
Le maintien au pouvoir d’Azali Assoumani au-delà du 26 mai 2021, sonnera le glas du cycle de la présidence tournante entre les îles, débuté en 2002.
Il ouvrira une ère d’incertitudes et une détérioration des relations entre les différentes composantes de la nation.
Au vu de la chape de plomb qui s’est abattue sur l’archipel et caractère autoritaire du régime Azali, il est fort à parier que toute voix dissonante, sera réprimée d’une main de fer.
Il n’y aura pas forcément de répercussions sur le plan institutionnel et politique, mais les conséquences plus pernicieuses peuvent endommager de manière durable la cohésion nationale.
Priver Anjouan de son tour, est un pari risqué qui mettra à mal notre fragile coexistence.
En usurpant le tour des Anjouanais par des bidouillages et tripatouillages de la constitution, l’exécutif actuel franchit le rubicon et ouvre une boîte de Pandore qu’il sera difficile de refermer.
Il y a de fortes chances que cela réveille les vieux démons de la division, le repli identitaire exacerbé et des clivages inter-îles.
Il faut être aveuglé par une sacrée dose de mauvaise foi pour ne pas comprendre le danger qui guète une nation, lorsque les communautés qui la composent se sentent discriminées.
Dans l’état actuel des choses, les échéances électorales de 2024, seront les troisièmes élections présidentielles auxquelles seuls les habitants de Ngazidja peuvent être candidats. Les Anjouanais et les Moheliens étant exclus des scrutins de 2016, 2019 et 2024.
Ces deux îles constituent la majorité de la population du pays, pourtant leurs habitants sont réduits au statut de simples spectateurs de la vie politique, ne pouvant postuler à la magistrature suprême durant trois présidentielles consécutives, qui ne sont réservées exclusivement qu’aux originaires de Ngazidja.
Si vous ne ressentez pas un sentiment de malaise sur le fait que la majorité de la population comorienne soit ainsi reléguée au second plan durant trois présidentielles consécutives, c’est que vous souffrez d’un manque aigüe de bon sens et de patriotisme.
Le non-respect de la tournante Anjouanaise en 2021, l’emprisonnement illimité Et sans jugement de Sambi, la destitution illégale du gouverneur Anjouanais Salami et son enferment sans procès, sont autant de coups de boutoirs assénés à la l’unité nationale et au vivre ensemble.
Face aux mauvais calculs de l’opposition, sa désorganisation et son absence de stratégie, le pouvoir en place peut réussir son coup de force. Mais cela faisant il sèmera dans le cœur de nombreux comoriens, un sentiment d’injustice, de discrimination, voir même d’oppression qui risque de se transformer dans le futur en poison mortel pour l’Etat comorien.
Ce pays appartient à nous tous. Ce pays est plus important que n’importe quel politicien ou individu en particulier. Peut-on sacrifier l’avenir d’une nation sur l’autel des ambitions démesurées d’un seul homme?
Le syndrome de l’homme providentiel, irremplaçable et sauveur de la nation est la plus grande menace qui pèse sur l’unité du pays.
Aucun subterfuge constitutionnel, aucune ruse électorale, aucun tour de passe passe politique ne pourra diluer la dangerosité de l’aventure dans laquelle s’engage Azali Assoumani.
À quoi bon gagner un mandat présidentiel de plus, si c’est pour perdre l’unité, la cohésion et le vivre ensemble de la nation?
Mohamed Moussa Al Comorya – Ne pas copier. Toute reproduction interdite –
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