
Par Mohamed Moussa AlComorya
En octobre 2023, les élus mahorais ont écrit à la ministre des Affaires Étrangères de la France, Catherine Colonna pour lui demander, d’organiser une mission des élus de Mayotte à l’ONU. Cette dernière a répondu favorablement à leur demande.
Ils souhaitent « se rendre aux Nations-unies à la rencontre des acteurs, notamment ceux en charge de la décolonisation, afin d’expliquer notre choix de destin. Les Mahorais considérant que leur territoire est d’ores déjà décolonisé depuis la consultation du 22 décembre 1974 et que cet état a été conforté, à plusieurs reprises, institutionnellement depuis 50 ans. »
Face à cette demande on peut lire en filigrane, l’obsession Onusienne de la Députée Estelle Youssouffa, qui on s’en souvient, était rentrée bredouille d’une escapade new-yorkaise, durant laquelle elle a tout de même visiter les locaux de l’ONU et pris une belle photo devant un billboard affichant la bannière étoilée, ce n’est pas négligeable.
Face à cet échec cuisant, elle a découvert avec désarroi que son statut de simple députée d’une circonscription ultrapériphérique, d’une « puissance moyenne » pour reprendre les termes d’Emmuel Todd pour décrire la France, ne lui ouvrait aucune porte sur la scène internationale, pour pouvoir rivaliser avec les diplomates moheliens, anjouanais et grand-comoriens ayant leus allées et venues, au siège des Nations Unis.
Cet état de fait accentue son aigreur, d’où cette missive adressée au Quai d’Orsay afin que les élus mahorais puissent avoir le sésame leur permettant d’entrer à L’ONU. Elle s’est même incrustée dans la récente visite de Gérald Darmanin à l’ONU.
Cette obsession onusienne de élus mahorais a été accentuée par les propos un tantinet provocateurs, de l’ancien président Sambi qui avait déclaré dans un discours « je défie le Mahorais qui peut se rendre à La Tribune de l’ONU faire un discours comme je l’ai fait. »
Depuis lors, blessés dans leur ego, les élus Mahorais veulent à tout prix se rendre à l’ONU, même s’ils ne s’exprimeront jamais à La Tribune comme le font les Chefs d’Etat comoriens.
Même s’ils sont reçus dans un bureau quelconque l’essentiel c’est d’y aller. Un comportement enfantin.
Car qui peut croire que ces élus Mahorais incapables de faire adhérer Mayotte dans une organisation régionale comme la Commission de l’Ocean Indien ou faire porter le drapeau français à ses athlètes vont pouvoir imposer quoi que ce soit aux Nations-Unis. Ce ne sera qu’un simple voyage touristique aux frais du contribuable.
Sur le fond, cette mission des élus de Mayotte, sera une aubaine pour l’Union des Comores. Depuis le 11 septembre 2005, le régime Azali avait lâchement retiré la question de Mayotte de l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU, pour ne pas froisser la France, qui se faisait condamnée à chaque session par une salve de résolutions. Le ministre des Affaires Étrangères de l’époque était Abdou Soeffou qui était candidat à la présidentielle de janvier 2024.
Voilà que les élus Mahorais novices en géopolitique, veulent remettre la question de Mayotte au cœur des débats de l’ONU. Du pain béni, pour la revendication comorienne, qui peut compter sur un Sud Global vindicatif et de plus en plus décomplexé, pour dénoncer l’occupation illégale de l’île comorienne de Mayotte par la France.
Tous les diplomates français savent qu’ils n’ont aucune chance de gagner à l’ONU c’est pour cela qu’ils privilégient le statut quo. Un des plus illustres diplomates français Gérard Araud ancien représentant permanent de la France aux Nations Unies a dit:
« En conservant Mayotte, en 1978, la France a violé un principe fondamental du droit international, le respect des frontières nées de la décolonisation. Principe énoncé pour éviter une fragmentation de possessions coloniales dont les limites étaient souvent artificielles. »
C’est cet aspect que les élus Mahorais peu familiers avec les relations internationales ont du mal à saisir. La majorité des états membres de l’ONU font face en interne à des mouvements d’autodétermination sur le principe du « droit des peuples à disposer d’eux mêmes » Y compris en Europe.
Comment l’Espagne osera t-elle soutenir la France sur Mayotte, quand elle refuse d’accorder l’indépendance à la Catalogne, malgré que 90% des catalans soit 2 millions de personnes ont voté pour l’indépendance en 2017? Que l’Europe respecte le choix des catalans avant de venir donner des leçons aux Comores sur le choix des Mahorais.
Le droit international est du côté de l’Union des Comores. Malheureusement, le dirigeant comorien actuel Azali Assoumani est du côté de la France et n’a jamais osé défendre les intérêts supérieurs de la nation comorienne. Preuve en est, sa collaboration honteuse dans l’opération Wuambushu.
Mais le locataire de Beit Salam sait que s’il y a bien une ligne rouge sur laquelle tous les comoriens sont d’accord c’est la remise en cause de l’intégrité territoriale de notre pays.
Si les élus Mahorais veulent que la question de Mayotte soit remise à l’ordre du jour de l’ONU, la diplomatie comorienne doit saisir la balle au bond, se montrer offensive, sans concession.
On peut compter sur un Sud Global revigoré, un sentiment anti-français grandissant en Afrique et dans un contexte que les experts en géopolitique définissent comme « the west vs the rest ». Il n’y a pas de meilleur moment pour marquer des points et dénoncer l’hypocrisie des occidentaux en général et de la France en particulier sur l’occupation illégale de l’île comorienne de Mayotte.
Quant à nos frères Mahorais qui souhaitent s’exprimer à La Tribune de l’ONU, je les appelle à s’engager dans la politique comorienne. On l’oublie mais de 1982 à 1990 le chef de la diplomatie comorienne était un Mahorais du nom de Saïd Kafé. Qu’un enfant de Mtsaperé ou de Sada qui rêve de s’exprimer un jour à La Tribune de l’ONU sache qu’il peut le réaliser en y entrant par la grande porte grâce aux Comores, c’est n’est pas une illusion,le cas du ministre des Affaires Étrangères Saïd Kafé en est la preuve. Mahorais! L’Union des Comores vous appartient. Mieux vaut un petit chez soi qu’un grand chez les autres.

