OPINIONS : Mort mystérieuse de Fanon : le besoin urgent de vérité et de justice

Par Mahafidh Eddine Ibrahim.

La mort tragique de Ahmed Abdou, plus connu sous le nom de Fanou, a secoué les Comores et déclenché une vague d’indignation. Ce jeune homme, impliqué dans une tentative d’attaque contre Azali, a été retrouvé mort dans sa cellule quelques heures après son arrestation. Le procureur de la République a rapidement qualifié cette mort de naturelle, déclarant qu’il n’y avait pas lieu d’ouvrir une enquête. Mais, comme beaucoup de Comoriens l’affirment : tout le monde sait que cette version officielle est fausse.

Une mort suspecte et des versions contradictoires

Depuis l’annonce du décès de Fanou, des rumeurs et des informations non vérifiées circulent à travers le pays. Des témoignages affirment que son corps portait des signes de violences graves, notamment des impacts de balles à la tête et sur le thorax, ainsi que des mutilations. D’autres sources, anonymes, mentionnent qu’il aurait été torturé avant de succomber. Face à cette multiplication de récits, un seul élément est clair : la version officielle ne satisfait pas la soif de vérité des citoyens.

Le procureur, se contentant de déclarer une « mort naturelle », a écarté l’ouverture d’une enquête, plongeant ainsi les Comoriens dans un profond doute. Pourquoi une mort naturelle susciterait-elle autant de questionnements ? Comment une personne en bonne santé apparente, arrêtée quelques heures auparavant, pourrait-elle décéder subitement sans que des explications claires ne soient fournies ? Les zones d’ombre autour de ce décès sont vastes et renforcent l’idée qu’une vérité plus sombre est cachée.

Le moment de présenter des preuves irréfutables

Face à cette situation, il est impératif que ceux qui détiennent des preuves de sévices, persécutions, ou actes de torture sur la personne de Fanou les rendent publiques. Si des photos, vidéos ou témoignages fiables existent, ils doivent être dévoilés à la population comorienne pour que l’opinion publique puisse juger de la gravité des faits. Des images de la victime, aussi choquantes puissent-elles être, sont parfois nécessaires pour établir la vérité. Les âmes sensibles peuvent être heurtées, mais la nécessité de justice et la préservation de la mémoire de Fanou justifient ce partage d’informations.

L’histoire récente des Comores est parsemée de tragédies similaires. Le régime en place a toujours su étouffer les scandales, museler les voix dissidentes et minimiser les abus de pouvoir. Cette mort suspecte, qu’elle soit naturelle ou non, ne doit pas s’inscrire dans cette longue lignée de silences imposés. L’heure est venue de briser ce cycle infernal. Si Fanou a été torturé, mutilé, ou assassiné, il est de la responsabilité des citoyens, des défenseurs des droits humains et de ceux qui possèdent des preuves tangibles, de les partager. Car au-delà de Fanou, c’est la crédibilité de tout un système judiciaire et la dignité humaine qui sont en jeu.

La recherche de la vérité : un devoir moral

Nous ne pouvons plus nous contenter d’entendre parler de la mort atroce de Fanou sans preuves concrètes. Les affirmations selon lesquelles il aurait été abattu, torturé et mutilé doivent être étayées par des éléments indiscutables. Il ne s’agit pas simplement de satisfaire la curiosité morbide des uns ou des autres, mais de poser les bases solides d’une justice future.

Car aujourd’hui, l’enjeu n’est pas seulement de savoir ce qui s’est passé dans la cellule de Fanou. C’est aussi de montrer que les Comores ne sont pas condamnées à l’opacité et à l’impunité. Que les responsables de telles atrocités, s’ils existent, doivent être traduits en justice. Il en va de la crédibilité de ceux qui, depuis des jours, dénoncent avec certitude les traitements inhumains subis par ce jeune homme. Sans preuves, ces dénonciations risquent de perdre de leur impact et de renforcer la version officielle du régime. Mais avec des preuves, ces voix peuvent ébranler les piliers d’un pouvoir qui semble de plus en plus s’appuyer sur la répression.

Justice pour Fanou et les autres victimes du régime

Fanou n’est pas le premier à mourir de manière suspecte sous ce régime, et il ne sera probablement pas le dernier si l’impunité continue de régner. Nous nous souvenons encore de Mbapale, retrouvé mort après une détention militaire, enterré à la hâte sans qu’une enquête approfondie ne soit menée. Des milliers de Comoriens se demandent aujourd’hui si leur vie a encore une valeur aux yeux des autorités. Est-il possible, dans ce climat d’oppression, de réclamer justice pour les victimes ?

La présentation de preuves irréfutables est un premier pas vers cette justice tant attendue. Il est essentiel de documenter chaque détail, chaque souffrance infligée à Fanou. Cela permettra, le moment venu, d’obtenir des poursuites judiciaires contre ceux qui ont été impliqués dans sa mort, que ce soit des acteurs directs ou des complices par leur silence ou leur négligence.

Le pouvoir de l’opinion publique

Rendre ces preuves publiques permettrait également de mobiliser l’opinion internationale. Les Comores ne sont pas seules dans ce combat contre la tyrannie et l’injustice. Des organisations de défense des droits de l’homme, des observateurs internationaux et des gouvernements étrangers pourraient être sensibilisés à la situation. La pression internationale a souvent été un levier efficace pour obliger les régimes autoritaires à rendre des comptes.

En refusant d’enquêter sur la mort de Fanou, les autorités comoriennes espèrent enterrer la vérité avec lui. Mais il appartient maintenant à ceux qui possèdent des preuves de se lever et de parler au nom de la justice et de la dignité humaine. Le silence n’est plus une option. Ce combat pour la vérité est plus grand que Fanou, il concerne chaque Comorien qui aspire à vivre dans un pays où la justice n’est pas un privilège, mais un droit fondamental.

Les Comoriens méritent de savoir ce qui s’est réellement passé, et Fanou mérite que justice soit rendue. La vérité doit éclater, même si elle dérange.

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