
Il est comme un petit cailloux dans la chaussure du pouvoir. Pas assez important pour empêcher le régime de continuer sa marche, mais assez dérangeant et enquiquinant, au point d’être en capacité de le faire trébucher.
Et les autorités le savent. Elles ne ratent aucune occasion pour l’intimider. Le 3 juin 2022, à la veille du rassemblement contre la hausse des prix du carburant, suspecté d’être derrière l’organisation de ce mouvement de contestation, il est arrêté par la gendarmerie.
Un lieu qu’il connaît bien désormais, pour y avoir séjourné à de nombreuses reprises. Le 22 janvier 2021, il a été placé en garde à vue.
En mai 2019, lors de la crise post-électorale, il est arrêté après avoir été blessé par une grenade lacrymogène, lors des manifestations.
Il lui est reproché d’avoir mobilisé des jeunes de son parti Juwa pour descendre dans la rue.
En Juin 2018, il est arrêté pour avoir filmé une manifestation de l’opposition avec son téléphone portable.
Malgré ces nombreuses arrestations, il n’est pas homme, à se vanter, se lamenter de cet acharnement, ni à s’apitoyer sur son sort.
Ahmed-Hachim n’est pas de ceux qui font du bruit pour rien. Il ne parle pas, il préfère agir en toute discrétion et en toute légalité.
Sa dernière action en date, le 25 juillet 2022, il a saisi la Cour Suprême pour un avis de constitutionnalité des Accords de jumelage entre la Commune de Mamoudzou et certaines villes comoriennes notamment Mutsamudu, Fomboni et Tsidje.
Gênée aux entournures, la Cour a botté en touche. Dans un courrier signé par la présidente Harmia Ahmed, le 4 août, Ahmed-Hachim a reçu la réponse suivante:
« Permettez moi de vous rappeler que la juridiction que vous avez saisie en l’occurrence la Section de la Cour Constitutionnelle n’existe pas… En conséquence, nous sommes au regret de porter à votre connaissance que votre requête ne saurait être examinée en l’état. »
En gros, parce qu’il a écrit « section de la Cour Constitutionnelle » au lieu de « Section Constitutionnelle et Électorale » Harmia Ahmed Ali profite de ce prétexte fallacieux pour ne pas donner l’avis de la Cour Suprême sur la constitutionnalité des accords de jumelage.
La polémique autour de la convention avec Mamoudzou laisse entrevoir des dissensions internes au sein du pouvoir.
La Commune de Moroni qui était initialement prévue dans cette coopération, ne l’a finalement pas signé après avoir demandé l’avis du ministère des Affaires Étrangères, avant la signature.
Le Secrétaire Général Adjoint du ministère a répondu que « la signature de ladite convention de partenariat de jumelage entre la mairie de la capitale de l’Union des Comores avec la commune de Mamoudzou comme collectivité territoriale décentralisée dans un département français, constituerait une reconnaissance tacite par les autorités locales de l’appartenance de Mayotte à la France »
Après le rejet de sa requête, loin de se décourager, le 6 août, l’activiste Ahmed-Hachim saisit de nouveau la Cour, en rectifiant le nom.
Le jeune militant utilise tous les voies et moyens légaux pour rendre la vie dure au régime.
Le fait qu’il mène un combat contre le pouvoir en restant dans le cadre de la légalité, sans avoir recours à des moyens factieux et subversifs, est une de ses forces.
Ce travail devrait être celui de l’opposition traditionnelle, mais cette dernière, en manque d’ingéniosité, se contente de conférences de presse comme seule méthode de lutte.
Bien que le pouvoir judiciaire soit à la botte de l’exécutif, l’innonder de requêtes et de plaintes contre les actions du gouvernement est un des moyens les plus efficaces pour mettre les autorités en face de leurs contradictions et incohérences.
Ahmed-Hachim bien que membre du parti Juwa, agit en électron libre, reprochant à la vieille garde du parti, d’être trop molle et trop passive.
Alors que beaucoup désertent le champ de l’action politique, son implication et sa persévérance malgré les intimidations sont à saluer. Mais quoi d’étonnant puisqu’on dit «bon sang ne saurait mentir ».
Mohamed Moussa AlComorya
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