Édito « Ce qui compte ce n’est pas le vote, c’est comment on compte les votes. »

Cette citation célèbre on la doit à Staline, l’un des dictateurs le plus redoutable du 20e siècle.
À l’aune des derniers meetings de Juwa et de Bourhane Hamidou à Anjouan, durant lesquelles des foules immenses sont venus soutenir leurs candidats, il est de notre devoir de rappeler quelques vérités amères dans cette euphorie ambiante.
Que personne ne se berce d’illusions, car à la fin comme disait le tyran soviétique:
« Ceux qui votent ne décident rien. Ceux qui les comptent décident tout. »
Or ceux qui comptent les bulletins aux Comores c’est la CENI. Une commission électorale qui n’a d’indépendante que le nom. Elle a pris fait et cause pour le camp Azali Assoumani qui a nommé la quasi totalité de ces membres. Elle est restée aveugle face aux violations du code électoral par les ministres et DG qui ont tenu des réunions politiques CRC dans les sièges des administrations publiques, chose que feu Djaza malgré ses torts osait dénoncer publiquement.
En cas de contentieux électoral, c’est la Cour Suprême qui tranche. Les changements qui y ont été opérés en plein processus électoral ne sont pas de nature à rassurer sur son impartialité.
Les différents candidats ont pris à la légère le volet la sécurisation se laissant embobiner par les promesses d’Azali au sein du cadre de concertation. Au final, ce sont bien les militaires qui sécuriseront les bureaux de vote contrairement à ce qui été convenu pour pousser l’opposition à participer. La gendarmerie a déjà annoncé la couleur en tirant des grenades lors de l’accueil du candidat du parti Juwa à Anjouan.
Le nombre de votants et pour qui ils voteront n’est qu’anecdotique. Personne ne doute que Mouigni aura des électeurs dans la région d’Itsandra. Personne ne remet en cause que Juwa est populaire à Anjouan. Personne n’ignore le coup d’éclat qu’a effectué Bourhane Hamidou à Anjouan grâce au soutien de Nidhoim Houmadi. Personne n’oserait dire qu’Azali est populaire hormis parmi les employés de la fonction publique qui défendent leur gagne pain.
Mais tout cela n’est qu’une tempête dans un verre d’eau, mbio za sakafuni, si au final il n’y a pas de sécurisation. C’est comme vouloir remplir d’eau un Kanga. On dit que « Qui ne tire pas des leçons du passé, est condamné à le revivre »
En 2019, Maitre Mahamoud avait aussi été accueilli par une foule en liesse, mais lorsqu’Azali s’est accaparé de la victoire par la force, tout ce beau monde avait disparu. Il est à craindre que tous ces grands meetings ne servent qu’à légitimer aux yeux du monde une forfaiture électorale.
Paradoxalement, plus il y’a de l’engouement dans les meetings, plus cela servira d’argument à Azali pour dire qu’il y a eu de véritables élections et qu’il a gagné à la loyale.
il est fort à craindre que c’est le scénario de 2019 qui se répète à la seule différence que l’opposition ne sera plus audible quand elle dira qu’Azali a fraudé car elle a apporté un semblant de légitimité à cette mascarade.
J’espère de tout cœur avoir tort sur toute la ligne et que le 14 janvier 2024, on puisse me reprocher de m’être lourdement trompé, mais pour l’instant « Dalili ya nvua nde mayingu » les nuages sombres de cette période de kashkazi et tous les signes politiques annoncent malheureusement le cyclone « Gwa Ndzima » s’approche des côtes comoriennes. L’opposition a t-elle le temps et surtout la volonté de bâtir des digues pour protéger ses fiefs des vagues de fraudes électorales? Mdjizi wa ndrogoo nde udjuo mwiso.
