Elections 2024: pour qui roule Ibrahim Ali Mzimba? – Al Comorya

« J’aimerais être ami avec Azali, même si je ne partage pas ses idées, je serais ravi d’être l’ami du Président, mais malheureusement je ne le suis pas. Si je l’étais j’aurais assumé, tout comme j’assume d’avoir des amis dans le gouvernement actuel.» Tel est en substance, la teneur des propos exprimés par Maître Ibrahim Ali Mzimba, lorsqu’il fut interrogé durant sa conférence de presse de ce lundi 11 septembre, sur les accusations dont il fait l’objet, d’être un agent infiltré d’Azali Assoumani dans le Front Commun.

«Je suis un des rares dans le Front Commun qui n’ai jamais travaillé avec Azali » Se defend, celui qui appelle l’opposition à participer aux élections de 2024.

Maître Mzimba a avancé ses arguments avec éloquence, appelant ses collègues du Front Commun à prendre part aux échéances électorales car la communauté internationale a promis d’être vigilante quant au déroulement de ce scrutin.

Cette posture est bien étrange pour qui se souvient des déclarations de cette même communauté internationale lors de la crise post électorale de 2019. Elle s’était abstenue de condamner les fraudes électorales massives et a reconnu Azali comme Président au nom du principe de non ingérence dans les affaires intérieures des Comores.

Comment l’opposition peut-elle faire confiance de nouveau, à cette communauté internationale, alors même qu’elle se prépare à financer ces élections, après avoir vu aux dernières législatives que tous les députés élus sont dans le camp d’Azali? Nos partenaires internationaux sont complices du régime autoritaire qui règne dans notre pays.

L’avocat politicien cite son propre exemple pour tenter de convaincre: « J’étais candidat aux législatives de 2009 contre Mhoumadi Sidi, qui était le ministre chargé des élections, pourtant je l’ai battu. » Affirme le ténor du barreau de Moroni.

Ce qu’il oublie de rappeler c’est qu’à cette époque, il y a 15 ans, il existait une Cour Constitutionnelle qui fonctionnait tant bien que mal. S’il a pu accédé au second tour c’est grâce à cette Cour qui avait rejeté la requête du Ministre de l’intérieur, Mhoumadi Sidi qui demandait l’annulation des votes de Panda.

Oui, il fut un temps aux Comores, où la Cour Constitutionnelle donnait tort au premier flic du pays et donnait raison à un opposant. Ce temps est révolu. Depuis qu’Azali Assoumani a supprimé la Cour Constitutionnelle pour la remplacer par la Cour Suprême, il n’y a eu quasiment aucune décision émanant de cette Cour en défaveur du gouvernement.

Le débat qui règne au sein de l’opposition entre ceux qui veulent participer et ceux qui appellent au boycott, est salutaire, c’est un signe d’une vitalité démocratique dans l’opposition qui contraste avec la pensée unique qui règne dans la mouvance présidentielle où les divergences ne sont pas tolérées.

La position de Maître Mzimba est respectable. Il est un homme d’Etat et un entrepreneur qui a une si grande expérience qu’ il serait idiot de rejeter d’un revers de la main son avis. Mais même si en bon démocrate, il promet de se soumettre à la position majoritaire dans le Front Commun, il n’en demeure pas moins de nombreux zones d’ombres sur son rôle.

L’opposition peut-elle encore avoir confiance en lui, après les révélations faites sur sa participation à des négociations avec le président des parlements Arabes, afin de reconnaître Azali Assoumani en échange d’un remboursement des frais de campagnes, des candidats à la présidentielle 2019?

Ce qui est le plus incompréhensible de la part de ceux qui prônent la participation aux élections, c’est qu’ils aient attendu que la CENI soient désignée sans eux, pour ensuite exprimé leur désir d’y aller. Al ana? Après avoir laissé Azali composer la CENI à sa guise? Après avoir laissé la CRC seule mobiliser ses troupes à s’inscrire sur les listes durant le recensement électoral?

Une présidentielle ne se prépare pas en quelques mois, elle se prépare en amont, des années à l’avance. Vouloir participer alors que « les jeux sont faits, rien ne va plus » cela revient à aider Azali à rafler la mise, avec en suppléant une légitimité, dont il pourra se targuer sur la scène internationale.