
Alors que l’opposition croyait naïvement à un gouvernement d’ouverture ou même d’union nationale, le Chef de l’Etat a décidé d’opter pour un gouvernement technique, plutôt que politique.
Là où certains analystes voyaient un simple remaniement, on assiste à un véritable coup de balai. Un seul ministre sortant qui garde sa place, il s’agit de Fakridine Mahamoud, au ministère de l’intérieur, un fidèle parmi les fidèles, une pièce maîtresse du système Azali depuis sa prise de pouvoir en 1999.
Il semble qu’Azali Assoumani a voulu miser sur un véritable renouveau technocratique en nommant des haut-fonctionnaires, des cadres et d’anciens directeurs généraux.

Un profil illustre parfaitement cette nouvelle donne, c’est le nouveau Ministre-Premier, Aboubacar Said Anli, ancien directeur général et secrétaire général de la Santé, un Grand Commis d’Etat, il connait sur le bout des doigts les dossiers qui lui sont confiés. Originaire de Moheli, il sert la République depuis plus d’une décennie et ceci peu importe le régime en place. On s’étonne juste qu’il hérite du ministère de l’Énergie, plutôt que celui de la Santé, son domaine de prédilection.

Dans la même lignée d’administrateurs de la haute fonction publique, on retrouve Moustoifa Hassani Mohamed, ancien Chef de centre de Mutsamudu-Port. devenu Directeur Général des Douanes et qui aujourd’hui fini Ministre de l’Economie.
Mais ce qui frappe le plus dans cette nouvelle équipe gouvernementale, c’est l’arrivée de « jeunes » à la tête des postes clés.

Au ministère des Affaires étrangères, on retrouve Mbae Mohamed Chanfiou, originaire de Mnungu dans le Hamahamet. En 2020, lors de la crise du covid-19, ce diplomate était le Chargé d’Affaire de l’Ambassade des Comores en Chine.

Le nouvel argentier de l’Etat est Ibrahim Abdourazak, d’Uziwani dans le Mbadjini, un jeune cadre ayant travaillé au Commissariat général au plan, où il fut directeur général de la planification stratégique, avant de devenir secrétaire général adjoint du Gouvernement. Il hérite d’une lourde charge au ministère des Finances.
Bacar Mvoulana, de la région de Mbude, atterri au Ministère de l’Éducation, c’est un proche de l’ancien ministre Houmed Msaidie.

Au ministère de la Jeunesse, du Travail, des Sports et de la Culture, on retrouve Inayati Sidi de Wani à Anjouan. Diplômée de l’École Normale Supérieure de Tananarive, titulaire d’un Capes d’Eps. Ancienne gloire de la sélection nationale de Basketball des Comores et du club Faigaffe.

Daniel Ali Bandar remplace Houmed Msaidie à l’Agriculture, un ministère qu’il connait bien puisqu’il en était secrétaire général, avant de devenir Directeur de Cabinet du Président et ensuite Secrétaire Général du Gouvernement. Une ascension fulgurante dans la galaxie Azaliste pour l’enfant de Mkazi. Ministre de l’Agriculture semble tout à fait adapté pour lui, qui décroché un doctorat en agronomie.

Il cède le poste de Secrétaire général du Gouvernement, à Nour El Fath Azali. Le fils du président, sera donc le véritable Chef d’orchestre de cette jeune équipe.
Il a réussi à imposer sa ligne, car en interne, le débat était vif entre « anciens et modernes » entre ceux qui estimaient que l’heure n’était pas encore arrivée pour qu’une nouvelle génération tienne les rênes du pays et ceux qui réclamaient un renouveau véritable.

Au poste stratégique de La Défense, Azali Assoumani n’a pas voulu prendre de risque, il reconduit Youssouf Mohamed Ali Belou. Un autre fidèle de longue date, très influent autant au sein du gouvernement que du parti CRC.

L’ancien député Hassani Oumouri est nommé Ministre des Postes et Télécommunications.Le Natif de la région Hamanvu, ancien proche de Mouigni Baraka avait abandonné ce dernier pour rejoindre le camp présidentiel.
Le ministère de la Justice est confié à Said Omar Houmadi.
Andili Lieda au ministère des Transports, Nasssuha Oussene Salim à la Santé, Aboubakar Ben Mahmoud à l’Environnement et au Tourisme.

L’ancienne journaliste de l’ORTC Fatima Ahmada devient ministre de l’Information et la promotion du Genre. Elle assurera également le Porte-parolat du gouvernement.
Si l’on peut accorder aux nouveaux venus un état de grâce et un bénéfice du doute, la véritable erreur de casting de ce gouvernement est Miroidi Aboudou, à l’Amenagement. Le nom de cet ancien Directeur Général de l’ONICOR, est devenu synonyme de pénuries. Sa gestion de cette société d’Etat fut calamiteuse. Sa nomination ne peut être interprété que comme une prime à la médiocrité et la poursuite du copinage.
Ce nouveau gouvernement technocratique sera t-il à la hauteur des enjeux et des défis? Est-ce le début du règne non officiel de Nour El Fath et son équipe? Azali Assoumani a t-il choisi ces profils pour leur technicité ou plutôt car ces jeunes seront plus malléables à souhait? L’avenir nous le dira.
