
Les comoriens ont célébré la fête de l’indépendance dans la ferveur, malgré la crise.
Aujourd’hui, les comoriens se sont rassemblés en grand nombre sur la place de l’indépendance à Moroni, et dans d’autres régions pour célébrer le 47e anniversaire de l’accession à notre souveraineté.
Depuis le soir du lundi 4 juillet, des festivités sont organisées dans la capitale, dont un concert au Palais du Peuple, qui a attiré la foule des grands jours, avec la participation de la légende du twarab Abdou Mhadji et des stars montantes de la chanson comorienne telles que Hairia et Ibou Black.
Fidèle aux paroles de notre hymne, « mahaba ya dini na dunia », après la musique mondaine et profane, le 5 juillet, la célébration a pris une tournure religieuse avec prières et lecture du coran pour implorer la grâce divine en faveur de notre pays.
La nuit a été marquée par le traditionnel Mlalangwe la marche aux flambeaux. A Moroni, la jeunesse est descendue en masse exprimer son amour pour la patrie. Aux cris de « leo ngasi ohatru, kapvasti mna djeshi udjorishangaza » » aujourd’hui, on est chez nous, aucun militaire ne peut nous effrayer »
Le peuple comorien dans un moment d’intelligence collective a montré son patriotisme, en rappelant par ces mots que nos prédécesseurs n’ont pas chassé un régime répressif colonial, pour le remplacer par un pouvoir oppressif local.
Ces jeunes ont fait le distinguo entre l’Etat et le Gouvernement, montrant qu’on peut aimer son pays sans approuver ses dirigeants.
Le drapeau, l’hymne et la fête nationale sont des symboles sacrés qui appartiennent à toute la nation.
C’est ce qu’on compris les comoriens qui ont organisé des festivités à Moheli sur la place de l’indépendance de Fomboni, malgré que les autorités n’aient rien prévu, ce qui est scandaleux.
Idem à Mbeni, qui s’illustre comme la ville la plus patriotique des Comores, la cérémonie qui y a été organisée par les citoyens eux mêmes, a attiré un large public.
Le 6 juillet! Aucune date dans l’histoire des Comores n’est plus importante que celle là, car c’est en ce jour en 1975 que les Pères Fondateurs de la République Comorienne, ont chassé l’administration coloniale, qui depuis 140 ans avait asservit le peuple comorien, faisant d’eux des citoyens de seconde zone sur leurs propres terres.
En proclamant l’indépendance unilatérale, Ahmed Abdallah Abderemane et toute la classe politique de l’époque à l’unisson, ont mis fin à cette parenthèse d’asservissement de nos îles par un peuple étranger.
Beaucoup l’oublient, mais après un siècle et demi de gouvernance coloniale, la situation de l’archipel était lamentable. L’exemple le plus parlant est celui de l’éducation.
En 1975, lorsque nous nous sommes libérés du joug de l’administration coloniale française, le taux de scolarisation aux Comores était de 30 à 35 %. Aujourd’hui sous l’indépendance il dépasse les 90%. A l’époque, seulement 5% des enfants comoriens atteignaient le niveau de la sixième.
En 1975, peu de localités avaient accès au réseau électrique. Les routes étaient quasi inexistantes dans une grande partie du territoire.
Si la situation socioeconomique de notre pays n’est pas reluisante de nos jours, avant l’indépendance les choses étaient bien pires.
Beaucoup font l’erreur de croire que le 6 juillet 1975 était l’aboutissement de la lutte pour l’indépendance. Or cette date n’est pas le point d’achèvement mais plutôt le début pour l’émancipation des Comores dans tous les domaines.
Si les anciens ont acquis l’indépendance politique, il est du devoir de notre génération de conquérir la souveraineté économique, monétaire et alimentaire.
Ne te demande pas ce que l’indépendance a fait pour toi, demande toi ce que tu as fait pour l’indépendance.
Les précurseurs sont appelés Pères Fondateurs car ils ont posé les fondations de notre maison commune.
C’est à nous, leurs héritiers, de poser chacun sa pierre à l’édifice, apporter notre contribution plutôt que de nous lamenter les bras croisés sur le fait que notre maison commune n’est pas achevée.
Aucun enfant digne de ce nom ne détesterait sa mère, parce qu’elle est prise en otage par des personnes malveillantes.
Au contraire, sa situation devrait nous pousser à avoir plus d’amour et de compassion pour celle qui nous a donné la vie et nous a éduqué.
Il en est de même pour la mère patrie. Comprendra qui pourra.
Mohamed Moussa AlComorya
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