
À chaque intervention de maintien de l’ordre, dans une localité, c’est toujours le même constat.
Des maisons délibérément détruites, des vitres cassées, parfois des incendies volontaires, tout cela n’étant pas l’œuvre de criminels, d’émeutiers ou de casseurs mais plutôt des forces ds l’ordre.
À Nyumadzaha où un conflit inter-villages a éclaté avec Salimani, mercredi 15 juin, les habitants se sont réveillés ce matin, les yeux rougis par les bombes lacrymogènes de la veille, tous témoignent du calvaire que leur ont fait subir les gendarmes, alors qu’ils se trouvaient à l’intérieur de leurs maisons.
Des intrusions dans des domiciles privés en pleine nuit, pour asphyxier de gaz lacrymogène des personnes âgées souffrant de maladies cardiaques et respiratoires et des enfants dont certains de sont urinés dessus, traumatisés par la violence de l’intervention.
Ce qui s’est passé à Nyumadzaha n’est pas une exception ou un cas isolé.
Al Comorya nous avons documenté des dizaines de maisons de particuliers endommagées de manière intentionnelle par les hommes en uniforme dans diverses localités lors de conflits similaires à celui-ci.
À Mkazi en février, les habitants ont accusé les militaires d’avoir saccagés leurs maisons et magasins. A Ndzauze en novembre 2021, nous avons récolté plusieurs témoignages de familles dont les habitations, fenêtres, meubles, téléviseurs et voitures ont été endommagées par les militaires. Même scénario à Sangani Anjouan en mars 2021.
Ce ne sont plus des opérations de maintien de l’ordre mais des expéditions punitives, qui ne distinguent pas entre un fauteur de trouble et une maman dormant tranquillement dans sa chambre.
Nous sommes le seul pays au monde, où il y a plus de maisons détruites par les forces de l’ordre que par les délinquants et les criminels. Ça ne peut plus durer.
Ceux qui sont supposés assurer la sécurité des biens et des personnes ne peuvent pas se livrer en toute impunité à de tels actes de vandalisme.
Il est urgent de revoir le schéma national de maintien de l’ordre. Dans les conflits inter-villages, il y a la nécessité d’avoir une force d’interposition.
Dans les cas où il y’a imbrication entre citoyens pacifiques et auteurs de violences, il existe des tactiques qui permettent de mettre un terme aux exactions sans nuire à toute une localité.
Les forces de sécurité doivent user de la force uniquement si c’est nécessaire et de manière proportionnée.
Plutôt que de saccager des maisons que des familles ont mis toute une vie à bâtir, les autorités peuvent se doter de petits drones civiles qui coûtent à peine 500 000 fc pour pouvoir identifier, poursuivre les fauteurs de troubles et les interpeller là où ils se cachent sans commettre de dégâts.
Cela évitera les bavures, comme celle qu’a subie Chadia, cette jeune fille de 24 ans qui s’est retrouvée embarquée à la caserne de Mde, où elle affirme avoir été humiliée.
La doctrine de maintien de l’ordre des forces comoriennes est archaïque et fait honte à notre pays à l’ère des avancées technologiques modernes. Il est temps que ça change.
Mohamed Moussa AlComorya




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