
Le gouvernement français continue, à bas bruit, sa stratégie pour imposer la reconnaissance de Mayotte comme territoire français dans la sous région.
A l’occasion de la renégociation de l’accord de services aériens ASA datant de 1978 entre la France et la Tanzanie, Mayotte a été choisie pour la signature de l’accord. Le choix du lieu n’est pas anodin. La préfecture a pris le soin de le préciser:
« C’est la première fois que de telles négociations aériennes internationales se tiennent sur un territoire français non-métropolitain.«
Indique t-elle, dans le communiqué de presse.
En faisant signer des accords bilatéraux entre les deux Etats à Mayotte, c’est une façon pour l’administration française de pousser la Tanzanie à admettre la légitimité de la présence française sur cette île, que l’ONU et l’Union Africaine considèrent comme faisant partie intégrante du territoire de l’Etat comorien.
Il ne s’agit pas ici de coopération régionale: « les accords de services aériens bilatéraux fixent le cadre des autorisations pour les services aériens de type commercial entre les territoires des pays signataires : fréquences de vols, points d’entrée aéroportuaires et autres conditions opérationnelles. »
La diplomatie comorienne est en perte d’influence dans la région sur le dossier Mahorais. Le francophile président Azali Assoumani ne revendiquant plus Mayotte comorienne, si ce n’est du bout des lèvres, les pays voisins ne se gênent plus pour entériner le fait accompli.
La Tanzanie est pourtant un allié crucial des Comores. C’est sur son sol qu’a été planifié l’indépendance des Comores, par le Molinaco le mouvement de libération nationale des Comores.
Ce sont les soldats tanzaniens qui ont débarqué à Anjouan en 2008 pour mater la rébellion de Mohamed Bacar. Ce pays frère s’est toujours battu pour l’intégrité territoriale et la souveraineté de notre nation.
En juillet 2021, l’ancien président tanzanien Jakaya kikwete s’est rendu à Moroni, portant un message privé de la Présidente Samia Suluhu à Azali Assoumani.
Cet accord à Mayotte, marque une détérioration inquiétante des relations entre les deux pays, il y a du gaz dans l’air.
Depuis le 20 février 2020, un autre grand pas avait été franchi vers la reconnaissance de Mayotte Française, par Madagascar. Un bureau de la coopération décentralisée de Mayotte avait été inauguré dans la capitale malgache, au sein de l’ambassade de France, en présence du ministre Français Jean-Yves Le Drian.
C’était la première étape d’une longue série, puisque Mayotte compte ouvrir des représentations dans neuf pays riverains dans le cadre d’une stratégie de diplomatie territoriale, rendue possible depuis la loi Letchimy de 2016 sur « L’ Action extérieure des collectivités territoriales et coopération des outre-mer dans leur environnement régional ».
Si Azali Assoumani était mahorais, il serait surement un soroda. C’est lui, qui en 2005 avait retiré la question de Mayotte de l’ordre du jour de l’ONU. C’est également lui qui a accepté que Mayotte participe aux jeux des îles alors que ces prédécesseurs usaient de leur droit de veto.
En juillet 2021, avant son départ, l’Ambassadrice de France, Jacqueline Bassa-Mazzoni avait d’ailleurs salué l’attitude des autorités comoriennes qui ne revendiquent plus Mayotte sur la scène internationale:
« Je remercie le gouvernement comorien d’avoir lâché le recours systématique aux institutions internationales à l’ONU, pour dénoncer, mettre la France au pilori, ça n’aurait rien arrangé et ils ne l’ont pas fait parce que c’est une sage position. »
Le Ministre des Affaires Etrangères des Comores Dhoihir Dhoulkamal ne réagira pas à ce geste inamical de la Tanzanie. L’Ambassadeur tanzanien ne sera pas convoqué pour des explications et une protestation, comme cela se fait dans n’importe quel pays qui défend ses intérêts.
Mais que peut-on espérer quand le Chef de la Diplomatie comorienne a affirmé que les intérêts du Maroc passaient avant ceux des Comores.
« Le président Azali Assoumani a dit , le Maroc d’abord, après on verra pour les Comores. » avait-il dit, toute honte bue, lors de la première commission mixte Maroc-Union des Comores à Dakhla.
La nomination de Hamad Madi Boléro comme Conseiller Diplomatique du Président, vise surement à rehausser le niveau calamiteux du ministre actuel. Mais en grand ami de la France, Boléro ne sera pas un obstacle à la stratégie de Paris, de faire reconnaitre Mayotte française aux pays de la région.
Mohamed Moussa Al Comorya
Catégories :Edito & Opinions, Infos & actu, Siasa