Comment la dette publique a explosé sous Azali.

Le bulletin statistique de la dette datant de juin 2022 et publié par la Banque Centrale des Comores dévoile le niveau d’endettement du pays:
« La dette totale publique au 30 juin 2022 se chiffre à 189,3 milliards KMF, soit environ 403 millions USD. Elle est constituée de 160 milliards KMF (340 millions USD) au titre de la dette extérieure, de 3 milliards KMF (6 millions USD) au titre de la dette intérieure et de 26,2 milliards KMF (56 millions USD) au titre des instruments de trésorerie. Le taux d’endettement public en pourcentage du PIB est de 33,6% en juin 2022 »
Mais ce que ne dit pas ce bulletin, c’est que 189 milliards kmf de dette publique, c’est une somme colossale quand on sait qu’en 2017, soit cinq ans en arrière la dette n’était que de 90 milliards kmf. C’est une augmentation de 100 milliards.
Le phénomène a débuté en 2017-2018. La dette a explosé pour s’établir à 124 milliards fin 2019. Rien que de 2018 à 2019 on constate une hausse impressionnante de 25,2%.
Cette tendance alarmante avait attiré l’attention du FMI. Dans son rapport datant du 25 Mai 2018, l’institution financière s’inquiétait déjà sur cette dérive:
« Les Comores disposent d’une stratégie nationale d’endettement, élaborée au lendemain de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE. Malheureusement, le Gouvernement ne suit toujours pas avec rigueur les procédures et recommandations prescrites par cette stratégie. » Peut-on y lire.
Les experts déploraient le fait que le pouvoir actuel contracte des dettes extérieures non concessionnelles. Or le FMI recommande aux pays à faible revenu de ne recourir qu’aux dettes concessionnelles pour limiter les risques de surendettement.
Petit retour en arrière. Le 20 décembre 2012, l’Union des Comores atteignait le Point d’achèvement de l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés). Le 28 février 2013 les pays créanciers du Club de Paris, annulaient la dette du pays.
Les Comores n’étaient plus asphyxiées par le poids de la dette. L’Etat Comorien pouvait de nouveau emprunter de l’argent. Les présidences d’Ahmed Abdallah Sambi et Ikililou Dhoinine, malgré tout ce qu’on peut leur reprocher avaient réussi à imposer une orthodoxie financière relative à la dette.
Quand le gouvernement Azali arrive au pouvoir, tous les voyants sont aux verts en ce qui concerne la dette publique. Depuis en ayant recours à un endettement irresponsable, il a réduit à néant tous les efforts et sacrifices faits pour soulager notre nation.
Le régime s’est depuis lors lancé dans une course effrénée et accumule les dettes oubliant qu’il faudra les rembourser. 25 millions dollars auprès de la banque TDB pour la construction de l’hôpital El maarouf, 64 millions d’euros Exim bank China pour un projet de telecommunication, un emprunt auprès du Fond Saoudien pour la route Mutsamudu- Sima.. la liste est longue. Tout ceci sans une vision à long terme sur comment allons nous rembourser ses milliards de francs.
Si ailleurs le leitmotiv est « gouverner c’est prévoir » Chez nous le mot d’ordre semble être « après moi le déluge. »
100 milliards de dettes de plus, alors que les sociétés d’état sont au plus mal, on se demande si le pays ne se dirige pas vers une crise économique et financière majeure dans les années qui viennent.
Un proverbe comorien dit qu’emprunter de l’argent est doux comme une nuit de noce, mais le rembourser est amer comme un deuil.
