Sonelec: 13 millards pour des moteurs et toujours pas d’électricité stable – Al Comorya


Depuis quelques jours, votre média Al Comorya, vous propose une série d’articles consacrés à la manière dont le gouvernement comorien utilise l’argent du peuple, les deniers publics.
L’objectif est simple, il s’agit renforcer la culture de la transparence et inciter les citoyens comoriens à exiger des comptes à ceux qui nous gouvernent.

Après avoir évoqué les coûts liés aux nombreux déplacements du président de la République et ses ministres à l’étranger, nous avons traité l’explosion de la dette publique entre 2017 et 2022. Aujourd’hui nous nous intéressons aux millards dépensés en vain, à la Sonelec ces dernières années, pour venir à bout de la crise de l’électricité, sans succès.

Le dimanche 5 février 2017, huit mois seulement après son arrivée au pouvoir, Azali Assoumani inaugura une centrale qui devait alimenter en électricité toute l’île de Ngazidja 24h sur 24. D’autres moteurs ont été acheminés à Anjouan et Moheli. Pour acquérir ces groupes électrogènes, le gouvernement avait déboursé 7 milliards KMF (14 millions d’euros).

L’espoir était de retour, les comoriens se sont mis à espérer voir la lumière au bout du tunnel. On a très vite déchanté, à peine un an après, les coupures d’électricité étaient de retour.

Le 5 mars 2019, il y avait de l’effervescence au port de Moroni. On y débarquait sept groupes électrogènes, achetés grâce à un financement de 4 milliards kmf (8millions €) du Fond Abu Dhabi. Malgré cela, la Sonelec n’est pas sortie de la crise. La même année, il a fallu encore acheté deux groupes électrogènes d’une puissance de 1.6 mégawatt chacun et qui sont arrivés le 16 novembre 2019.

Le calvaire n’est toujours pas fini. Comme un éternel recommencement, peu de temps après, il faut de nouveau commander des moteurs, encore des moteurs, toujours des moteurs. Au mois de mars 2021 la Sonelec reçoit trois groupes électrogènes neufs et un reconditionné pour 1,6 milliards kmf (3,2 millions €).

Mais, ce n’est pas tout. En Octobre 2022, la société parle de l’achat de trois groupes de 2 mégawatts chacun, deux destinés à la centrale de Vwadju à Ngazidja et un pour celle de Trenani à Anjouan, ainsi que six radiateurs, tout cela pour 3,144 millions €.

Si l’on additionne uniquement les montants pour les groupes électrogènes que nous avons mentionnés dans cet article, cela fait plus de 13 milliards kmf soit 28 millions € dépensés pour qu’au final, en 2023, le pays soit toujours au même point qu’en 2016, avec des délestages et des coupures d’électricité.

Sans parler des centaines de millions pour l’achat de compteurs à carte et les véhicules de services.

Einstein a dit la folie c’est de toujours se comporter de la même manière et espérer un résultat différent. On aura beau acheter tous les moteurs du monde, on pourra inaugurer toutes les centrales possibles et imaginables, le problème ne sera pas résolu tant qu’une réforme structurelle douloureuse ne sera pas appliquée à la Sonelec.

Il faut cesser avec cette pudeur de gazelle qui nous empêche d’affirmer très clairement que les techniciens de cette société ne sont pas à la hauteur. Certains ont été recrutés depuis l’époque où la maison s’appelait EEDC, dans les années 80, sans la formation adéquate. Ceux qui sont bardés de diplômes ne nous ont pas prouvé leur savoir-faire sinon les moteurs ne tomberaient pas en désuétude aussi rapidement.

Il vaut mieux recruter 10 techniciens étrangers et fournir de l’électricité 24 heures sur 24 au pays tout entier, plutôt que d’employer 100 comoriens et rester dans le noir malgré les milliards investis.

Le Directeur actuel Soilihi Mohamed Djounaid ne pourra pas nier l’incompétence de son personnel, et le sien au passage, puisqu’il a effectué une visite au Maroc pour établir un partenariat et chercher une assistance technique du Royaume Chérifien.

Le dossier de l’électricité restera un des points noirs du bilan d’Azali Assoumani. C’est une honte qu’après 7 ans au pouvoir, il a été incapable d’assurer une fourniture d’électricité permanente ne serait-ce que dans la capitale Moroni et les chef-lieux Mutsamudu et Fomboni.
13 milliards plus tard l’Union des Comores broie du noir au sens propre comme au figuré.

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