Comores: Limogeage de la Présidente de la Section Constitutionnelle et Electorale de la Cour Suprême à quelques jours des élections

✍🏽 Par Mohamed Moussa AlComorya

Dans quelle démocratie, dans quel État de Droit, dans quel pays qui se respecte, peut-on se permettre de limoger la Présidente de la Section Constitutionnelle et Electorale de la Cour Suprême à deux semaines d’une élection présidentielle? On ne voit cela que dans les républiques bananières.

S’il vous fallait une preuve que cette élection n’est qu’une supercherie, en voilà une autre. Le régime d’Azali Assoumani ne se donne même pas la peine de faire semblant qu’il y’a processus électoral libre.

Chacune de ses décisions nous confirment un peu plus qu’il n’a nullement l’intention de jouer le jeu démocratique.
En mai 2023, le camp Azali a nommé la quasi-totalité des membres de la CENI. En août à quelques mois de l’élection présidentielle, le Chef de L’Etat a pris le soin de faire le ménage dans l’armée, placer ses hommes de confiance et nommer son fils Loukmane, Commandant de la Gendarmerie de Ngazidja. Son propre fils! Ça ne s’invente pas.

À quelques jours de l’élection, voilà qu’il se débarrasse de la présidente de la Cour Suprême Harimia Ahmed et nomme Rafiki Mohamed à sa place. Ce changement intervient quelques jours après que cette même Cour Suprême ai rendu des décisions qui la discréditent aux yeux de l’opinion publique.

Entre le rejet du candidat Juwa à Anjouan, pour une condamnation qui n’existe pas. L’invalidation de la candidature de Chayhane pour des motifs farfelus et pour couronner le tout elle a donné l’autorisation à Azali de ne pas prendre de congé, malgré que la constitution de 2018 et la loi électorale du 2 mars 2023 exige qu’il prenne congé.

Sur ce point, tout Beit Salam, de Hamada Madi Bolero en passant par Mohamed Issmaila et les juristes de mouvance présidentielle sont montés au créneau dans les médias pour affirmer que ni la loi ni la constitution n’exige qu’Azali prenne congé.

C’est la preuve que l’on prend le peuple comorien pour des idiots. Voici ce qu’on pouvait lire sur un communiqué de Beit Salam datant de 2019:

«Conformément aux dispositions constitutionnelles, le Président de la République Azali Assoumani, prend congé, ce mercredi 13 février, pour participer aux prochaines élections présidentielles de mars et avril 2019. C’est le Ministre Premier, Monsieur Moustadroine Abdou qui assumera la suppléance du Chef de l’Etat. »

Si rien n’oblige Azali à prendre congé, pourquoi l’a t-il fait lors des élections de 2019, en se conformant aux dispositions de la constitution de 2018? Pourquoi a-t-il nommé Moustadroine à sa place? Était ce pour le plaisir?

Azali a mis en coupe réglé, l’armée, la CENI, la Cour Suprême, l’Assemblée nationale et les communes. Aucun contrepouvoir n’a été épargné. Un grand politicien anglais Lord Acton a dit « le pouvoir tend à corrompre et le pouvoir absolu corrompt absolument. »

Cette concentration extrême de tous les pouvoirs entre les mains d’un seul homme fait que nous assistons à une forfaiture électorale qui s’assume comme telle, puisqu’elle n’a rien à craindre de personne.

On se permet même de changer le juge electoral à la vielle des élections. L’équipe adverse vire l’arbitre juste avant le match et en désigne un autre de son choix. Qui dira non?

Quelle sera la réaction des candidats figurants venus légitimer cette mascarade qui fait honte à notre pays? S’ils avaient la moindre dignité ils se retireraient et économiseraient leur argent et leur énergie. Mais ils n’en feront rien car pour la plupart ils ne sont pas là pour gagner, ils savent que c’est impossible. Ils ne participent que pour jouer le rôle qui leur a été attribué dans cette pièce de théâtre digne de la commedia dell’arte.

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