port de Moroni recevait en moyenne cinq bateaux par mois, désormais, il n’y en a qu’un seul, quand il y en a. Depuis le mois de mai, aucun navire n’a accosté, selon un travailleur que nous avons interrogé.
Les agences qui font venir les bateaux se plaignent également des coûts qui ont augmenté. Pour un porte-conteneurs qu’il payait un million par jour passé au port, maintenant ils doivent s’acquitter du double.
Pour couronner le tout, les autorités portuaires exigent qu’un remorqueur soit utilisé pour faire accoster les bateaux, ce qui alourdit encore plus la facture et qui se répercute en bout de chaine sur les prix.
Pourtant la SCP ne dispose pas de remorqueurs à Moroni et doit louer celui de Moroni terminal le « Jennifer », un remorqueur de 500 chevaux, destiné à la manutention et qui n’est pas adapté pour tirer et pousser de gros navires.
Ils ont parfois recours au nouveau remorqueur du port de Mutsamudu, Anjouan, inauguré en septembre 2020, mesurant 30 mètres de long et disposant d’une puissance de 2000 chevaux.
La compagnie Spanfreight, pour sa part, estime que ses bateaux n’ont pas besoin des services d’un remorqueur puisqu’ils n’accostent pas au quai, mais jettent l’ancre au large.
Cette crise révèle la nécessité pour l’île de Ngazidja de se doter d’un port en eaux profondes ayant des équipements modernes. Un projet souvent remis aux calendes grecques, pourtant un archipel ne peut faire l’impasse sur les infrastructures portuaires.
Une réunion s’est tenue, samedi 3 juillet, en présence du Ministre de l’Economie Houmed Msaidie, son homologue des Finances Said Chayhane, le Conseiller du Président Nour El Fath Azali, les organisations patronales Modec et nouvelle Opaco, ainsi que l’UCCIA, dans le but de trouver une solution pérenne.
La pénurie qui sévit dans la capitale, a donné lieu à de vives critiques de la part de l’opposition contre le gouvernement. Le porte-parole de l’Union de l’opposition Abdourazak Razida s’est exprimé devant les médias, samedi après-midi. Il a dirigé une salve d’attaques contre le pouvoir en place, l’accusant d’incompétence, lui reprochant de mentir aux comoriens et de justifier la hausse des prix, plutôt que de chercher à résoudre cet épineux problème.
Face à tout cela, le consommateur comorien se prépare à vivre des mois difficiles. Les vacanciers affluent, les mariages ont repris de plus belle, ce qui risque d’aggraver un peu plus la situation.
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Al Comorya 