Les chancelleries occidentales doutent de la crédibilité des élections 2024 aux Comores

Certaines couleuvres sont plus difficiles à avaler que d’autres. Mais celles des résultats concoctés par le régime Azali via la CENI, nous restent tous au travers de la gorge, que ça soit à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

Les communiqués publiés vendredi 19 janvier, par les représentations diplomatiques de l’Union Européenne et Les Etats-Unis, montrent l’étendu du malaise qui s’est emparé des chancelleries occidentales qui doivent ménager la chèvre et le choux, à la fois dénoncer subtilement les irrégularités et fraudes électorales, tout en maintenant de bonnes relations avec Azali Assoumani.

L’ambassade américaine évoque des « préoccupations sérieuses » et demande  » de la clarté sur les résultats initiaux annoncés, qui indiquaient une disparité dans la participation pour ceux qui votaient pour le président et les gouverneurs, ce qui n’était pas apparent aux observateurs électoraux nationaux et internationaux. »

Le communiqué de la porte-parole de l’Union Européenne parle d’inquiétudes et de préoccupations. « Nous prenons note avec inquiétude des accusations, formulées par l’opposition, de dysfonctionnements, irrégularités et fraudes électorales. A cet égard, l’accréditation sélective et tardive octroyée aux observateurs électoraux est regrettable.

L’UE est particulièrement préoccupée par les informations faisant état de violence post-électorale et d’affrontements entre opposants et forces de sécurité, qui auraient fait au moins un mort et six blessés le 18 janvier. »

Ces deux prises de position sont assez significatives, car à la suite de proclamation de résultats électoraux dans un pays, par pragmatisme, les diplomates se contentent habituellement de prendre acte. Si ce n’est pas le cas ici, c’est parce que la manœuvre est tellement grotesque qu’aucun pays sérieux qui se respecte ne peut fermer les yeux et avaliser une telle mascarade électorale.

Nous avons dénoncé l’amateurisme, la partialité et l’incompétence de la Ceni avant les élections, elle s’est révélée aux yeux du monde entier le 16 janvier.

La balle qui a tué Mouslim Ahamada, est une balle qu’Azali Assoumani s’est tiré dans le pied. Le président en exercice de l’Union Africaine finit son mandat de la pire des manières. Avec ce climat insurrectionnel qui prévaut dans son propre pays, son image et sa réputation sont entachées. En effet, comment prétendre jouer au médiateur et faiseur de paix, crédible dans les zones conflictuelles du continent et du monde, quand les balles sifflent dans les rues de sa capitale?

Si à Moroni, la vie reprend doucement son cours, la contestation ne faiblit pas dans certaines régions. Hier, Vendredi 19 janvier, à Mkazi, une manifestation a été organisée contre Azali et pour la libération de Daoud Halifa, directeur de campagne de Bourhane Hamidou, arrêté depuis le 17 janvier. Des rassemblements contre le régime ont eu lieu à Vuvuni et Nyumadzaha à Ngazidja et Miringoni à Moheli. Ce samedi, une autre manifestation a eu lieu dans la région de Hamahamet dont est originaire, le jeune Mouslim Ahamada.

Des recours ont été déposés à la Cour Suprême. Maitre Mzimba et le candidat Mohamed Daoudou se sont rendus sur place. De son côté, la mouvance présidentielle a également déposé un recours pour que le taux de participation soit redressé de 16% à 60%.

Rappelons qu’Azali Assoumani a remplacé la présidente de la Section Constitutionnelle et Électorale de la Cour Suprême et en a nommé un autre, en plein milieu d’un processus électoral dont il est candidat. Il est à la fois juge et partie. Un joueur a changé l’arbitre en plein milieu du match et on nous demande de prendre au sérieux les décisions qui émanent de ce nouvel arbitre. Décidément, les couleuvres de ce régime sont de plus en plus difficiles à avaler.