
Vendredi 18 mai 2018, à la mosquée Al Qasmi de Moroni, à la fin de la prière de Jummah, une foule compacte s’amasse autour d’un homme.
De loin, on aperçoit un turban vert, trônant, telle une couronne, sur la tête de celui dont tout ce beau monde cherche à tout prix à serrer la main.
On se bouscule, on se marche sur les pieds, au rythme des » kwezi sayidna Rais » qui se multiplient. Les plus jeunes en profitent pour prendre des selfies, sans se douter qu’ils immortalisent un moment historique.
Après avoir fait la bise et salué chaleureusement, les grands notables tels que Said Hassane Said Hachim et Abdallah Mohamed Soiffeini, l’homme se dirige vers l’extérieur, où un attroupement encore plus grand l’attendait.
Une sortie sous les vivas et les applaudissements, imprégnée de solennité lorsque l’hymne national est entonné dans une ferveur indescriptible.
C’était il y a quatre ans quasiment jour pour jour et ce fut la dernière journée de liberté d’Ahmed Abdallah Sambi. Ce même vendredi là, il a été assigné à résidence surveillée.
Comme si la destinée voulait qu’avant d’être enfermé, le peuple lui rende hommage, lui exprime son amour et que le monde entier soit témoin de sa popularité.
Hier, jeudi 19 mai 2022, Maître Ahamada Mahamoudou, avocat de l’ancien Président de la République, a tenu une conférence de presse, pour faire le point sur la situation de son client.
Ces derniers jours des bruits insistants circulent sur la tenue prochaine du procès tant attendu, de celui qui entame sa cinquième année de détention sans jugement.
Son défenseur récuse d’ailleurs le terme détention et parle d’une séquestration, en dehors de tout cadre juridique. Maître Mahamoudou s’est étonné que des journalistes de la place, soient au courant, avant lui, de l’éventualité du procès, or il aurait fallu qu’il soit le premier a être informé, pour préparer au mieux sa défense, le cas échéant.
L’emprisonnement sans procès de l’ex Rais Sambi, qui a dirigé les Comores de 2006 à 2011, est perçu comme la preuve de l’arbitraire et de la politisation à outrance de l’appareil judiciaire de notre pays.
Il est accusé de détournement de deniers publics dans le cadre du programme de citoyenneté économique mais pour ses soutiens ce n’est là qu’une parade pour camoufler un exemple flagrant d’utilisation de la justice comme arme politique, pour réduire au silence un adversaire que l’on ne peut vaincre à la loyale par la voie des urnes.
Mohamed Moussa AlComorya
Catégories :Infos & actu, Siasa
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