Dans l’affaire de l’assassinat d’Hamada Msaidie, qui s’est déroulé à Ndzauze le 15 mai, un suspect âgé de 27 a été placé en détention provisoire.

Selon le Procureur de la République de Moroni, Mohamed Abdou, le jeune homme aurait avoué le crime dont il est accusé. Il aurait reconnu avoir tué l’éleveur d’ovins et de bovins, en lui fracturant le crâne avec une grosse pierre, avant de se saisir du couteau de sa victime et de l’égorger avec.
Il se serait ensuite baigné en mer non loin de là, pour faire disparaître les traces de sang, avant d’aller à Duniani – Mbude pour soigner ses blessures subies durant la bagarre. Une reconstitution des faits a été organisée. A l’origine du drame, il n’aurait pas supporté que Hamada Msaidie l’accuse d’être le voleur qui subtilise régulièrement des animaux dans son troupeau.
A noter la part importante jouée par la technologie dans les investigations et ce dénouement rapide. En effet, en l’absence de témoins oculaires, les faits s’étant passés en rase campagne, les enquêteurs ont dû faire parler le téléphone de la victime.
En remontant l’historique des appels auprès de l’opérateur téléphonique, ils seraient tombés sur un appel vers un numéro qui ne figurait pas dans le répertoire.
Les hommes de la Brigade de recherches ont pu remonter jusqu’à la personne qui se cachait derrière ce numéro, à Kua-Mbude, en se basant sur les données personnelles détenus par la société de téléphonie et ensuite sur celles de semlex, la société belge spécialisée dans la biométrie et qui produit les passeports et pièces d’identité comoriens.
Il s’avérerait que durant leur altercation verbale, précédant l’assassinat, le jeune homme aurait demandé à l’éleveur de téléphoner à sa femme qui lui confirmera qu’il n’est pas un voleur. C’est ce bref coup de fil de 7 secondes qui aurait permis d’identifier l’homme suspecté d’être l’auteur du crime.
Une information judiciaire a été ouverte, il a été présenté à la juge d’instruction en charge du dossier, le procureur espère un procès rapide, le mois prochain, puisque les faits sont établis selon lui. Il insiste tout de même sur le respect du temps de la procédure.
On ne peut que saluer l’utilisation de moyens modernes pour résoudre rapidement des crimes, mais cela soulève tout de même une autre question, celle de la protection des données personnelles des citoyens.
Au-delà de cette affaire précise, Il devient nécessaire qu’un cadre juridique soit mis en place et que les juristes nous éclairent sur la légalité ou non de l’usage dans le domaine judiciaire des données personnelles récoltées dans un but administratif.
L’utilisation d’outils biométriques dans des procédures criminelles est chose courante dans de nombreux pays, prélèvements d’empreintes digitales et génétiques, par exemple. Mais elle est totalement distincte de l’usage administratif de la biométrie ayant pour but l’identification des ressortissants d’un pays.
Sans législation spécifique à cet égard, nous nous retrouvons devant un mélange des genres qui risquent de mener à des dérives dans d’autres contextes. La protection des données à caractère personnel est un débat qui touche tous les pays du monde.
Mohamed Moussa Al Comorya – Ne pas copier. Toute reproduction interdite –
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