En l’absence du parti Juwa, le plus puissant de la capitale, l’élection communale devait s’apparenter à une promenade de santé, pour le ministre de l’intérieur Mohamed Daoudou Kiki. Mais durant cette campagne électorale, la colère autour de sa personne s’est démultipliée. Assiégé dans son bastion, le premier flic des Comores, est devenu la cible directe de toutes les listes rivales.
Celui qui fut il n’y a pas si longtemps un politicien redoutable et redouté faisant la pluie et le beau temps, n’effraie plus grand monde. Ses adversaires n’hésitent plus à l’attaquer frontalement. Sommes-nous au crépuscule de sa carrière, ou est-ce juste un mauvais passage orageux dont-il ressortira renforcé?

Comme on est jamais mieux trahi que par les siens. Ceux qui émettent les critiques les plus acerbes et qui assènent le plus de coups de poignards dans son dos, sont pour la plupart ses anciens compagnons de route.
Au-delà du cadre de ce scrutin, Kiki est une personnalité clivante qui cristallise les haines, aussi bien dans l’opposition que dans la mouvance présidentielle.
Pourtant ce ne fut pas toujours le cas. Lorsque le président Sambi l’a nommé à la direction de la douane, le jeune Kiki était alors l’enfant chéri, le chouchou de la capitale. Généreux bienfaiteur adulé par la jeunesse, n’hésitant jamais à mettre la main à la poche pour soutenir les familles dans le besoin, il s’est taillé une popularité à coups de billets de banque.
Tant que l’argent coulait à flot, il était assuré de l’allégeance de ses troupes regroupées en rangs serrés sous la bannière Orange.
Après avoir perdu son poste à la douane et avoir rompu avec Mouigni Baraka qu’il avait aidé à faire élire gouverneur, l’étoile de kiki commença à pâlir et plusieurs de ses soutiens ont pris la tangente.
De l’ombre au devant de la scène
Sous la présidence Ikililou, il s’était mis en retrait, préférant placer ses hommes aux postes importants, mais lassé de se faire trahir, il décide en 2016 qu’il jouera lui-même le premier rôle, faisant sien l’adage, on est jamais mieux servi que par soi-même.
Il hérite du portefeuille régalien de l’intérieur. Mais comme si la fonction était trop grande pour lui, il n’y a jamais trouvé sa marque.
Jugé cassant et arrogant, il s’attire les sobriquets et les messages haineux. Il enchaîne les frasques. Il gifle un journaliste et menace verbalement une autre. Le phénomène de rejet s’amplifiera avec le virage autoritaire qu’a pris le régime Azali.
Aux premières loges, en tant que ministre chargé de la sécurité, il veille à la mis en œuvre de la basse besogne et la politique répressive du gouvernement. Au pire moment de la crise post électorale, sa phrase « la situation est sous contrôle » est tournée en dérision. Une tâche ingrate qui lui vaudra une dégringolade de sa popularité.
Sa base s’effrite et ses amis le lâchent
Entre-temps, il s’est fâché avec ses soutiens du centre-ville « zikombeni », tel que l’ancien député Abdoulfatah. La rancoeur entre les deux hommes atteint des sommets. Kiki se met à dos également la notabilité de Moroni, allant même jusqu’à bouder son mariage. En d’autres termes il s’est coupé d’une frange importante du Moroni-Asulia, que Kiki juge ne pas être assez loyal envers lui.
En plus d’avoir perdu le centre de la capitale, kiki ne bénéficie plus de soutiens à Moroni Nord. Les législatives l’ont démontré. Malgré le fait qu’il soit celui qui tire les ficelles, le candidat de son parti est éliminé dès le premier tour.
La CRC est entrain d’imposer Abou Saïd, un jeune qui n’a pas peur de tenir tête à Kiki et qui ne s’est pas gêné durant ses meetings de recarder et rappeler au parti Orange que le pouvoir appartient à la CRC avant tout. La suite lui a donné raison puisqu’on dit que le président lui-même a intimé l’ordre au candidat du parti Radhi de se retirer pour permettre à la CRC d’avoir un député dans la capitale.
Assailli de toutes parts, il ne lui reste que Moroni sud. kiki est amer. Il jure qu’il ne pardonnera jamais ceux qui l’ont trahi. Il prévient ses partisans que même assister à un meeting de ses adversaires sera considéré comme une trahison. Plusieurs policiers municipaux ont été suspendus pour avoir participé à des réunions d’autres listes et arboraient des tee-shirts aux couleurs de ses rivaux.
Si la liste de son parti mené par Hassan Mohamed Halidi perd la mairie de Moroni se serait une humiliation personnelle pour lui. Mais surtout il se retrouverait sans rien si, en cas de remaniement ministériel, il n’est pas reconduit à son poste. Mais Mohamed Daoud a plus d’une corde à son arc. Sous Sambi, Ikililou et Azali il a toujours su tirer son épingle du jeu.
Le dernier mot reviendra au palais de Beit Salam. Azali renforcera-t-il le pouvoir de Kiki en lui offrant la mairie de la capitale, ou sera-t-il prudent, en lui ôtant ce pouvoir local, le gardant ainsi dans une situation de dépendance vis à vis de la CRC pour être sur qu’il demeure loyal? L’avenir nous le dira.
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