
Mes chers frères et sœurs, contrairement à ce que vos populistes régurgitent à hue et à dia, les Comores n’ont aucune volonté de déstabiliser Mayotte par l’envoi de flux migratoires. Parlons nous en toute franchise. À part quelques revendications dans les discours, la classe dirigeante comorienne a abandonné depuis belle lurette, le combat pour le retour de Mayotte.
Les gouvernements comoriens incapables d’assurer les besoins basiques de la population des 3 îles savent pertinemment qu’ils ne pourront pas assumer la charge d’une quatrième. C’est pour cela qu’aucune initiative formelle n’a été entreprise auprès d’une quelconque instance internationale depuis des décennies.
Loin de la menace comorienne fantasmée par les esprits chagrins, le flux migratoire que vous subissez est un phénomène naturel qui résulte de la médiocrité des différents gouvernements qui se sont succédés à la tête de notre pays depuis l’indépendance , ainsi que de l’instabilité politique, encouragée par la France via des mercenaires. Ces deux facteurs combinées poussent les couches les plus vulnérables de la population comorienne, principalement des campagnes d’Anjouan à venir chercher une vie meilleure.
Si les Comores voulaient réellement déstabiliser Mayotte, il suffirait de refuser les 20 000 expulsions par an. C’est le contraire qui se passe, en 2019, à titre d’exemple, nous avons accueilli 27 000 expulsés, c’est presque l’équivalent de toute la population de Petite-terre. Est-ce là vraiment le comportement d’un État qui cherche à vous inonder de migrants? Si vous transposez ces chiffres à l’échelle de la France hexagonale, cela équivaut à 6 millions d’expulsions.
Vous rétorquerez à juste tire que ces expulsés reviennent à la première occasion, et vous aurez raison. Mais cela ne fait nullement partie d’un plan machiavélique comorien comme veulent le faire croire les politiciens mahorais partisans de la théorie du complot. C’est tout simplement dû à la difficulté de contenir des migrants souhaitant à tout prix traverser la mer. Si vous n’êtes pas convaincus, jetez un coup d’œil sur ce qu’il se passe dans la Manche ce bras de mer qui sépare La France au Royaume-Uni.
Les autorités britanniques se plaignent que 45 000 migrants illégaux sont arrivés sur le sol anglais en provenance de la côte française en 2022. Si la France avec tous ses moyens technologiques, sécuritaires et financiers n’arrivent pas à stopper le flux de migrants sur son sol, quelle personne douée d’intelligence peut penser qu’un État pauvre comme le nôtre dénué de tout, peut accomplir entre Anjouan et Mayotte, ce que la France échoue à réaliser entre Calais et Douvres?
La France veut-elle déstabiliser l’Angleterre en ne contenant pas ces migrants, alors que les anglais payent des millions au gouvernement français à cet effet?
Mes frères et sœurs de Mayotte, ne vous laissez pas conter fleurette. L’opération Wuambushu ne vise pas à lutter contre l’insécurité ni l’immigration, puisque vous le savez fort bien, les expulsés reviendront.
Notre très cher Mze Younoussa Bamana, ne cessait de le répéter: « reconduire les migrants à Anjouan, c’est comme aller uriner en haut du mont Choungui, ça finira toujours par revenir dans le lagon » disait il dans un sens de la formule qui lui était propre.
Le ministre Gérard Darmanin instrumentalise les malheurs de Mayotte uniquement dans son ambition de conquérir Matignon et plus tard l’Elysee. D’ailleurs la presse française ne manque pas de le souligner, puisque le magazine Marianne de cette semaine livre un article intitulé « La stratégie de l’escalade vers Matignon » au sujet des méthodes musclées employées contre les manifestants. On y apprend que les politiciens français tels que Jean Louis Debré dénoncent le fait que Darmanin utilise son ministère comme un tremplin pour ses ambitions politiques.
Au risque de vous décevoir, Darmanin se sert de Mayotte et des mahorais pour un coup de communication, utilisant mahorais et comoriens comme cobayes pour expérimenter sa politique du tout répressif sans se soucier des répercussions.
