La vielle bâtisse centenaire qui abrite l’administration de la Mairie de Moroni, doit être lassée des rebondissements et soubresauts politiques qui la secouent ces derniers temps. Pourtant ses vielles pierres en ont vu d’autres depuis, l’époque des Razida coloniaux.
Énième épisode d’un feuilleton qui n’en finit pas, la Secrétaire Générale de la Commune, Madame Armia Mattoir a déposé plainte contre Hamid Jaffar, Jean Moné et Allaouia Mhoudine.
S’appuyant sur l’article 4 de l’arrêt rendu le 13 mai 2020 par la cour suprême, qui déclare que « le secrétaire général de la mairie est chargé d’assurer les affaires courantes jusqu’à l’élection du nouveau maire et de ses adjoints »
La plaignante accuse les élus communaux issue de la liste « Moroni émergeant » proche de Mohamed Daoud Kiki et de la liste indépendante menée par Jean Moné, d’agir au mépris de cette décision de la cour suprême qui rend « nul le scrutin du 19 mars 2020 relatif à la désignation du maire et de ses adjoints de la commune de Moroni»
Elle rappelle que « les décisions de la cour suprême ne sont susceptibles d’aucun recours et s’impose aux pouvoirs exécutif, au pouvoir législatif ainsi qu’à toutes les juridictions du territoire national ».
Ferdinand Daoud, un autre proche du Ministre Kiki serait inquiété par les autorités. Il lui serait reproché son texte dans lequel il qualifie l’arrêt de la cour suprême de « Mascarade judiciaire orchestrée par sa présidente Harimia».
Même en étant diamétralement opposé à l’idéologie du parti Orange, on peut trouver cela disproportionné de placer des personnes en garde à vue pour délit d’opinion.
La liberté d’expression doit être défendue pour tout citoyen comorien que l’on soit d’accord avec lui ou pas. Si qualifier la justice de mascarade mérite d’être placé derrière les barreaux nous y serions tous.
C’est le moment pour les vrais partisans de la démocratie de donner une leçon à ceux qui bafouaient la liberté parce qu’ils se sentaient intouchables. Aujourd’hui ils sont devenus les victimes de leurs propres méthodes liberticides.
Derrière cette rivalité entre les hommes du ministère de l’intérieur et la Justice, il faut lire en filigrane la guéguerre qui oppose les institutions de la République sous influence des divers camps de la mouvance présidentielle.
Le 16 Mars 2020 déjà, le parquet reprochait à la police nationale et donc au ministère de l’intérieur d’avoir carrément usurpé les compétences de la justice.
Par conséquent, la justice avait décidé de ne plus travailler avec la police et ne collaborer qu’avec la Gendarmerie.
Il règne au sein du régime des tiraillements claniques qui se manifestent au grand jour dans cette bataille pour l’hôtel de ville de la capitale.
Les différentes factions Azalistes se regardent en chiens de faïence sous les badamiers de Bab El Djinane.
La liste « Moroni pour tous » de l’ancien député Abdoulfatah, ses alliés de « Moroni Djidzima » menée par Faouziat Mahamoud, semblent avoir pris l’avantage pour l’instant ils ont l’ascendant. Les choses resteront-elles ainsi?
Les soutiens du pouvoir s’entredéchirent et l’opposition se frotte les mains et se délecte à la vue de ce spectacle.
Al Comorya espère bientôt organiser un débat filmé avec les toutes les parties en conflit, sous réserve de leur acceptation, à fin d’y voir plus claire.
Mohamed Moussa.
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