
Alors que de nombreux pays entament la phase de vaccination qui leur permettra de tourner le dos au coronavirus, aux Comores, nous assistons à une inquiétante reprise de l’épidémie.
A n’en point douter, avec une meilleure gestion, plus efficiente, nous aurions pu atteindre le zéro cas, à l’heure actuelle. Si Wuhan, d’où est parti le virus, a pu s’en débarrasser et reprendre une vie normale, il n’y a aucune raison que notre petit archipel ne puisse pas l’éliminer et fermer définitivement cette sombre parenthèse.
Malheureusement, tout au long de cette crise sanitaire due à la pandémie, les pouvoirs publics comoriens se sont illustrés par des défaillances en cascade. Si un cas importé à provoqué cette augmentation des contaminations, le gouvernement doit être tenu responsable. Il ne peut pas s’attribuer les mérites lorsque tout va bien et se dédouaner lorsque la situation se détériore.
Cette deuxième vague est la conséquence d’une stratégie sanitaire hasardeuse depuis le début. Tout a commencé par un déni de réalité, la politique de l’autruche, cet animal qui se fourre la tête dans le sable pour ne pas voir le danger.
Tous ceux qui osaient évoquer la possibilité que le virus puisse être présent sur notre sol, était traité d’ennemi de la nation. Azali Assoumani nous avait qualifié d’oiseaux de mauvais augure.
Sous-estimant la menace qui frappait la planète tout entière, le gouvernement s’est cru à l’abri. Aucune anticipation, aucune action concrète pour se préparer au pire. L’exemple le plus éloquent pour illustrer cette insouciance, c’est le fait que notre pays était le seul au monde, à ne pas disposer de capacités de dépistage.
Au 30 mars, alors qu’à Mayotte 600 tests ont été effectués permettant de découvrir 82 cas, les autorités Comoriennes persistent dans leur politique de Zéro test, forcément zéro cas. Il a fallu attendre le 24 avril pour qu’arrive le premier appareil PCR et le 30 avril pour que le premier cas officiel soit annoncé.
Faisant fi des recommandations de l’OMS, le fameux « testez, testez, testez », outre les mesures de restrictions, la stratégie gouvernementale à souvent consistait à faire des réunions et créer des comités nationaux, régionaux, et des sous-comités à n’en plus finir.
Pourtant ce ne sont pas les moyens financiers qui manquent. Le gouvernement dit avoir débloqué 1,5 milliard fr, consacré à la lutte contre le coronavirus. Le FMI a accordé 12 millions de dollars à l’Etat Comorien.
Avec cet argent, cela fait 10 mois que les autorités auraient pu et auraient dû créer des laboratoires spécifiques équipés de plusieurs pcr, sur chacune des trois îles. De nouveaux lits de réanimation avec des appareils d’assistance respiratoire auraient dû être opérationnels.
Les villes mises en quarantaine comme Djwaezi auraient dû recevoir une assistance alimentaire et en produits sanitaires (masques, gel hydroalcoolique).
Le personnel soignant de l’hôpital de Samba Nkuni qui a géré le pic épidémique à Ngazidja, aurait dû être envoyé en renfort au CHR de Fomboni, pour soutenir et partager leur expérience. Au lieu de cela, un seul médecin urgentiste a été dépêché sur place depuis Moroni.
Mais surtout, au nom de la solidarité nationale, toutes les festivités devraient être interrompues à Anjouan et Ngazidja. On ne peut s’empêcher de ressentir un sentiment de malaise quand on voit la joie et la promiscuité qui prévalent dans les mariages sur ces deux îles, au moment où leur petite île sœur est accablée par la tristesse et le deuil.
L’Union des Comores a pour devise « UNITE, SOLIDARITE, DEVELOPPEMENT ». Où sont cette unité et solidarité, quand une île souffre le martyre et les deux autres vivent au rythme effréné des célébrations de mariages, des concerts dans les hôtels et des flâneries sur les plages?
Mohamed Moussa Al Comorya – Ne pas copier. Toute reproduction interdite –
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