
La détérioration de la crise de l’électricité est la préoccupation numéro un des comoriens ces derniers temps. Mais puisque l’opposition, fidèle à elle même, est aux abonnés absents sur ces questions essentielles, la société civile a décidé de prendre le taureau par les cornes.
Ce samedi matin, tandis que le nouveau Directeur général de la société nationale d’électricité, Soilihi Mohamed Djounaid prenait ses fonctions, les femmes du mouvement Adrikni organisaient un rassemblement à Badjanani au centre ville de la capitale Moroni.
Une bougie dans une main et une bouteille d’eau dans l’autre, symbolisant leurs revendications sur l’eau et l’électricité , elles sont venues exprimer leur ras le bol de vivre au rythme des délestages.
Ce mouvement apolitique est né en 2015 sous la présidence ikililou Dhoinine. Si à l’époque, elles avaient eu le droit de manifester librement, les temps ont changé, aujourd’hui la place était quadrillée par les forces de l’ordre qui leur ont refusé l’accès.
C’est la preuve pour ceux qui rechignent à l’admettre, du grand bond en arrière qu’a effectué notre pays en matière de libertés publiques mais surtout du caractère répressif et liberticide du régime actuel. Cette peur irrationnelle d’une manifestation de femmes réclamant de l’électricité, montre la fébrilité et la fragilité d’un régime qui pourtant se dit fort.
Malgré tout ce que l’on peut lui reprocher, force est de constater qu’à son époque, le Vice-Président Mohamed Ali Soilihi (Mamadou) avait eu la courtoisie de recevoir ces femmes pour recueillir leurs doléances. Aujourd’hui, les autorités ont envoyé des hordes d’ hommes armés pour disperser ce groupe de femmes pacifiques.
En plus de son incompétence, ce gouvernement s’illustre par son manque d’élégance envers la gente féminine. Déterminées elles ont quand même tenu leur rassemblement jovial et chantant, dans les ruelles de la médina.
Le dossier de l’électricité est un échec cuisant pour Azali Assoumani. De 2016 à 2020, malgré les milliards dépensés, peu de choses ont changé, hormis le nom de la société Mamwe devenu Sonelec, comme si rebaptiser une chose suffisait à conjurer le mauvais sort qui l’accable.
Lors de sa prise de fonction, Djounaid a dressé un tableau peu reluisant de la situation. Il hérite d’une entreprise qui croule sous le poids de 13 milliards de dettes dont 1,2 ont été contractées en 2020, selon lui.
Il a annoncé une batterie de mesures pour redresser la maison. Il s’est engagé a lutter contre les trois formes de vols qui gangrènent sonelec: vol de gasoil, les raccordements frauduleux et les factures impayées qui dépasserait le milliard de francs.
Pour le carburant, il veut interdire aux véhicules de la société de se ravitailler en se servant dans le stock destiné aux groupes électrogènes et installer des jauges électroniques permettant de voir en temps réel l’état des reversoirs. En ce qui concerne les impayés, il préconise la généralisation des compteurs prépayés.
Son plan d’action contient la révision des 14 groupes électrogènes du pays et l’achat de 2 autres de 3 mégawatts pour 1,2 milliard de francs.
Il compte sur la mix énergétique avec l’arrivée des centrales solaires pour alléger le fardeau, car avec 19 Millions de francs par jour pour le gasoil, alors que les recettes sont de 20 millions par jour, la situation est intenable.
Une tache titanesque attend le nouveau directeur. Reste à savoir si au-delà des effets d’annonces aux vertus incantatoires, il pourra réellement nettoyer les écuries d’Augias.
Mohamed Moussa Al Comorya – Ne pas copier. Toute reproduction interdite –

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