Wuambushu, le gouverneur d’Anjouan joue sa partition en solo | Al Comorya

Ce matin du vendredi 12 mai, le gouverneur de l’île d’Anjouan s’est vu refusé l’accès au port de Mutsamudu, alors qu’il souhaitait s’entretenir avec les autorités portuaires au sujet des conséquences de l’opération Wuambushu à Mayotte.

Wuambushu Le gouverneur d’Anjouan joue sa partition en solo.

Un communiqué conjoint des gouvernements comorien et français a annoncé la reprise des liaisons maritimes, or Anissi Chamsidine a signé un arrêté, le 29 avril 2023, interdisant l’accueil sur son île, de toute personne n’ayant pas de pièce d’identité.

« Devant la menace réelle et sérieuse que représente le déplacement massif de la population de Maoré vers le reste de l’archipel, le débarquement des passagers dans le port de Mutsamudu, l’aéroport de Ouani ou ailleurs dans l’Ile est strictement soumis aux conditions suivantes :
Présenter en plus de son titre de voyage, une pièce d’identité, légalement établie et délivré en cours de validité.
»

Très préoccupé par l’arrivée massive d’expulsés qui pourraient déstabiliser la quiétude sur l’île d’Anjouan, le gouverneur est monté au créneau à plusieurs reprises. Il semble ne pas être sur la même longueur d’onde que Moroni qui a fini par lâcher du leste. Pour le gouverneur anjouanais il n’est pas question de céder, même si son domaine de compétence est limité.

Il a pris un autre arrêté le 11 mai, créant un comité de vigilance « tenant lieu de cellule de crise pour la prévention et gestion dans l’Ile des effets collatéraux de l’opération Wuambushu de Maoré. »

On peut y lire que « le comité de vigilance est habilité à prendre toutes initiatives et entreprendre des actions non violentes destinées à éviter que la population de l’Ile de Ndzuwani en particulier soit menacée dans sa sécurité et dans sa quiétude en raison du déplacement massif de la population par la France de Maoré vers le reste de l’Archipel. »

Le lundi 8 mai, il a donné une conférence au lycée Said Mohamed Cheikh de Moroni. À cette occasion, le Chef de l’exécutif anjouanais a réitéré son idée d’un débarquement pacifique et massif de Kwassas remplis d’anjouanais à Mayotte, pour voir si la France pourra les arrêter ou osera bombarder des bateaux de civils.

Une initiative similaire à la marche verte que le Maroc avait organisé sur le Sahara Occidental en 1975. Plus de 300 000 civils avaient marché sur ce territoire revendiqué par le Royaume Chérifien. Devant le fait accompli, le colonisateur espagnol fut obligé d’organiser des pourparlers qui ont abouti aux accords de Madrid.

Anissi Chamsidine adopte des postures plus radicales que celles d’Azali Assoumani. Il est conscient que c’est Dar Najah et non Beit Salam, qui sera en première ligne et qui devra gérer les troubles qui peuvent résulter de ces expulsions.

Mutsamudu à l’impression que Moroni et Mamoudzou veulent lui fourguer la patate chaude, en lui déversant ces indésirables par milliers, comme si l’île était un dépotoir humain.

« Même en France, un français ne peut pas rentrer sur le territoire sans une pièce d’identité prouvant qu’il est français. Alors pourquoi nous devons accepter que n’importe qui puisse rentrer chez nous sans aucun justificatif » a indiqué Anissi.

Dans tous les pays du monde, la France ne peut expulser des ressortissants que si le gouvernement de ce pays accorde des «laisser passer ». Les autorités comoriennes sont les seules sur cette planète a accepter d’accueillir toute personne que la France veut expulser sans même étudier le dossier.

La CIMADE a révélé des cas où des enfants nés à Mayotte ont été rattachés à des adultes qui n’étaient pas leurs parents, pour justifier leur expulsion. Par son laxisme le gouvernement comorien se rend complice de ces injustices de l’Etat français.

A de multiples reprises, Anissi Chamsidine a pris des positions à contre-pied de ceux du gouvernement Azali, sans jamais rompre avec la mouvance présidentielle. Les deux hommes ont eu des altercations verbales en public, tout en restant en bons termes.

Le gouverneur d’Anjouan joue sa partition en solo et se démarque de Moroni par sa fermeté. Cette sensibilité s’explique du fait que la vaste majorité des expulsés de Mayotte sont des anjouanais et c’est cette île qui a beaucoup à perdre dans ces expulsions massives. Mais n’oublions pas que cette île est le cœur des Comores, et que quand Anjouan tousse tout l’archipel s’enrhume.

Mohamed Moussa AlComorya



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