Les propos de Saïd Ahamada sur « Mayotte française » provoquent un tollé aux Comores

Les propos tenus par l’ancien Député français d’origine comorienne, Said Ahamada à l’Université des Comores font couler beaucoup d’encre.
Le marseillais avait déclaré que « « Mayotte française, c’est un avantage pour le reste des Comores, si vous l’utilisez de manière très cynique à court terme. »

Houmed Msaidie, conseiller spécial du président, chargé des affaires politiques, a réagi: « L’occupation illégale de Mayotte par la France n’a jamais été un avantage pour la nation comorienne. Elle est plutôt l’une des sources fondamentales de ses malheurs. D’où l’impérieuse nécessité de changer de boussole au lieu de continuer à cultiver la haine. »

La veille, Said Ahamada avait publié une vidéo pour expliquer que ses paroles étaient sorties de leur contexte et qu’il s’exprimait, en dehors du cadre politique et que d’un point de vue purement économique les quatre iles avaient des avantages comparatifs. Ngazidja avec l’aéroport international, Moheli grenier des Comores, Anjouan a des compétences artisanales et techniques et Mayotte a le pouvoir d’achat:
« C’est dans ce sens que je disais que Mayotte était une opportunité pour les autres iles. Parce qu’il y’avait un pouvoir d’achat à Mayotte qui permettait d’acheter ce que produisent les autres îles. » a indiqué l’ancien élu des Bouches du Rhône.

Il affirme que cette polémique aura le mérite de mettre en lumière ce qu’il est en train de mettre en place aux Comores, c’est à dire réunir les forces vives pour des projets concrets. « Le seul objectif qu’est le mien, est de faire en sorte que les Comoriens vivent mieux, le reste ne m’intéresse pas »

Mais ses explications n’ont pas suffit à étouffer la polémique. Le Ministre de l’Éducation Nationale Bacar Mvoulana a publié un communiqué à ce sujet:
« Je tiens à réagir fermement aux propos récemment tenus à l’université des comores par l’ancien député français Saïd Ahamada , laissant entendre que Mayotte, en tant que territoire français, représenterait un avantage ou une opportunité pour le reste des Comores. En tant que ministre de l’Éducation, je dénonce avec la plus grande vigueur cette position qui relève d’une vision cynique et profondément déconnectée de la réalité historique, politique et identitaire de notre nation.

Mayotte est comorienne. Elle l’a toujours été, et elle le restera pour l’éternité. Aucune logique économique, aucune stratégie dite « de coopération » ne saurait justifier ou légitimer l’occupation illégale de ce territoire comorien par une puissance étrangère. Il n’y a pas, et il n’y aura jamais, de prix ni de compromis possible sur la souveraineté comorienne de Mayotte…

La jeunesse comorienne ne doit pas se contenter d’un discours d’abandon ou de résignation. Elle doit être éduquée dans la fierté de son histoire, dans la conscience de ses droits, et dans la certitude que la vérité historique finira par triompher.« 

De son côté l’université exprime ses regrets dans un communiqué:

« Certaines de ses déclarations ont été perçues comme une remise en cause de l’unité nationale, en particulier sur la question de Mayotte.
L’Université des Comores tient à rappeler avec force et clarté sa position constante, en parfaite harmonie avec celle de l’État comorien : l’attachement indéfectible à l’unité et à l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, dont Mayotte est une partie intégrante et indivisible.

En tant qu’institution académique, l’Université des Comores encourage le débat d’idées et la liberté d’expression dans le respect des valeurs d’un Etat de droit, mais elle ne saurait en aucun cas cautionner des propos ou des positions allant à l’encontre des principes fondamentaux de la souveraineté nationale.

Le cycle de conférences lancé hier s’inscrit dans le cadre d’une série d’événements académiques marquant la célébration des 50 ans de l’indépendance nationale des Comores et visant à nourrir la réflexion collective sur le chemin parcouru par notre pays depuis 1975. Il ne s’agit aucunement de servir de tribune à des positions étrangères à celles défendues par le peuple comorien et ses institutions.

L’Université des Comores regrette profondément qu’un certain discours ait pu heurter ou prêter à confusion, et tient à rassurer les autorités ainsi que l’opinion publique nationale sur sa fidélité sans faille aux principes de l’indépendance, de l’unité et de la souveraineté des Comores. »

Dans l’opposition, Kays Soilhi a jugé ces propos scandaleux. Il exige que l’université et Said Ahamada présentent des excuses à la nation comorienne car jamais aucun politicien français ne se serait permis d’aller en Ukraine expliquer à des étudiants que l’occupation russe contient des avantages économiques.

Il rappelle que l’image des Comores est bafouée à longueur de journée dans les médias français mais que l’ancien parlementaire franco-comorien ne s’est jamais exprimé pour défendre les siens.

Pour Mahafidh Eddine du parti Naribarikishe yi Komor, les dirigeants de l’université porte l’entière responsabilité de cet affront fait au peuple comorien sur son territoire.

Pour les proches et amis de Saïd Ahamada ses paroles ont été mal interprétées. Ils insistent sur le fait que l’actuel directeur de LADOM (l’agence des outre-mers pour la mobilité) a toujours été au service des causes de la communauté comorienne en France depuis sa tendre jeunesse et que ceux qui ne connaissent pas son engagement lui font un faux procès.

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