Ils se nomment Forum des Partenaires au Développement et ils s’apprêtent une fois de plus à devenir le Forum des Partenaires à la Mascarade électorale.

Le Ministre de l’Intérieur chargé de l’organisation des élections, accompagné de son homologue des Affaires étrangères, ont rencontré les représentants de la communauté internationale aux Comores pour faire le point sur l’organisation des élections, lors d’une réunion, mardi 12 septembre 2023.
Le gouvernement tente d’obtenir des financements pour boucler le budget estimé à 1,7 milliards soit quasiment à la virgule près, le montant avancé pour les élections de 2019. Pourtant on annonce 31 000 électeurs de plus lors du récent toilettage des listes électorales, il y aura donc à peu près une centaine de bureaux de vote supplémentaires par rapport au scrutin de 2019, mais un budget quasiment similaire.
Soit le montant des précédentes élections était surévalué, soit celui de 2024 est sous-évalué. La logique voudrait que si le corps électoral augmente de 10% les besoins financiers suivent une tendance similaire. Mais nous ne sommes pas à une anomalie près.
Le plus consternant est que certains pays qui se veulent les chantres de la démocratie, comme les Etats-Unis ont déjà annoncé qu’ils financeraient à hauteur de 600 000 dollars ce processus électoral controversé et boycotté par les principales forces politiques du pays.
La communauté internationale a une lourde responsabilité dans le déficit démocratique dont souffrent les Comores. En fermant les yeux lorsque la démocratie est bafouée, l’occident perd toute crédibilité aux yeux de l’opinion publique africaine et devient risible lorsque elle appelle à soutenir le camp de la démocratie, contre les « vilaines dictatures » comme la Russie et la Chine.
Mais le summum de l’hypocrisie est que nos partenaires se permettent de financer les élections, mais lorsque des candidats lésés font appel à eux, ils refusent d’intervenir au nom du principe de non ingérence dans les affaires intérieures des Comores.
En prenant part à toutes les étapes d’un processus électoral contesté, en y apportant des ressources financières, vous faites déjà de l’ingérence. Lorsque tout va à vau-l’eau et qu’une crise post-électorale se déclenche, vous ne pourrez pas vous cacher derrière votre petit doigt et dire que vous ne pouvez pas vous immiscer dans les affaires internes.
Vous faites partie du problème et non de la solution, lorsque vous apportez votre soutien à l’usurpation de l’exercice de la souveraineté populaire.
Il serait opportun d’exiger qu’ Azali Assoumani organise ses parodies d’élections sur fonds propres. Après tout, il a bien financé lui-même, son coup d’État institutionnel entamé en 2018. Les assises nationales ont coûté 680 millions de francs. Le budget du référendum s’élèvait à 745 millions fr, tandis que celui des élections anticipées de 2019 se chiffrait à 1,75 milliard fr.
Après tant de dépenses inutiles, qui auraient pu servir au développement, à payer les retraités ou les professeurs d’Université, le gouvernement souhaite vous faire payer la facture de cette énième mascarade.
Aux dernières législatives, tous les gagnants étaient de la mouvance présidentielle. Pas un seul député qui ne soit pas Azaliste. Ils n’ont même pas pris la peine de donner un semblant de démocratie. Une Assemblée nationale unicolore comme au bon vieux temps des partis uniques.
Est-ce ce genre d’élections que vous souhaitez financer et accompagner? Que la France, L’Union Européenne et tous ceux qui se targuent d’être des démocraties, sachent que les comoriens ne sont pas des sous hommes, auxquels il faudrait appliquer des standards démocratiques en deçà de ce que l’on exigerait dans un bureau de vote à Paris, Bruxelles ou Washington.
Si vous avez de l’argent à dépenser chez nous, investissez le dans les centrales solaires, la santé et l’éducation, et non dans une mascarade électorale dont l’opprobre retombera sur vous.
