
Said Ali Chayhane est fier comme un coq du travail accompli durant les 4 ans qu’il a passé à la tête du ministère des Finances. Lors d’une interview accordée à Al Watwan, le Grand Argentier était dans l’autosatisfecit et tire un bilan positif de son action.
Pourtant, lorsque l’on analyse de plus près nos Finances Publiques, il y a de quoi s’inquiéter. Notamment en ce qui concerne l’explosion de la dette publique sous le pouvoir Azali.
Jusqu’en 2013, L’Union des Comores était asphyxiée par un niveau d ‘endettement insoutenable. Elle faisait partie des PPTE, (pays pauvres très endettés). Il a fallu des années de politiques de réformes et d’assainissements des finances publiques initiées sous la présidence Sambi et poursuivies sous celle d’Ikililou Dhoinine, sous l’œil vigilant du FMI et de la Banque Mondiale pour qu’enfin nous puissions bénéficier d’un allégement de la dette.
Le pays pouvait respirer de nouveau. L’argent que l’on consacrait à rembourser la dette était désormais fléché vers les dépenses publiques. On pouvait de nouveau emprunter.
A son arrivée au pouvoir d’Azali Assoumani a trouvé un situation financière à peu près assainie et un niveau d’endettement au plus bas. 5 ans après, voilà que les Comores replongent petit à petit dans le gouffre duquel nous avions eu du mal à sortir.
En l’espace de 3 ans, la dette publique est passée de 90 Milliards FC en 2017 pour s’établir à 124 milliards fin 2019. Rien que de 2018 à 2019 on constate une hausse spectaculaire de 25,2%.
Si on tient compte uniquement des dettes extérieures, elles ont bondi de 28,4% passant de 87,3 Milliards en 2018 à 112,1 Milliards en 2019.
Même le FMI commence à s’inquiéter de cette gestion irresponsable de la dette. Dans son rapport du 25 Mai 2018, l’institution financière alertait déjà sur cette dérive:
« Les Comores disposent d’une stratégie nationale d’endettement, élaborée au lendemain de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE. Malheureusement, le Gouvernement ne suit toujours pas avec rigueur les procédures et recommandations prescrites par cette stratégie. » Peut-on y lire.
Les experts déplorent le fait que le pouvoir actuel contracte des dettes extérieures non concessionnelles. Or le FMI recommande aux pays à faible revenu de ne recourir qu’aux dettes concessionnelles pour limiter les risques de surendettement.
Ce rapport du FMI a jugé sévèrement la politique budgétaire de Said Ali Chayhane. Elle la qualifie de « budgétisation irréaliste qui nuit à la crédibilité budgétaire ».
Personne dans le gouvernement ne pourra accuser les institutions de Bretton Woods d’être des opposants du régime.
Le ministre des Finances lui-même a reconnu que la loi de finances 2021, actuellement débattue à l’assemblée est la seule qui se conforme aux normes recommandées par le FMI.
Il a donc fallu 5 ans de bidouillage, d’amateurisme et d’approximation pour que nos autorités se rendent comptent que l’on ne peut pas faire fi indéfiniment des recommandations des partenaires financiers internationaux.
Si le gouvernement continue cette politique irresponsable, les Comores se retrouveront avec une dette publique insolvable. Ce scénario catastrophe devrait nous interpeller, que l’on soit du pouvoir comme de l’opposition. Car le successeur d’Azali devra rembourser les dettes contractées par celui-ci, bon gré mal gré. Basi narilamhe.
Mohamed Moussa Al Comorya – Ne pas copier. Toute reproduction interdite –
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