Rassemblement contre la vie chère, empêché par les autorités |Al Comorya

« Le gouvernement ne veut pas que l’on dise que l’on a faim, alors que l’on a faim!» Les quelques manifestants interrogés au stade Ajao en plein cœur de Moroni, n’en décolèrent pas.

C’est ce samedi 4 juin à 9h sur la place de l’indépendance que devait se tenir le rassemblement populaire contre la vie chère, à l’initiative de plusieurs organisations de la société civile, telles que la Fédération Comorienne des Consommateurs FCC, Ngoshawo et la Confédération des Travailleuses et Travailleurs des Comores CTC.

Le but était d’exprimer le mécontentement des citoyens face à la hausse des prix des carburants et ses conséquences économiques désastreuses. 

Mais les autorités ne l’entendent pas de cette oreille. Dès l’aube, le périmètre est quadrillé par un important dispositif des forces de l’ordre, intimidant tous ceux qui s’approchaient pour prendre part à la manifestation. 

Résultat, ils n’étaient qu’une petite poignée de téméraires à avoir bravé la peur en se rendant sur place. 

«Ils nous ont menacé et malmené. Ils ont cassé le téléphone d’un journaliste.» explique l’un des participants qui critique également les organisateurs.

Le vendredi 3 juin un communiqué non signé, mais issu du ministère de l’Intérieur, mettait en garde « tout projet de manifestation sur la voie publique doit faire l’objet d’une demande d’autorisation auprès de la Préfecture » Plus loin il est écrit  » Nos services constatent qu’aucune demande n’a été faite à ce jour pour une manifestation à Moroni. »

Il est malheureux que le Ministère de l’Intérieur ne connaisse pas la loi. Le code pénal ne prévoit aucune demande d’autorisation à manifester, mais une simple déclaration: « Sont soumis à l’obligation d’une déclaration préalable, tous cortèges, défilés ou rassemblements de personnes et d’une façon générale, toute manifestation sur la voie publique. » (Article 96)

En d’autres termes, si une personne souhaite manifester, il suffira qu’elle aille informer les autorités, au minimum trois jours avant, et signer une déclaration indiquant « le but de la manifestation, le lieu , la date et l’heure du rassemblement des groupements invités à y prendre part et s’il y a lieu, l’itinéraire projeté. L’autorité qui reçoit la déclaration en délivre immédiatement récépissé. » (Article 97).

Aucune loi n’exige du citoyen de demander l’autorisation à la préfecture avant de manifester. Il est regrettable que le gouvernement censé faire appliquer la loi, fasse preuve d’une telle ignorance ou confusion entre déclaration et autorisation.

Si quelqu’un vous déclare qu’il se marie, cela ne signifie pas qu’il demande votre autorisation. Le but d’une déclaration est d’informer afin que les autorités soient au courant. Rien de plus.

Plusieurs organisateurs du rassemblement de ce matin, nous ont confié avoir fait cette déclaration.

Ils ne sont pas les seuls. De nombreuses déclarations ont été faites avec à chaque fois un refus systématique. Ce qui est une violation flagrante du droit garanti par la constitution à manifester. Aucun préfet ni ministre n’est au-dessus de la constitution.

L’Etat de droit a une simple définition, c’est lorsque l’Etat ne fait pas ce qu’il veut, mais se soumet aux lois.

L’interdiction de manifester contre le gouvernement et la hausse des prix, est la preuve que le régime d’Azali Assoumani est aux antipodes des valeurs démocratiques.

L’ironie est qu’avec une pareille politique liberticide, ils se sentent offusqués lorsque l’opposition qualifie ce pouvoir de dictatorial.

Mohamed Moussa AlComorya



Catégories :Infos & actu

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