
Des figures de l’opposition, du nombre desquelles, l’ancien Gouverneur de Ngazidja, Mouigni Baraka, l’ancien Ministre de l’Intérieur Mohamed Daoudou Kiki ou encore Ibrahim Abdourazak Razida, accompagnés de dizaines de cadres venus de Moroni et Moheli, ont fait le déplacement sur l’île d’Anjouan pour une tournée de sensibilisation du 19 au 21 septembre 2025.
Ce séjour s’est conclu par la publication de la déclaration de Wani par le Rassemblement de l’Opposition Comorienne (ROC). Les opposants y rejettent catégoriquement le régime du colonel Azali Assoumani et appellent à une transition démocratique « véritable et inclusive », sans le président actuel. Mais cette revendication se heurte à une sensibilité politique largement partagée sur l’île, la défense du principe de la présidence tournante, qui doit revenir à Anjouan en 2029.
Durant le week-end, des altercations verbales ont éclaté à Wani et à Domoni lorsque des anjouanais partisans du pouvoir ont attaqué cette délégation de l’opposition. Dans un communiqué publié le 22 septembre, le Collectif Anjouan 2029, mené par Housni Mohamed Abdou, a condamné avec fermeté ces incidents, dénonçant une violation grave des libertés fondamentales de réunion, d’expression et d’opinion. Le mouvement rappelle que chaque citoyen a le droit de partager son opinion sur la situation du pays, dans le respect de la loi et de l’ordre public, et considère ces entraves comme une dérive antidémocratique menaçant la stabilité nationale.
Si le ROC plaide pour une transition immédiate, l’argument ne fait pas consensus sur l’île. Pour une grande partie de la classe politique anjouanaise, l’objectif central reste la garantie de l’échéance de 2029, qui doit permettre à Anjouan de reprendre la présidence tournante. Le Collectif Anjouan 2029 illustre cette orientation. Au-delà de la dénonciation des atteintes aux libertés, son positionnement demeure que le respect du calendrier institutionnel est non négociable pour éviter toute menace à la cohésion nationale.
Un autre élément alimente les interrogations. C’est l’absence remarquée du parti Juwa lors de cette réunion à Wani. Ce mouvement, historiquement ancré dans l’électorat anjouanais, est considéré comme l’un des piliers de l’opposition. Son silence sur la stratégie du ROC nourrit l’ambiguïté. S’agit-il d’une réserve tactique en faveur de la présidence tournante, ou d’une volonté de se tenir à l’écart de ce nouveau front?
La déclaration du ROC et la réaction du Collectif Anjouan 2029 révèlent une équation politique complexe, d’un côté, une opposition qui tente d’imposer l’idée d’une transition immédiate, de l’autre, une classe politique anjouanaise qui prépare déjà l’échéance de 2029, perçue comme la garantie d’un équilibre institutionnel fragile.
Les jours qui viennent nous diront si ces deux lignes peuvent converger, ou si elles continueront de creuser la fracture au sein de l’opposition alors qu’Azali Assoumani s’apprête à organiser un dialogue national en février 2026 à Fomboni, Moheli.
