Hôpital Bambao-Mtsanga, un gâchis national

L’histoire de cet établissement hospitalier est celle d’un grand gâchis national. Initié sous Sambi, ignoré sous Ikililou, sous-exploité sous Azali.

Hôpital Bambao-Mtsanga, Anjouan, Comores

Bâti par notre partenaire le plus fiable, La Chine, Il a coûté 8 millions d’euros et s’étale sur une superficie de 7200 m2, avec une capacité d’accueil de 120 lits.

Il dispose d’un service de radiologie et d’imagerie numérique dont les équipements ultramodernes commencent à tomber en désuétude. Le scanner est déjà tombé en panne.

Pourtant lors de son inauguration en 2017, Azali Assoumani semblait pleinement conscient du potentiel de cette nouvelle infrastructure:

« l’«Hôpital de l’amitié comoro-chinoise de Bambao-Mtsanga », établissement polyvalent et pluridisciplinaire, d’une grande capacité d’hospitalisations, dotés d’équipements de haute technologie, capable de répondre aux besoins de la santé de la population locale et même au service de toute la population nationale » avait-il déclaré lors de son discours.

Depuis son ouverture, il est peu fréquenté. L’hôpital souffre d’un manque criant de personnel pour lui donner une envergure nationale. A l’ouverture en 2017 il n’y avait que 60 employés là où il en fallait 300. A titre de comparaison, il y en a 654 à El Maarouf.

Sur ce point, l’affaire est complexe puisque, certains anjouanais majors des services d’El Maarouf ont purement et simplement refusé leur affectation à Bambao.

Cette affaire avait suscité un tollé en 2017. La direction d’El Maarouf avait jugé qu’il serait plus simple d’envoyer des anjouanais à Anjouan, mais le manque de concertation a fait que cette décision a été rejetée par le personnel soignant affecté qui a dénoncé des mesures discriminatoires.

Les moyens financiers alloués à Bambao sont dérisoires. En 2019, le gouvernement ne versait que 5 millions de Fr, soit 10 000 euros par mois alors que les seules petites dépenses dépassent les 15 millions. L’hôpital reçoit 5 fois moins qu’ El Maarouf.

Le coût des soins est un autre facteur qui dissuade la population. Selon certaines estimations, la chambre revient à 5000 fr par jour. Pour se soigner une dent c’est 6500 fr et 5500 fr pour une radiographie. Il faut compter 125 000 fr pour une césarienne. Les franges les plus démunies qui ont du mal à joindre les deux bouts, ne peuvent trouver ces 250 euros.

Le gouvernement actuel a préféré se lancer dans la construction d’un nouvel hôpital El Maarouf plutôt que de renforcer les structures existantes.

Pourtant Bambao a des atouts qu’El Maarouf n’a pas. Il est situé dans une zone paisible, il y a une centrale hydroélectrique dans cette localité. Une disponibilité en eau et électricité dont ne dispose pas El Maarouf.

Bambao-Mtsanga symbolise tout ce qui ne va pas dans notre système sanitaire de manière générale. Il urge de réorganiser le secteur et repenser le financement des dépenses de santé et la gratuité de certains soins.

Notre politique de santé publique manque de cohérence, de stratégie et de vision. On se souvient qu’au plus fort de la crise covid-19, aucun laboratoire du pays n’était équipé pour effectuer des tests.

Une défaillance manifeste qui n’a pas suffit à sortir les autorités du déni. La preuve, un collectif des amis de l’artiste décédé Adina a tiré la sonnette d’alarme sur les dysfonctionnements dans nos hôpitaux.

Pour seule réponse, hier à Anjouan, Azali a accusé ce collectif de politiser ce décès, alors que c’est le destin. Ndizo mngu yandzao. 

Mohamed Moussa Al Comorya.



Catégories :Edito & Opinions, Infos & actu

Tags:, , ,

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :