
Al Comorya: la Banque Centrale a poursuivi en justice un de ses employés Nassub Mohamed, quels sont les motifs de la plainte ?
Fahmi Said Ibrahim : il était employé à la BCC et, à ce titre, il a pu obtenir un prêt d’un montant important. La seule garantie de remboursement était son salaire. Ce mécanisme a été mis en place pour aider les employés à faire des investissements personnels. L’employé a démissionné sans fournir de garantie de remboursement, ce qui a conduit la BCC à se sentir flouée et à considérer que sa confiance avait été abusée.
AlC: L’accusé est en garde à vue depuis le jeudi 12 septembre, cela fait 14 jours. N’est-ce pas là un vice de procédure qui nécessite sa libération immédiate ? Cette violation flagrante du cadre légal ne risque-t-elle pas d’être préjudiciable à l’image de la Banque Centrale ?
FSI : vous avez sans doute remarqué que je suis l’avocat de la BCC, qui est partie civile dans cette affaire. À ce titre, il ne m’appartient pas de commenter les actes de procédure posés par le ministère public à la suite de la plainte de la BCC. Cette dernière n’est pas maîtresse de la procédure. La banque est convoquée pour être entendue et expliquer les motifs de sa plainte. Pour le reste, il revient à la justice de se prononcer.
ALC: Selon ses proches, bien avant son arrestation, Nassub Mohamed avait porté plainte contre la BCC pour harcèlement. Y a-t-il un acharnement contre lui ?
FSI: non, absolument pas. Il avait été suspendu avec plusieurs autres employés, puis réintégré. Ce n’est qu’après cela qu’il a choisi de démissionner, sans préciser ce qu’il adviendrait du prêt non remboursé.
ALC : sa famille aurait proposé un règlement à l’amiable par la vente d’un de leurs champs. Quelle est la position de la BCC sur cette proposition ?
FSI: je n’ai pas été informé de cette proposition. Cependant, il n’y a aucune raison que la BCC refuse une telle démarche. La BCC s’est sentie abusée, mais si la famille venait à réparer le préjudice, je suis convaincu que la banque serait parfaitement disposée à l’accepter. D’ailleurs, la plainte a été déposée après plusieurs tentatives de recouvrement. La banque s’est rapprochée de l’ancien employé, mais celui-ci n’a jamais manifesté l’intention de rembourser.
ALC: lors d’une conférence de presse, vous avez reproché aux médias de parler d’ Younoussa Ben Imani, mais les journalistes peuvent-ils parler de la BCC sans parler du gouverneur qui selon l’article 54 des statuts de la BCC « représente la Banque à l’égard des tiers » et « exerce toute action judiciaire et prend toutes les mesures d’exécution ou conservatoires qu’il juge utile » ?
FSI : ce n’est pas tout à fait exact. Bien sûr, les journalistes ont le droit de parler du gouverneur, mais ils n’ont pas le droit de porter des accusations diffamatoires et infondées. C’est pourquoi, lors de la conférence de presse, nous avons expliqué que cette affaire ne concerne pas personnellement Younoussa Ben Imani, contrairement à ce que certains tentent de faire croire. Il a agi en bon père de famille pour protéger les intérêts de l’institution. Au contraire, on aurait pu lui reprocher du laxisme s’il n’avait pas agi pour défendre les intérêts de la banque.
Par ailleurs, à lire et à entendre certains, on pourrait croire que c’est le gouverneur qui mène les enquêtes à la gendarmerie à la place des gendarmes, ce qui est absurde et inacceptable. Le gouverneur a déposé plainte conformément à l’article que vous venez de citer, dans le respect de la loi, pour protéger les intérêts de la banque. La procédure n’a jamais été du ressort de la partie civile. Le gouverneur de la BCC a, pour sa part, scrupuleusement respecté la loi et les règlements de la BCC.