La résorption de l’habitat insalubre est une initiative que l’on ne peut qu’applaudir sur le fond mais la forme qu’elle prend est déroutante. Certains l’oublient mais lorsqu’il a fallu donner un logement digne à tous les mahorais qui vivaient dans des cases en paille et en tôle dans les années 80-90, on n’envoya pas des escadrons armés jusqu’aux dents. Le programme de « Case Sim » a permis de supprimer de manière progressive tous les abris de fortune qui recouvraient l’île et offrir un logement social aux habitants. Ce qui a été fait hier, peut être reproduit aujourd’hui. Cela sera efficace mais pas médiatique or le but est de créer un coup de com et tant pis pour les conséquences.
Des opérations coups de poing, nous en avons vu d’autres. Il y a 20 ans, en octobre 2003, à Hamouro, après une intervention de la gendarmerie, les hommes ont fui se cacher, les mahorais ont profité de leur absence pour mettre le feu à plus de 50 maisons d’anjouanais, tabassant au passage leurs femmes sous les yeux des gendarmes français. 20 ans après la commune de Bandrelé est toujours en proie à l’insécurité.
En 2016, des decasages massifs ont été menés. Les mêmes politiciens ont voulu faire croire qu’il s’agissait de clandestins. Pourtant, pour prouver qu’ils étaient en règle ils se sont réunis pour camper Place de la République à Mamoudzou pendant un mois, jusqu’à ce que les autorités trouvent une solution de relogements.
Au final, il s’est avéré que la plupart des enfants mis à la rue dans ces opérations étaient français nés à Mayotte.
Ces enfants qui subissent ces traumatismes, qui ont vu leurs maisons partir en fumée et leurs mères humiliées, ne se sont pas évaporés dans la nature, aujourd’hui ils ont entre 15 et 25 ans et vivent avec ce ressentiment.
Certains d’entre eux, sont ceux-là mêmes qui en compagnie des mineurs isolés, vous agressent et contribuent à l’insécurité, car malgré le fait qu’ils soient nés à Mayotte, vous les avez laissé en marge de la société, rejetant leur appartenance à la terre qui les à vu naître et la seule qu’ils n’aient jamais connu.
Einstein a dit « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. » Si vous souhaitez mettre fin à l’insécurité il serait judicieux de commencer par poser le bon diagnostic.
Il fut un temps où ces jeunes basculaient dans la délinquance pour survivre. En 2016 le Procureur Joël Garrigue disait son étonnement face à ces délinquants qui cherchaient à manger: « De ce que j’ai pu voir à Mayotte, c’est qu’il y a beaucoup de cambriolages dans lesquels les cambrioleurs ouvrent tout, y compris le frigo. Ailleurs, je n’avais jamais vu ça.» Aujourd’hui, en plus de cela, les actes posés par ces jeunes relèvent de la violence gratuite. Que gagne t-il à saccager les pare-brises de voitures stationnant dans un parking?
C’est un cercle vicieux, cette haine qui couve en eux est alimentée par le rejet, les vexations et les discours xénophobes à longueur de journée. Tant que la société mahoraise, ne se réconciliera pas avec cette frange non négligeable d’elle même, l’île au lagon ne connaîtra pas la paix.
La solution est d’intégrer ces jeunes au tissu social, leur faire comprendre que peu importe d’où viennent leurs parents, Mayotte est le bien commun de tous ceux qui y sont nés et qu’ils doivent s’unir pour bâtir une île où il fait bon vivre, dénuée de toute discrimination sur l’origine, qui offre des opportunités à tous ses habitants dans l’égalité et la fraternité.
Le vivre-ensemble est un sujet tabou à Mayotte. Des politiciens locaux entretiennent les flammes des tensions communautaires, plutôt que de créer un environnement propice à la réussite de l’île.
Quant au gouvernement comorien, il serait honteux qu’il accepte de participer à une opération qui ne sert ni les intérêts de Mayotte ni ceux de la France mais uniquement la carrière de Gérard Darmanin. On ne sacrifie pas les intérêts supérieurs d’une nation pour donner un coup de pouce à une campagne de communication d’un politicien étranger.
Comment Azali Assoumani et les ministres pourront collaborer alors que les partis politiques français des Verts jusqu’à LFI en passant par les syndicats comme la CGT ont tous condamnés cette opération.
Y’a t-il un comorien assez traître à sa nation pour soutenir cette déportation que de nombreux français dénoncent? Ayez un peu de dignité et d’amour propre!
Mohamed Moussa Al Comorya
Catégories :Infos & actu, Siasa, Edito & Opinions
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