Éditorial : Azali Assoumani, un monarque de droit divin, selon certains ulémas de Beit Salam? Et quelle réponse de l’opposition aux twarabs de la CRC?

Il fut un temps dans certains pays comme la France jusqu’en 1789, l’on considérait que le Roi tirait son autorité directement de Dieu. Pour étayer cette théorie, le clergé s’appuyait sur un verset de la bible qui dit que:
« Que chacun se soumette aux autorités qui nous gouvernent, car toute autorité vient de Dieu, et celles qui existent ont été établies par Dieu. » Romains 13:1
C’est ainsi que durant des siècles, les rois de France ont réussi à asservir les Français en leur faisant croire que se révolter contre la royauté c’est aller contre Dieu.
Changeons d’époque et d’hémisphère, pour revenir au 21eme siècle, dans les îles de la lune. Plus précisément à Mitsudje le vendredi 2 fevrier2024. Ali Hadji, un dignitaire religieux, ancien député, a tenu des propos tentant de justifier la forfaiture électorale du 14 janvier, en expliquant que la présidence d’Azali Assoumani est un acte divin. Comme ses homologues catholiques du passé, il développe son argumentaire, verset du livre sacré à l’appui.
{ô Allah, Maître de l’autorité absolue. Tu donnes l’autorité à qui Tu veux, et Tu arraches l’autorité à qui Tu veux}. Coran 3: 26
C’est donc en se basant pour une interprétation fallacieuse de ce texte coranique que certains Ulémas du pouvoir tentent de nous imposer une monarchie républicaine de droit divin.
Pourtant, dire que toute personne qui détient l’autorité est forcément approuvé par Dieu, c’est tout le contraire de ce que nous enseigne le Coran.
Dieu a autorisé les pharaons d’Egypte de détenir un pouvoir rarement égalé dans l’histoire de l’humanité. Ils ont bâti des monuments qui émerveillent jusqu’à nos jours. Pourtant le nom Firauna est synonyme de dictature, tyrannie et injustice. Heureusement, que certains Ulémas comoriens n’étaient pas vivants à l’époque de Moise et Aaron, car ils auraient accusé ces deux prophètes d’aller contre la volonté de Dieu, car si Firauna est roi c’est parce que Dieu l’a bien voulu.
Fort heureusement, les ulémas de Beit Salam, n’étaient pas vivants à l’époque de notre père Abraham. Ils lui auraient sûrement conseillé d’obéir au roi Nemrod, car s’il est roi, c’est que Dieu l’a bien voulu.
Le peu de science religieuse que nous avons acquis, nous permet de savoir que Dieu ne cautionne pas l’injustice et la tyrannie. Le Coran est rempli d’histoires de rois qui régnaient par la terreur et de peuples opprimés que Dieu a fini par délivrer de la souffrance.
Nous adorons un Dieu qui a transformé le feu du tyran Nemroud en « Burdan wa salama âla Ibrahim »« Paix et fraîcheur sur Abraham ». Il peut transformer les feux de la pauvreté et de l’injustice, que nous subissons, en prospérité et justice sociale, kun fayakun.
Face au dévoiement de notre religion, pour justifier la fraude électorale, le meurtre, la corruption et les arrestations arbitraires, il serait judicieux que les opposants à cet état de fait, organisent de grandes prières sur les places publiques où Azali Assoumani et les siens ont organisé des twarabs. Prendre l’imam Azali à son propre jeu.
Si la CRC peut célébrer librement place Badjanani, au nom de quoi les cinq candidats ne peuvent pas organiser une prière wasilat ou réciter sourate Yasin, sur cette même place pour demander au Dieu qui a libéré Musa et son peuple des griffes de la servitude du Pharaon, de délivrer les Comores de l’autoritarisme et nous accorde la liberté, la démocratie et le progrès social.
Qui pourra expliquer que les twarabs de la CRC sont tolérés mais que les prières pacifiques de l’opposition constituent un troubles à l’ordre public? Si les twarabs n’ont pas été soumis à autorisation préfectorale, les prières de l’opposition n’ont pas à l’être non plus.
Ce pays appartient il qu’à la CRC?
C’est un moyen pour les opposants d’occuper l’espace public. Au lieu de faire des réunions dans des petits villages sans impact, il y a là la possibilité de faire des démonstrations de force de manière pacifique et faire passer le message du rejet massif par la population comorienne de la mascarade électorale du 14 janvier, sur toutes les places publiques où la CRC a organisé un twarab pour narguer les opposants.
Ces temps exceptionnels nécessitent des mesures exceptionnelles et de l’ingéniosité dans la façon de faire de la politique quand les libertés sont restreintes.
Si l’opposition veut réussir ce qu’elle n’a jamais réussi, elle doit agir comme elle a jamais agi.
