Anissi l’équilibriste, à la fois partisan et opposant

Anissi Chamsidine, Gouverneur d’Anjouan

Le gouverneur d’Anjouan poursuit son difficile numéro d’équilibriste, à la fois partisan et opposant d’Azali, lors d’une interview accordée aux médias. 

Il a dénoncé le fait que chaque président se taille une constitution sur mesure. Une référence à peine voilée à la réforme constitutionnelle de 2018. En même temps, il rejette catégoriquement la tournante 2021 pour son île natale d’Anjouan. 

Selon lui, si la modification constitutionnelle d’Azali en 2018 n’est pas valide, alors celle de Sambi en 2009 aussi doit être invalidée. Il faut alors revenir à la constitution de 2001 issue des Accords de Fomboni qui prévoit un mandat de 4 ans et non 5, ce qui reviendrait à Anjouan 2006-2010, Moheli 2010-2014, Ngazidja 2014-2018,  Anjouan 2018-2022 et Moheli 2022-2024. 

Sur l’évasion de Bobocha, son ami devenu ennemi, il a déploré que les prisons soient devenus des passoires, affirmant qu’il s’agit là d’une grave défaillance de l’Etat qui met en péril le pays tout entier. 

Après avoir dénoncé la constitution actuelle, vilipendé le gouvernement sur la sécurité publique, il s’en est pris à la justice. Il a décrié le sort réservé à Sambi, Anissi accuse le système judiciaire d’être inefficace et incapbale de juger l’ancien président, malgré 2 ans de détention.  Il implore Azali d’accorder une grâce présidentielle à Sambi.

À chacune de ses apparitions publiques, le gouverneur anjouanais lance des critiques acerbes envers le gouvernement, tout en renouvelant son allégeance à Azali Assoumani, lui assurant de sa loyauté et le caressant dans le sens du poil. Il semble que le gouverneur veut revêtir les rôles d’opposant et partisan, simultanément.

En Juin 2020 déjà, dans son allocution devant les membres de la mouvance présidentielle à Dar Najah, il avait évoqué l’insécurité qui monte à Anjouan et rappelé que cette compétence relève du gouvernement central. Une manière de se dédouaner de toute responsabilité tout en accablant ses alliés.

À ceux qui lui reprochaient de ne pas partager le gâteau politique « mhare wa siasa » il avait répondu que celui-ci n’est pas aussi consistant et appétissant qu’il ne l’était entre 2011 et 2016 lors de son premier mandat. « Le gâteau d’aujourd’hui se résume à ce palais uniquement » s’est-il lamenté.

Ce n’était pas la première fois que le Muhafidh s’en prenait au gouvernement. Azali Assoumani et Anissi Chamsidine se sont interpellés mutuellement, en janvier 2020 à l’occasion d’une cérémonie de présentation des résultats obtenus lors de la conférence des partenaires.

Si l’échange était cordial et le ton amical, cela ne suffit plus à cacher les divergences de plus en plus marquées entre les deux hommes.

Privé de ses compétences, le gouverneur d’Anjouan s’était alors plaint d’être dépossédé de ses fonctions. Azali Assoumani avait moyennement apprécié la remarque. Visiblement excédé, il avait recardé Anissi :« Tu débordes souvent ces derniers temps, mais je te pardonne. »

Les relations entre les deux politiciens pourraient être résumées à « je t’aime. Moi non plus ». Reste à savoir jusqu’à quand Anissi réussira t-il à tenir son difficile numéro d’équilibriste.

Mohamed Moussa Al Comorya – Ne pas copier. Toute reproduction interdite –



Catégories :Edito & Opinions, Infos & actu, Siasa

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