L’opération Wuambushu à Mayotte, couacs en stock | Al Comorya

Photo : Préfecture de Mayotte, opération Wuambushu, 27 avril 2023

(Photo : Préfecture de Mayotte, opération Wuambushu, démolition à koungou le 27 avril 2023)

Cela devait être un grand coup de pied dans la fourmilière, mené tambours battants par un impressionnant dispositif policier, qui devait raser les bidonvilles de Mayotte en détruisant mille habitations et expulsant 10 000 comoriens en situation irrégulière, en deux mois. 

Pourtant, à son quatrième jour, l’opération Wuambushu semble se prendre les pieds dans le tapis et finir en queue de poisson. Le bilan est maigre. Le ministre de l’Intérieur français Gérard Darmanin, doit faire face à une série de couacs. L’Union des Comores a cessé de façon indirecte, sa coopération dans l’accueil des expulsés et le Tribunal Judiciaire de Mamoudzou a suspendu la destruction de logements qui devait avoir lieu à Talus 2 à Majicavo. 

Le corps expéditionnaire venu de toute la France, se retrouve à jouer au chat et à la souris avec des bandes de jeunes qui les affrontent à coups de cailloux. Des échauffourés qui prennent parfois des allures d’intifada tropicale.

Les émeutiers connaissant le terrain, les forces de l’ordre se retrouvent débordées, une dizaine de blessés les deux premiers jours selon « la 1ère ».  Parfois ils se retrouvent dans l’obligation d’user de leurs armes à feu, pour se sortir des embuscades, aucune victime par balle n’est à déplorer pour l’heure mais jusqu’à quand? 

Face à ce sentiment d’impuissance, les élus mahorais ne décolèrent pas. Salime Mderé, Vice-président du conseil départemental appelle à tuer ces jeunes. Un appel au meurtre qui a soulevé un tollé, de nombreux députés français ont condamné ces propos, il s’est par la suite excusé. Suite à cette déclaration, la Vice-présidente du Conseil Départemental de Seine Saint Denis,la franco-comorienne Melissa Youssouf, a saisi le procureur du tribunal de Bobigny.

Quant à Mansour Kamardine c’est à la justice qu’il s’en est pris, accusant les juges de manquer de neutralité. Le syndicat de la magistrature lui a répondu dénonçant une atteinte grave à l’indépendance de la justice.

 Estelle Youssouffa qui bénéfice d’une magnifique couverture médiatique, ne peut s’empêcher dans un réflexe quasi pavlovien, d’enchainer les déclarations hostiles aux Comores et aux Comoriens, glissant au passage quelques mensonges. La députée a expliqué sur TV5 que les autorités comoriennes l’ont menacé de mort et sur les autres plateaux elle affirme que les femmes dont les maisons ont échappé à la destruction, ont crié « mayotte est comorienne » des propos que personne dans l’armada de journalistes qui étaient sur place n’a entendu. 

Pour sa part, le maire Said Omar Oili a tenté d’apaiser les esprits en rappelant que Wuambushu n’est pas l’opération des mahorais mais de tous les habitants de l’île. Il a lancé un appel aux comoriens en situation régulière à soutenir la lutte contre la délinquance et l’habitat insalubre. 

Côté comorien, l’Assemblée nationale a voté une résolution condamnant l’opération Wuambushu.  « l’Assemblée de l’Union des Comores délibérant en session plénière : réaffirme l’appartenance de l’île de Mayotte à l’État souverain de l’Union des Comores et la légitimité des Comoriens venus des autres îles à y habiter« .

L’ancien Ministre des Affaires Etrangères Ibrahim Mzimba a créé la polémique, en affirmant qu’il faut respecter le choix des mahorais. Lors d’un entretien avec Al Comorya, Idrisse Mohamed, ancien président du Comité Maore, lui a répondu que les mahorais n’ont pas choisi mais ont été manipulés, avant de rappeler que ce n’est pas une surprise puisque Mzimba l’ancien Chef de la Diplomatie comorienne sous Taki, fait partie de ceux qui servent la France. Idrisse Mohamed s’interroge sur sa présence dans le Front Commun Élargi, estimant qu’il n’a plus sa place dans les rangs de cette structure de l’Opposition. 


Pour sa part Saïd Larifou se prépare à lancer une opération de parrainages des mineurs isolés à Mayotte, estimant que le volet sécuritaire et répressif ne saurait suffir, le social a un rôle important pour solutionner la problématique de l’insécurité à Mayotte. 

A, Moroni les collectifs de la société civile ne sont toujours pas autorisés à manifester contre Wuambushu. Le gouvernement comorien a une position mi-figue mi-raisin. Il use de subterfuges, pour ne pas froisser Paris, tout en craignant la colère populaire en cas de collaboration. Le président Azali Assoumani ne cesse de dire que la France a octroyé 150 millions aux Comores, pourtant le Canard Enchaîné a révélé que seulement 12 millions ont été donnés depuis 2019. 

L’opération Wuambushu n’en est qu’à ses débuts, il faut se garder de jugement hâtif, il est trop tôt pour parler d’échec ou de réussite.

Mohamed Moussa Alcomorya



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