
Le gouverneur de la Banque centrale des Comores, Docteur Younoussa Imani a récemment affiché devant la presse, les nouvelles ambitions de son institution.
Contrairement aux autres autorités, qui nous ont habitués à des discours grandiloquents promettant monts et merveilles, il a dressé un constat lucide de la situation économique du pays.
Il a rappelé que pour atteindre l’émergence, il faudra 7 à 8% de croissance moyenne, alors qu’elle oscille actuellement entre 2 et 3 %. « Le chemin sera dur » reconnaît-il.
Pour atteindre cet objectif de croissance, il prône un soutien indéfectible au secteur privé dans la création de richesses, en facilitant l’obtention de crédit à l’économie.
Le message est simple: « pour émerger, comoriens endettez-vous! ». Le crédit intérieur se situe à 100 milliards fc, or selon lui, pour arriver à 7% de croissance, il faudrait le multiplier par trois pour atteindre 300 milliards de crédit.
Il insiste sur la disponibilité des fonds. Il estime à 30 milliards l’argent qui dort rien qu’à la BCC.
En 2019, l’épargne nationale brute (ENB), c’est-à-dire, la part du revenu national qui n’a pas été consommée, était de 54,7 milliards FC. Un gâchis autant pour les entreprises que pour le secteur bancaire puisqu’ une banque qui ne prête pas est semblable à une boutique qui ne vend pas.
Le souci est que seulement 22% des comoriens ont un compte bancaire or c’est le préalable pour espérer décrocher un crédit. Augmenter l’inclusion financière est donc le projet phare de la Banque Centrale, pour permettre de faire rentrer le maximum de personnes dans le système financier.
Sur les taux d’intérêts exorbitants pratiqués par les banques, il les justifie par le risque élevé de non remboursement. Sur cette question le gouvernement n’ a toujours pas apporté de solution. Pourtant c’est le nœud du problème et des alternatives existent.
Mon humble proposition pour baisser les taux d’intérêts, est qu’il il faudrait pallier le risque pour les établissements de crédit en créant des prêts garantis par l’État.
Le gouvernement peut allouer une certaine somme, pour servir de garantie au cas où une entreprise n’arrive pas à rembourser. Ainsi les institutions financières prêteront plus facilement l’argent qui dort aux entrepreneurs qui en ont besoin et l’économie se sera ainsi dynamisée.
Younoussa Imani souhaite moderniser les systèmes de paiement, diminuer le cash et privilégier le mobile money, les cartes bancaires et les virements. Trois établissements ont déjà reçu le droit de développer la monnaie électronique, Telco avec Mvola, BDC avec Holo et Wari.
Ainsi la BCC espère aussi faire des économies puisque la fabrication de nouveaux billets coûte, chaque année, la bagatelle de 400 millions de francs. Là également, il serait temps de réfléchir à fabriquer nous même notre monnaie et prendre enfin notre souveraineté monétaire.
Le gouverneur de la BCC affirme qu’ils mettent en place les moyens techniques qui vont permettre, par exemple pour un client d’EXIM bank, de pouvoir retirer dans un distributeur automatique de la BIC et uniformiser les terminaux de paiement chez les commerçants.
Il est temps d’accélérer car le secteur privé comorien est à l’agonie et a l’impression de ne pas être une priorité pour le gouvernement.
Mohamed Moussa Al Comorya – Ne pas copier. Toute reproduction interdite –
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