Selon Msaidie, Les Comores répondront en cas d’opération Wuambushu à Mayotte | Al Comorya

Le gouvernement comorien prévient qu’il réagira en cas d’opération Wuambushu à Mayotte. Le porte-parole du gouvernement Houmed Msaidie s’est exprimé sur l’opération d’expulsion massive des comoriens, prévue par les forces d’occupation française sur l’île de Mayotte après le ramadan.

À l’issue du Conseil des Ministres qui s’est tenu à Mutsamudu, Anjouan le mercredi 15 mars 2023, le Ministre Msaidie a indiqué que la partie comorienne ignorait tout de ce plan et ne l’a découvert que dans les médias: « le gouvernement est au courant de ce qui s’écrit dans les journaux concernant une opération annoncée à Mayotte. Nous l’avons lu seulement dans les médias, or nous sommes un gouvernement. En pareilles circonstances, il y a une discussion entre autorités, pourtant nous n’avons jamais discuté de cette question. »

Il serait vraiment étrange et étonnant que Paris n’ait pas mis au parfum Moroni sur ses intentions de mener un plan d’une telle envergure, alors qu’Azali Assoumani a été reçu à l’Elysée, le 11 janvier 2023, pour un déjeuner de travail et que la présidence a indiqué que de « nombreux sujets d’intérêt commun ont été abordés». Il est difficile de croire que cette opération soit passée sous silence durant cette rencontre.

Houmed Msaidie a ensuite  réitéré la comorianité de l’île sous occupation française malgré les nombreuses résolutions de l’ONU en faveur des Comores:

« Nous avons un contentieux avec la France au sujet de Mayotte. Rien n’a changé dans la position de notre gouvernement, Mayotte est comorienne et tout ce qui s’y passe nous concerne. »

Malgré la départementalisation de l’île en 2011, par la France, l’île de Mayotte est considérée comme comorienne par le droit international, les Nations Unis, l’Union Africaine et la Ligue des États Arabes. La France y maintient son administration en s’appuyant sur le fait que les mahorais ont voté en faveur du maintien dans la France. Deux principes de droit international s’opposent, les Comores demande le respect de l’intangibilité des frontières coloniales tandis que la France se fonde sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Si la diplomatie comorienne était offensive et intransigeante sur cette revendication dans les années 80-90, depuis 2005, l’Etat comorien avec à sa tête Azali Assoumani, un francophile, souvent accusé par ses adversaires d’être un « pion de la France » a amorcé un virage en retirant la question de Mayotte de l’ordre du jour de l’ONU et des autres instances internationales pour favoriser des négociations secrètes avec Paris. En juillet 2021,  L’ambassadrice de France aux Comores Bassa-Mazoni avait même salué l’attitude des autorités comoriennes qui ne revendiquent plus Mayotte sur la scène internationale:

« Je remercie le gouvernement comorien d’avoir lâché le recours systématique aux institutions internationales à l’ONU, pour dénoncer, mettre la France au pilori, ça n’aurait rien arrangé et ils ne l’ont pas fait parce que c’est une sage position. » 

Cette opération Wuambushu et les rafles qui l’accompagneront, risquent de mettre fin à cette collaboration en catimini. En cédant aux sirènes du tout répressif et en optant pour la ligne dure prônée par les extrémistes mahorais, Darmanin et Macron mettent le gouvernement pro-français à Moroni au pied du mur et le force à prendre des positions nationalistes, sans quoi il risque d’être accusé de trahison des intérêts nationaux. 

Le Ministre Msaidie a prévenu que les Comores réagiront: « Un adage comorien dit que «celui qui sait danser, ne le prouve qu’une fois arrivé sur la piste danse » alors nous ne commenterons pas les journaux, mais sachez que tout ce qui se produira à Mayotte concerne l’Etat comorien et il y répondra de la façon appropriée. »

Des paroles en l’air? Azali saura t-il tenir tête à son ombre tutélaire? A-t-il des marges de manœuvre? Se tournera t-il vers Washington qui a lancé une opération séduction dans l’archipel avec des investissements tous azimuts ces derniers mois? Arrêtera t-il l’accueil des expulsés? L’avenir nous le dira.

Quoiqu’il en soit, cette opération viendra envenimer le sentiment anti-français en Afrique, d’autant plus que les Comores ont pris la présidence de l’Union Africaine, cela aura donc une résonance toute autre. La Russie doit se lécher les babines, face à cette aubaine, puisque son ministre des affaires étrangères Sergei Lavrov n’a pas caché son intérêt pour ce dossier et a défendu l’intégrité territoriale des Comores sur Mayotte en février 2023 lors d’une conférence de presse. 

Des rafles et des chasse à l’homme de noirs par des policiers blancs sur des terres africaines à 9000 kilomètres de l’Europe, ne feront qu’apporter de l’eau au moulin de Moscou dans sa mission discréditer la France sur le continent africain.

La France et Mayotte ont beaucoup à perdre dans cette opération Wuambushu, au-delà des risques d’émeutes et représailles sur l’île, l’occupation française à Mayotte en violation des résolutions de l’ONU sera de nouveau sous les projecteurs du monde entier comme dans les années 80-90 et les adversaires de la France tireront les marrons du feu, car comment Paris exigera que Moscou et Isreal respectent les résolutions de l’ONU alors qu’elle les violent sans gêne à Mayotte.

Le Quai d’Orsay le sait pertinemment, c’est ce qui explique sa prudence et son opposition à toute confrontation avec les Comores, un pays qui coopère et accepte déjà d’accueillir 25 000 expulsés par an. On se demande pourquoi la France veut casser une porte qui lui est déjà grand ouverte?

Mohamed Moussa AlComorya



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