Mze Abdou Chanfiou, un technocrate face à la crise | Al Comorya

Spirale Inflationniste, pénuries, gabegie financière, doublée d’une conjoncture mondiale défavorable, l’Union des Comores fait face à des temps difficiles. 

Un homme en particulier est dans l’œil du cyclone. Il a la tâche titanesque de remettre de l’ordre dans les finances publiques.

Doté d’un flegme imperturbable en public, le Ministre des Finances, Mze Abdou Mohamed Chanfiou, tente tant bien que mal de résoudre une équation à multiples inconnues.  

Hausse du prix des produits pétroliers, fixation du prix du riz, accord de financement de 25 millions de dollars avec la Banque Mondiale, convention avec l’industrie de la Boulangerie pour le blocage du prix du pain, déplacement à Genève pour la signature de l’accord bilatérale avec les Etats-Unis, signature de l’avenant de la convention avec Moroni Terminal pour le port, l’Argentier est au four et au moulin depuis mai 2022 qu’il a pris ses fonctions. 

Avec son homologue de l’Economie Ahmed Bazi et le Conseiller du Président Nour El Fath, ils forment un trio omniprésent qui a pour objectif de juguler la crise qui frappe de plein fouet l’archipel.

C’est un technocrate qui connaît mieux que quiconque la situation financière du pays pour avoir été le vice-gouverneur, puis gouverneur de la Banque Centrale des Comores durant plus d’une décennie. Il était Ministre de l’Economie depuis août 2021.

Diplômé des universités françaises en Management des Banques, il est un haut fonctionnaire, grand administrateur, qui ne se mêle que rarement de politique, ce qui lui a valu la confiance d’Ahmed Abdallah Sambi , d’Ikililou Dhoinine et aujourd’hui Azali Assoumani. 

Bosseur, fin connaisseur de dossiers dont il a la charge, dans un système méritocratique, la place qu’il occupe actuellement n’aurait pas été usurpée. Cela étant dit, de quelle marge de manœuvre dispose -t-il réellement dans un système verrouillé où le Chef de l’Etat et son cercle restreint décide de tout, prenant rarement en compte les conseils et suggestions de ses collaborateurs? 

Car Azali Assoumani ne l’a pas nommé uniquement pour ses compétences. Il s’agit d’un choix qui revêt un aspect politique. La nomination d’un natif de Mbeni aux Finances et un autre de Ntsudjini à l’Économie, était un moyen pour le Pouvoir, de dévitaliser ces deux bastions de l’Opposition, dont sont originaires deux importants adversaires du régime, Mohamed Ali Soilihi « Mamadou » et Mouigni Baraka Said Soilihi. 

Malgré ses qualités et son expérience, il y a des points négatifs dans son parcours. Il était le président du comité technique de la Conférence des Partenaires au Développement qui s’est tenue à Paris en décembre 2019. C’est lui qui a annoncé la somme fantaisiste de 4 milliards de dollars d’investissement. 

Aucun économiste sérieux, n’a cru que les Comores allaient recevoir un financement équivalent à 400% de son PIB. Deux ans et demi après la CPAD, peu de projets pour ne pas dire aucun, ne s’est concrétisé.   

Lors de l’annonce du prix du riz, il a botté en touche, lorsqu’il a été questionné sur la gestion calamiteuse de l’ONICOR. Cette attitude visant à minimiser la responsabilité des dirigeants et tout mettre sur le dos de la crise en Ukraine ou le Covid-19, est inadmissible. Car s’il veut réussir son pari de redresser la barre, il ne peut faire l’impasse sur les mauvaises pratiques qui plombent la trésorerie des sociétés d’Etat au point que certaines risquent d’être en cessation de paiement. 

La seule expertise d’un technocrate aussi brillant soit-il ne suffira pas pour cette mission qui s’apparente au nettoyage des écuries d’Augias. Tant que des décisions douloureuses ne seront pas prises à l’encontre des protégés de Beit Salam qui minent les entreprises publiques, les efforts de Mze Abdou Chanfiou n’aboutiront à rien. 

Mohamed Moussa Alcomorya



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