Opinion libre: Par Mahafidh Eddine Ibrahim.
Lettre ouverte au Ministre de l’Intérieur, Monsieur Fakridine Mradabi.

Monsieur le Ministre,

Depuis plusieurs années, vous occupez le poste de ministre de l’Intérieur, un rôle central et essentiel dans la garantie de la sécurité des citoyens de notre pays. Pourtant, face aux drames successifs qui secouent notre nation, un silence inquiétant et pesant émane de votre ministère. Je m’adresse à vous aujourd’hui non pas pour vous accabler, mais pour vous interpeller sur le rôle que vous êtes censé jouer et sur les responsabilités qui vous incombent.

Il y a quelques mois, un jeune homme a été tué par balle au stade de Maluzini, en plein match, un lieu qui devrait être synonyme de joie, de sport et de rassemblement. Ce drame, d’une violence inouïe, n’a pas été suivi du moindre mot de votre part. Vous êtes censé être le garant de la sécurité des Comoriens, et donc de ce jeune homme. Votre silence a été assourdissant.

Avant cela, une jeune fille mineure a été violée, tuée, et son corps sans vie a été jeté dans un puits, en plein cœur de la capitale. Là encore, aucune prise de parole de votre part, aucun signe de compassion ou d’engagement pour faire en sorte que justice soit rendue. Ses agresseurs, à ce jour, circulent en toute impunité, et la population s’interroge: qui assure leur sécurité si ce n’est vous, Monsieur le Ministre ? La liste des assassinats est longue.

À Kwambani et à Hantsambu, des jeunes ont perdu la vie lors de violentes rixes entre villages. Ces conflits auraient dû être désamorcés par votre intervention, mais ce sont les notables de ces localités qui ont dû assumer votre rôle, appelant au calme et tentant de restaurer l’ordre. Que fait votre ministère, Monsieur le Ministre, si ce n’est rassurer la population et fournir une première réponse à ces drames, en attendant que la justice pourtant défaillante, dans tous les sens du terme prenne le relais ?

Je m’interroge: combien de lois avez-vous proposées à l’Assemblée nationale pour renforcer la sécurité des Comoriens depuis que vous êtes en poste ? Les partis politiques sont muselés, empêchés de se réunir ou de tenir des meetings, malgré les droits que leur confère la loi. Encore une fois, vous gardez le silence.

Il y a quelques jours à peine, le jeune Fanon a été lâchement assassiné après avoir tenté d’agresser le chef de l‘’état Azali Assoumani. Alors qu’il était entre les mains des forces de l’ordre, sa sécurité aurait dû être garantie. Là encore, pas un mot de votre part.

Monsieur le Ministre, quel est votre rôle ? Vous êtes censé incarner la sécurité, le droit et la protection des citoyens. Pourtant, votre silence face à ces tragédies ne fait qu’accroître la peur, la méfiance et le sentiment d’abandon chez nos compatriotes. Le cycle de violence qui gangrène notre pays est alimenté par cette absence de réaction et de prise de responsabilité.

Nous avons besoin d’un ministre de l’Intérieur qui nous rassure, qui prenne la parole pour expliquer, apaiser et proposer des solutions concrètes. Nous avons besoin d’un leadership fort et présent, surtout en ces temps d’insécurité croissante.

Avec tout le respect qui vous est dû, je vous exhorte à sortir de ce silence et à assumer pleinement vos responsabilités envers le peuple comorien. Les familles des victimes, comme l’ensemble des citoyens, méritent des réponses et des actions concrètes.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes salutations distinguées.

IBRAHIM Mahafidh Eddine
Citoyen comorien
Paris, le 20/09/2024