Gabegie financière à la SCH, pourquoi des têtes doivent tomber?| Al Comorya

Mohamed Chatur, ancien DG de la SCH

Un audit de la Cour des Comptes sur la Société Comorienne des Hydrocarbures, de 2018 à 2019, révèle l’étendue de la gabegie financière dans cette entreprise publique pourtant stratégique.

On y apprend que le Directeur Général d’alors, Mohamed Chatur, gérait l’entreprise au mépris des lois en vigueur.

« Dans le cadre de cet audit de conformité, la Cour a relevé, entre autres, l’absence des Dossiers d’Appel d’Offre (DAO). »

Il agissait à sa guise et attribuait des marchés publics de plusieurs dizaines et centaines de millions de francs selon ses désirs. 

« Il y a eu une utilisation massive et abusive de la procédure d’entente directe (ou de gré à gré). »

Pire encore, la Cour des Comptes a découvert plusieurs dépenses n’ayant pas de justificatifs. 

« Il n’y avait ni bordereaux d’émission ni mandats de paiement ni les pièces justificatives des dépenses… Ces dépenses évaluées à 242 539 188 FC, restent injustifiées en l’absence des pièces justificatives et des relevés bancaires des dépenses exécutées. »

Cette révélation est gravissime. Comment un dirigeant d’entreprise publique peut-il se permettre de dépenser 242 millions sans présenter le moindre justificatif, comme s’il s’agissait de son argent personnel?

Mais le pire est que personne n’est inquiété par la Justice. Aucune poursuite n’a été engagée à la suite de la publication de ce rapport d’audit.

Pourtant en octobre 2016, Feu Djaza, paix à son âme, alors Président de la CENI s’est retrouvé en prison avec trois de ses collaborateurs, pour des motifs similaires à ceux-là. 

Un rapport de la Cour des Comptes avait démontré que 150 millions fc ont été dépensés par la Commission Electorale sans présenter de justificatif. 

Les membres de la CRC sont-ils au-dessus de la loi? Pour les mêmes accusations par la même Cour des Comptes, Djaza a été incarcéré et Chatur a été récompensé par le poste d’Ambassadeur des Comores en Belgique. Une prime à la mauvaise gouvernance. 

Ce cas est une illustration du « deux poids deux mesures » qui jette le discrédit sur notre système judiciaire. Tous les comoriens sont égaux, mais il semble que ceux de la CRC sont plus égaux que les autres.

Sentiment d’impunité

Le sentiment d’impunité encourage la corruption dans un pays. Le fait qu’il n’y a aucune conséquence judiciaire, lorsque 240 millions sont utilisés sans que l’on ne sache dans quel but, est un mauvais signal envoyé à tous ceux qui seraient tentés d’en faire autant, dans l’ administration publique.

Beaucoup interprèteront cela comme si le gouvernement disait « namuyile! Si vous êtes CRC vous serez protégés ».

La justice doit se saisir de l’affaire et Mohamed Chatur, qui bénéficie bien sûr de la présomption d’innocence, doit s’expliquer et rendre des comptes au peuple comorien.

S’il s’estime innocent et n’a rien à se reprocher il ne devrait pas craindre un procès.

L’Union des Comores manque d’une institution spécifique en charge de réprimer les crimes économiques et financiers, depuis que Azali Assoumani a dissous la Commission Anti Corruption en 2016, quelques mois après son arrivée au pouvoir.

Les criminels en col blanc, quand ils appartiennent à la mouvance présidentielle bénéficient d’une complaisance rarement vu ailleurs. 

Quel investisseur crédible viendra risquer son argent dans un pays dans lequel les pouvoirs publics agissent avec autant de légèreté?

La CRC répète les erreurs du passé?

Il semble que le parti CRC n’a pas tiré leçon du passé. Il est bon de se souvenir qu’en 2008, plusieurs caciques de cette formation politique croupissaient derrière les barreaux, à cause de l’affaire dite des « détournements aux hydrocarbures ». La justice avait tranché que 55 millions avaient été détournés à la SCH. 

Houmed Msaidie avait écopé de 7 mois de prison ferme. Il avait été reconnu comme étant celui qui a ordonné le décaissement de ces millions, en tant que Directeur de Cabinet d’Azali. 

Il n’était pas le seul, plusieurs personnalités du régime actuel, avaient été inquiétés par la Justice, à des degrés divers, notamment le Ministre de l’Intérieur Fakridinne Mahamoud qui s’était réfugié à Mayotte, ou encore le nouveau conseiller diplomatique Hamada Madi Boléro qui avait aussi quitté le pays. 

Le gouvernement doit se remémorer ce passé et comprendre l’impérieuse nécessité de sévir contre les auteurs de crimes économiques et financiers parmi les leurs.

Qu’ils se souviennent qu’ils ne resteront pas au pouvoir éternellement. S’ils ne sanctionnent pas leurs brebis galeuses, ils porteront demain une responsabilité collective pour complicité, en cas de changement de régime. 

Mettre fin à la gestion calamiteuse des entreprises publiques, devrait devenir une urgence nationale. Ces sociétés sont les piliers sur lesquels repose l’Etat comorien, s’ils s’écroulent, ce n’est pas le gouvernement uniquement qui s’effondra mais l’Etat lui-même, avec le risque de devenir un « failed state » un Etat en déliquescence.

Nous sommes loin de l’émergence, tant chantée. Le pays s’enfonce dans le gouffre chaque jour un peu plus.

Mohamed Moussa AlComorya



Catégories :Eco & Finances, Edito & Opinions, Infos & actu, Siasa

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1 réponse

  1. Changement d’un pays il faut changer les têtes têtes

    On es ensemble pour combattre

    J’aime

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