Les Comores sont-elles devenues une jungle, sans foi ni loi, où règne l’arbitraire? C’est la question qui nous vient à l’esprit, lorsqu’on apprend le sort réservé à Nassub Mohamed Youssouf, placé en garde à vue depuis jeudi 12 septembre, au mépris de la loi.

Il n’a ni tué, ni violé, pour justifier la mise en place de ces mesures drastiques. Il lui est simplement reproché de ne pas avoir remboursé un prêt bancaire.
Le jeune homme est un employé de la Banque Centrale des Comores. Il est Chargée des opérations bancaire à la Direction de la Caisse et des Opérations Bancaires. Comme tant d’autres dans cette institution financière, il a bénéficié d’un prêt interne de 20 millions de nos francs.
C’est cette somme, qui serait la cause de ses déboires. Nassub Mohamed avait été suspendu par la Banque Centrale après que son nom ait été cité dans de l’affaire de la pyramide de Ponzi de la fameuse Nazra. Après avoir été innocenté et reconduit à son poste, il a préféré démissionné et porté plainte contre la BCC pour harcèlement.
Le Gouverneur de la Banque Centrale, Younoussa Ben Imani, considérerait cette démission comme un abus de confiance et exigerait le remboursement du prêt immédiatement et sans délai possible.
Depuis le jeudi 12 septembre, Nassub Mohamed est donc enfermé en dehors de tout cadre légal. Sa famille se dit prête à vendre un de leurs champs pour rembourser cette dette, mais il semble que ce ne soit pas l’argent qui intéresse les autorités mais la vengeance.
Preuve en est que le père de Nassub Mohamed s’est présenté à la Banque Centrale pour trouver une solution, il a été renvoyé comme un malpropre avec en prime, les insultes de Younoussa Ben Imani. Le Gouverneur de la BCC est un proche du régime Azali, qui se sent de plus en plus intouchable.
Douze jours de garde à vue, dans des conditions déplorables pour un simple prêt de 20 millions. À quoi bon, polir son image, rajeunir son gouvernement, si le régime en place compte poursuivre avec les vieilles méthodes d’un autre temps?
La Banque Centrale était jusqu’à lors, l’une des rares institutions, respectables et respectées du pays. Avec ce genre d’affaire, elle se traîne elle-même dans la boue et se discrédite.
Quel investisseur étranger, osera venir placer son argent dans un pays, où l’Autorité supposée veiller au bon fonctionnement du système bancaire, s’adonne à des méthodes hors la loi et des règlements de comptes dignes d’une mafia?
Nassub Mohamed n’est pas le seul comorien à ne pas avoir remboursé un prêt. Rien ne peut justifier le traitement qu’il lui est réservé. Il n’est pas au dessus des lois, mais il n’est pas non plus en dessous de celles-ci. Sa famille ne demande pas un traitement de faveur mais plutôt le respect des procédures. C’est le minimum que les citoyens sont en droit d’attendre de leurs autorités.
