
Alors qu’une chape de plomb s’est abattue sur l’Union des Comores, sous régime autoritaire du Colonel Azali Assoumani et que dans les rangs clairsemés de l’opposition, beaucoup se terrent, quand ils ne choisissent pas l’exil.
Un groupe de jeunes issus de la diaspora comorienne résidant en France, a décidé de faire le chemin inverse et ramener la lutte pour la démocratie sur le territoire national.
Le mouvement Mabedja compte faire un premier rassemblement à Ikoni le vendredi 27 août avant d’organiser un peu plus tard une grande marche pour la paix aux Comores.
La seule présence de ces militants anti-Azali aux Comores est un symbole fort. Non pas qu’il n’existe pas d’opposants s’exprimant contre le pouvoir à l’intérieur du pays, mais la frange la plus virulente se trouve à l’étranger et n’ose pas venir sur place, si ce n’est en catimini, mettant en sourdine leurs activités politiques le temps de leur séjour dans l’archipel et se consacrant uniquement à leurs vacances.
Le fait que des activistes viennent uniquement dans le but de militer contre Azali Assoumani, qu’ils y arrivent ou pas, c’est déjà un premier verrou psychologique qui saute. Mabedja brise le mur de la peur.
Ce mouvement risque d’être une épine dans le pied du gouvernement. Soit il les laisse manifester pour se targuer d’être une démocratie, en se faisant, ils ouvrent la voie à la multiplication d’autres manifestations de ce genre.
Ou ils l’interdisent et dans ce cas, confirment que la liberté d’expression est bafouée si quelqu’un en doutait encore. La suite des évènements nous le dira.
Quoique des signes avant-coureurs laissent présager que les autorités ne toléreront pas ce rassemblement.
Malgré les propos rassurants du Ministre de l’Intérieur, affirmant que nous sommes en « démocratie » et que Mabedja n’a rien à craindre. Hier, Mardi 24 aout, le préfet du Centre s’est déjà fendu d’une réquisition destinée à la gendarmerie et la police les appelant à « prêter le secours des troupes nécessaire pour empêcher toute manifestation ou rassemblement public non autorisé dans la capitale et sur l’étendue du territoire de la région de Bambao« .
Dans la soirée, un groupe de sympathisants venus écouter Mabedja, en plein cœur de Mitsamihuli ont été dispersés manu militari par la gendarmerie et Karim alias Abilis qui couvre les déplacements de ces activistes via les réseaux sociaux a été arrêté.
Ces jeunes militants ont déjà réussi leur pari avant même d’avoir organisé leur marche pacifique. Leur plus grande victoire est d’avoir brisé le mur de la peur qui paralysait une grande partie de la population comorienne.
L’Union des Comores est le seul pays qui se prétend démocratique mais qui n’autorise jamais de manifestation pacifique contre le gouvernement.
Rappelons qu’Abdallah Agwa a été condamné à quatre an de prison non pas pour avoir manifesté mais pour avoir eu l’intention de le faire. Un exemple qui en dit long sur la situation de liberté d’expression dans le pays.
Vidéo: Entretien avec les jeunes de Mabedja
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