Sambi adresse une missive à Azali

Depuis la solitude que lui impose son emprisonnement, l’ancien président de la république Ahmed Abdallah Sambi a pris la plume pour adresser une missive à son ancien allié devenu adversaire, Azali Assoumani.

C’est une lettre aux allures de bouteille à la mer, que lance le naufragé de Vwadju. Un courrier de la dernière chance, long de 12 pages. Un ultime recours contre l’injustice dont il affirme être victime.

Si un procès sur le scandale de la citoyenneté économique, est nécessaire, toute personne de bonne foi, s’accorde à dire que la détention de Sambi ne tient plus sur aucune base légale. Notre code de procédure pénale dit que la détention provisoire est d’une durée de 4 mois renouvelable une fois. Or les 8 mois sont dépassés depuis belle lurette. En tout et pour tout, cela fait 2 ans que Fundi est privé de sa liberté.

Ceci étant, il est fort dommage qu’en lisant cet épître, on ne sente pas l’émotion légitime que l’on attend de la supplique d’un détenu désespéré. Au contraire il ressemble à s’y méprendre à une plaidoirie d’un ténor du barreau. Toutes les arguties juridiques évoquées sont celles que ses défenseurs n’ont de cesse de ressasser depuis le début de cette affaire:

« Je considère que cette détention provisoire n’en est plus une.

Je considère que je suis détenu de façon arbitraire et sans motif légal.

Je considère que je suis séquestré, c’est à dire, retenu et emprisonné contre mon gré.

Je considère être victime d’un déni de justice flagrant. »

Rien de nouveau sous le soleil.

L’ex-Rais défend le bien-fondé de la loi sur la citoyenneté économique. Il remet en cause l’impartialité du rapport de la commission d’enquête parlementaire, estimant que 3 députés sur les 5 qui composaient la commission, ne sont pas d’accord avec les conclusions de Dhoulkamal.

Il jette la responsabilité d’un quelconque potentiel détournement sur ses ministres des finances en leur qualité « d’ordonnateur » et le trésorier général, en sa qualité de « payeur ». Il rappelle à Azali :« qu’un président de la république ne gère jamais directement l’argent public »

Sambi semble ne pas saisir la subtile nuance entre chef d’état et chef du gouvernement. Il n’était pas un président cérémonial comme il en existe dans certains pays. En Union des Comores, le président est également Chef du gouvernement. Il nomme et démet qui il veut aux postes clés de l’administration. En l’absence de premier ministre c’est lui qui dirige l’action du gouvernement.

Les ministères ne sont pas des organes indépendants séparés de la présidence. Lorsque les routes de Moroni ont été refaites, nous avons tous dit que c’est l’œuvre de Sambi et non du ministre chargé de ces travaux. Pourtant Sambi ne conduisait pas un Bulldozer sur le chantier.

Lors de la libération d’Anjouan en 2008, nous avons félicité Sambi pour avoir réunifié le pays. Pourtant il n’était pas sur le champ de bataille, l’arme en bandoulière.

Alors notre Honorable ancien Président doit comprendre que s’il porte fièrement les couronnes de lauriers tissées par son gouvernement et revendique toute la partie positive de son bilan. Il se doit également de subir les couronnes d’épines concoctées par ce même sirikali et assumer la responsabilité de l’action gouvernementale lorsqu’elle est négative.

Dans ce rappel des faits qui lui sont reprochés Sambi omet d’évoquer Bashar Kiwan et le paradis fiscal du Bélize d’où transitait l’argent des Émirats à destination des Comores.

Ce qui est regrettable, c’est que le gouvernement actuel a politisé à souhait ce procès à venir. La multiplication des vices de formes et de procédures laissent entrevoir un règlement de compte politique plutôt qu’une quête de justice.

Comment croire en la crédibilité de cette enquête quand on sait qu’Abou Achirafi qui est l’une des chevilles ouvrières de la vente de passeport sous Sambi, n’est pas inquiété, il est même devenu député de la CRC.

Les comoriens étaient en droit de savoir où sont passés ces milliards, mais les petits calculs politiciens du gouvernement d’ Azali Assoumani ont transformé le suspect Sambi en victime. L’opinion publique s’apitoie à juste titre sur son sort.

Encore une occasion ratée.

Mohamed Moussa « Al Comorya »



Catégories :Infos & actu, Siasa

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