Discours d’Azali, entre autosatisfecit et contre-vérités

Azali Assoumani, photo: Beit Salam

Azali Assoumani s’est exprimé, depuis Beit Salam, le mercredi 26 mai, à l’occasion de la cérémonie du deuxième anniversaire de son investiture comme Président des Comores.

Bien qu’il soit au pouvoir depuis 2016, il a fait fi des trois premières années, pour ne se concentrer que sur la période allant de 2019 à 2021.

Il a prononcé un discours policé aux allures d’autosatisfecit. Il s’est autocongratulé pour avoir « mené des réformes institutionnelles avec la vision de faire de l’Union des Comores un pays émergent à l’horizon 2030, respectueux des droits de l’Homme, de l’égalité de genre et promouvant l’Etat de Droit ».

On se demande bien de quelles réformes s’agit-il, car la situation du pays est bien moins reluisante. D’un point de vue économique la croissance est en berne, oscille entre 1 et 2% ce qui est extrêmement faible pour une nation en voie de développement. Nous sommes loin des 7% nécessaires préconisé par les économistes, pour espérer amorcer un réel décollage de l’économie.

Les violations des droits humains sont légion. En premier lieu, l’entrave à la liberté d’expression et de manifestation, comme en témoigne l’interdiction du rassemblement de l’opposition prévu ce jour même, pour lui signifier la fin de son quinquennat 2016-2021.

L’égalité du genre reste une chimère, puisque dans l’équipe gouvernementale comme à l’Assemblée Nationale, nous sommes très loin de la parité Homme / Femme.

Durant son allocution, il s’est voulu conciliant avec ses adversaires politiques « Je voudrais saluer la mise en place de l’Union de l’Opposition et réitérer une fois encore, la disponibilité du Gouvernement à un dialogue inclusif, constructif et sincère avec toutes les forces vives de la nation. »

Ce n’est pas la première fois qu’Azali Assoumani tend la main et tient des propos d’apparence d’ouverture mais jamais suivis d’effets. En septembre 2018, il s’était engagé auprès du Haut Représentant de l’Union Africaine, Monsieur Lamamra, de prendre des mesures d’apaisement envers l’opposition et entamé un dialogue intercomorien.

Dès que l’invité a quitté le pays, toutes ces belles paroles sont passées à la trappe.

Concernant la recrudescence de la criminalité, il s’est voulu ferme « Il est grand temps que la loi et l’ordre reprennent le dessus dans notre pays, car l’inaction ne fera que renforcer le manque de confiance qui existe déjà, entre la population et la Justice et les forces de l’ordre, qui sont accusés, à tort ou à raison de ne pas assumer pleinement leurs missions. »

On peut applaudir ce constat lucide, si l’on omet le fait qu’il est le Chef du Gouvernement, le garant du bon fonctionnement de la justice. Si elle ne remplit pas ses prérogatives, il en est responsable, lui et son Garde des sceaux.

Aucune nouvelle mesure n’a été annoncée. Tout au long de son discours il s’est contenté de rappeler, la régularité du paiement des salaires des fonctionnaires, les différents chantiers en cours de construction, comme l’Hôpital El Maarouf ou les amphithéâtres de l’Université.

Un bilan maigrichon pour un Président concentrant tous les pouvoirs.

Mohamed Moussa Al Comorya – Ne pas copier. Toute reproduction interdite –

(Vidéo : discours d’Azali Assoumani le 26 Mai 2021)


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