
« Le président Azali Assoumani a dit , le Maroc d’abord, après on verra pour les Comores« .
Aussi hallucinant que cela puisse paraître, ce sont là les paroles prononcées par le Ministre des Affaires Étrangères comorien Dhoihir Dhoulkamal, dans le cadre de la première commission mixte Maroc-Union des Comores à Dakhla.
Ces propos ne constituent, ni plus ni moins, qu’une haute trahison et une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation.
Dans tous les pays du monde, nuire aux intérêts nationaux au profit d’une puissance étrangère est un crime, passible de peines allant jusqu’à 15 ans de prison, tandis que dans d’autres cela mérite la peine de mort.
Si nous étions dans un Etat de droit, le Chef de la Diplomatie comorienne aurait déjà présenté sa démission et ses excuses à la nation.
Le gouvernement Azali Assoumani ne peut pas utiliser l’argent des taxes du contribuable comorien, pour se payer des per diem et voyager, pour au final, aller défendre les intérêts autres que ceux du peuple qu’ils sont censés servir.
La tenue d’une commission mixte entre les deux pays et la signature d’ onze accords et conventions de coopération, est une bonne nouvelle.
L’Union des Comores doit entretenir des relations cordiales avec le Royaume Cherifien, mais cela ne doit jamais se faire dans un esprit de soumission, de subordination et de vassalité.
La base d’une diplomatie fructueuse est une coopération mutuellement bénéfique et non pas une situation dans laquelle les intérêts d’un pays sont sacrifiés pour faire avancer ceux d’un autre.
L’affect, l’émotion et l’empathie n’ont pas leur place dans les relations internationales. Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts.
Or si l’on y regarde de plus près, le Maroc, peu importe, la sympathie qu’on lui porte, n’est pas un grand investisseur aux Comores.
Par exemple, alors que l’expansion des banques marocaines comme AttijariWafa bank, est phénoménale en Afrique, aucune ne s’est implantée chez nous. De 2003 à 2017, les entreprises marocaines ont investi 4 milliards de dollars en Afrique. Nous n’avons pas reçu un centime.
Le Royaume ne fait même pas partie des pays qui ont jugé utile d’ouvrir une ambassade sur notre territoire.
En octobre 2016, alors sous Azali, Le Roi du Maroc a effectué une tournée en Afrique de l’Est. Il a visité le Rwanda, la Tanzanie, puis il s’est rendu à Madagascar, ignorant les Comores qui se trouvent pourtant sur la route qui le menait de Dar Es Salam à Tananarive.
Face à cette réalité, le fait qu’il nous offre 250 bourses pour les étudiants ou qu’ Azali Assoumani ait fait ses études au Maroc, n’est pas une raison suffisante pour faire passer ce pays étranger avant le nôtre, malgré l’immense respect et fraternité que l’on voue tous au peuple marocain.
Lorsque l’équipe nationale des Comores affrontait pour la première fois le Maroc, Azali avait déclaré devant la presse qu’il soutiendrait les lions de l’Atlas.
Face au tollé suscité par ces propos, ses soutiens avaient expliqué qu’il s’agissait d’une blague, une boutade. Aujourd’hui, dans un cadre officiel, devant la presse, son ministre confirme bien qu’ Azali Assoumani méprise sa terre natale et lui préfère des pays étrangers.
Le drame est qu’il ne s’agit pas uniquement du Maroc. La diplomatie comorienne actuelle a érigé en doctrine la soumission aux puissances étrangères. Que ça soit la France, ou les pays du Golfe, les intérêts de tous passent avant ceux des Comores sous le régime Azali. Pas étonnant qu’il y ait si peu d’investissements étrangers depuis 2016.
Pourtant, notre pays en sortirait gagnant et grandi s’il adoptait une diplomatie ayant une autonomie stratégique, visant à être un allié, sans être un aligné, dans des partenariats gagnant-gagnant, d’égal à égal.
Mohamed Moussa AlComorya
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