Une vingtaine de blessés graves, dont la plupart par balles tirées par les forces de l’ordre. Neuf maisons incendiées dont le siège de la Brigade de Gendarmerie, trois véhicules brulés. Tel est le bilan provisoire des échauffourées qui ont émaillé l’après-midi du mercredi 12 octobre 2022 à Mbeni, chef-lieu de la région de Hamahamet sur l’île de Ngazidja.
Ce matin, les routes d’accès à la localité étaient toutes barrées. Les habitants que nous avons pu joindre par téléphone, parlent d’une ville en état de choc, qui panse ses plaies.
Les événements de la veille risquent d’ accentuer les divisions au sein même de la cité. Car en guise de représailles, une foule enragée, souvent composée de personnes ayant un membre de leur famille à l’hôpital, a mis le feu à des maisons et des véhicules appartenant à des dignitaires du régime, telle que le Ministre des Finances Mze Abdou Chanfiou ou des Ulamas accusés d’être responsable de la situation.
À l’origine de ce carnage, une banale histoire de désaccord sur l’horaire de la célébration du Mawlid.
Mbeni, depuis des lustres organise cette cérémonie dans l’après-midi. Mais cette année, un arrêté ministériel signé par l’argentier Mze Abdou tenant l’intérim du ministre des affaires islamiques, a interdit les mawlid avant 19 heures sauf les week-ends.
Certains affirment que la véritable pomme de discorde est que les partisans du régime voulaient que le mawlid se tienne le soir pour pouvoir accueillir Azali, qui se fait une joie de fanfaronner dans les bastions de l’opposition telle que Ntsudjini, Mkazi ou Mbeni en dépit des manifestations hostiles à son égard.
Le procureur de la république de Moroni, Mohamed Djounaid, s’est exprimé devant la presse ce jeudi après-midi, accompagné du commandant de la Gendarmerie Ramadhoine Mdahoma.
« Les jeunes de Mbeni ont opposé une resis auw agents de la force publique et leur ont jeté des projectiles. Ils étaient contraints d’utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. »
Concernant les dégâts commis il a indiqué que « Une enquête est en cours pour rechercher et identifier les auteurs de ces actes de vandalisme, leur cas sera traité avec une sévérité particulière. »
il est regrettable qu’il n’ait pas eu un seul mot de compassion pour les blessés. Comme si les biens endommagés étaient plus précieux que la vie de ces personnes hospitalisées.
Pas un mot non plus sur les tirs. Pourtant plusieurs balles ont été ramassées par terre mais nous n’avons pas pu encore déterminer s’il s’agit de balles réelles ou en caoutchouc. Quoiqu’il en soit, les blessures, elles sont bien réelles.
L’hôpital de Mbeni était débordé par l’afflux de blessés qui ne cessaient d’arriver. Certains cas nécessitaient d’être évacués vers Moroni.
L’usage disproportionné de la force pour un motif aussi futile, illustre à quel point est inadapté la doctrine de maintien de l’ordre des forces de sécurité comoriennes.
L’opposition a multiplié les condamnations de l’intervention musclée à Mbeni. Said Larifou a exprimé son soutien à la ville et aux victimes, expliquant que rien ne peut justifier cette répression.
Pour le porte-parole de l’Union de l’Opposition Abdourazak Razida, les autorités ciblaient délibérément Mbeni, car c’est la seule localité qui organise son mawlid l’après-midi. Il parle de provocation inacceptable, rappelant que l’armée a organisé son mawlid le 26 septembre dans l’après-midi. Ce qui démontre le deux poids deux mesures du gouvernement, selon ses dires.
Ce drame intervient alors que le MAEP, mécanisme africain d’évaluation par les pairs, à été reçu en grande pompe à Moroni le mardi 11 octobre et l’un des membres Ousmane Mamadou Diallo affirmait sans même avoir rencontré l’opposition que la paix et la sécurité régnaient dans ce pays.
Azali Assoumani et son ministre des Affaires Étrangères Dhoulkamal sont allés jusqu’à affirmer que les Comores ont des leçons à donner aux autres nations du continent en matière de sécurité.
Prendre une balle dans la tête pour avoir voulu célébrer une fête religieuse à 15 heures au lieu de 19 heures, est-ce réellement là la définition d’un pays où règne la paix et la sécurité?
Mohamed Moussa AlComorya
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