Kays Soilhi: Memoire sélective, propagande et discrimination entre les morts pour la cause Mahoraise

Opinion libre par l’historien Kays Soilihi

L’honnêteté voudrait que de chaque côté de nos deux ngnambo  » les trois îles et Mayotte » chacun de nous, malgré nos divergences sur le différend diplomatique qui nous oppose, œuvre pour la vérité historique. Le courage au service de la vérité historique doit tous nous animé. Mais hélas, depuis des lustres des mensonges et autres approximations sont assénées par nos politiques et le plus triste obligent par moment voire toujours des intellectuels de s’aligner dans la promotion du mensonge au nom de la propagande. Est-ce le rôle et la place de l’historien? Absolument pas.
Alors pourquoi il n’est pas possible de nous retrouver, nous historiens de cet archipel et autres mais spécialistes de cette région pour travailler ensemble au service de la vérité. Est-ce qu’un historien Mahorais est obligé de soutenir la propagande soroda quitte à faire entorse à la déontologie de notre discipline qui n à qu’un seul objectif rétablir la vérité sur la base des preuves?

Est-ce qu’un historien des autres îles des Comores est obligé de fermer les yeux sur les injustices que les Mahorais ont subi de la part de certains autorités politiques Comoriennes devenus plus tard grand propriétaires terriens à Mayotte au point que l’île doit les dédommager pour pouvoir construire un lycée pour ses enfants sur des terrains à Mayotte? Non.
D’un côté comme de l’autre on doit tous faire preuve de maturité intellectuelle et faire preuve d’audace dans le but d’interroger notre passé pour mieux comprendre notre présent difficile.

Je fais partie de la génération née après le déchirement de notre archipel et son cortège de malheurs. Mais depuis, je ne cesse de travailler pour comprendre et j’appelle les passionnés de l’histoire de toutes nos îles de nous retrouver autour d’une association pour réfléchir ensemble notamment sur les sujets clivant au nom de la vérité.

Prenons l’exemple de la mort de Zakia Madi. Autour de cette histoire la seule vérité irréfutable sur ce dossier est la mort de cette comorienne de Mayotte, originaire de Ouagani, morte le 13 octobre 1969 à Mamoudzou. Plusieurs témoignages sont contradictoires. Les causes de sa mort sont divergentes. Est elle la seule personne de Mayotte morte pour la cause de Mayotte Française? La réponse est absolument non. Pourquoi on entend jamais parler de l’autre personne alors que les faits sont réels? L’auteur de son assassinat est connu et condamné par la justice à Mayotte. Pourquoi à Mayotte on a honte de parler de l’autre martyr de la cause ? Est-ce que c’est parce qu’il a été tué par un Mahorais, un ancien élu mahorais, serrez-la-main originaire de Acoua, Said Tombo. Probablement oui. Car évoquer la mort de ce jeune de Mtsangadoua tué par balle par Said Tombo mettra du sable dans le roman du mouvement , surtout quand certains vont découvrir qu’un Mahorais serrez-la-main a tué un jeune soroda, pour sauver sa localité victime d’une expédition punitive de 14 village Sorodas, le tout pour l’ indépendance des Comores. Cela donne vraiment une idée du climat de terreur qui régnait à Mayotte à la veille de la consultation référendaire du 22 décembre 1974.

Pourquoi il est impossible pour nous historiens de l’ archipel de mener ce travail de vérité pour savoir la vérité sur la mort de Zakia Madi. Des acteurs de cette période sont vivants ( Dr Martial Henry , le préfet Abdoulkarim Said Omar de Ouani, le rapport d’autopsie existe etc..

Je fais un appel solennel pour trouver un collègue historien de Mayotte avec lequel on pourra travailler sur ce dossier au nom de la vérité historique.

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