
De la présidentielle aux gouvernatoriales, des législatives aux communales, du Conseil de l’Ordre des avocats jusqu’à la Chambre de Commerce et d’Industrie, de l’Université en passant par la Fédération de Football des Comores, quelle que soit la nature de l’élection dans notre pays, le processus finit toujours par être sujet à caution.
Manque de maturité? Avidité de pouvoir et de titres honorifiques? Carence de culture démocratique? Les causes de ce phénomène sont nombreuses.
Depuis dimanche 22 novembre, les comoriens observent abasourdis, les hommes à la robe noire se battre comme des chiffonniers pour élire le nouveau bâtonnier du barreau de Moroni.
Finalement, nous en avons deux pour le prix d’un. Mohamed Abdouloihab, ancien président de l’île de Ngazidja a été élu par acclamation, sous l’approbation de Maître Mzimba, Bâtonnier sortant, tandis que 27 autres avocats contestataires ont organisé une élection parallèle dont Tadjiddine Ben Mohamed est déclaré vainqueur.
Si c’est ainsi que se comportent nos hommes de loi, c’est que le mal qui nous ronge est plus profond que l’on ne le croit.
Les élections à la Chambre de Commerce ont été reportées sine die, car une liste a porté l’affaire devant les tribunaux avant même que le scrutin ne se déroule. En cause, la présence supposée de faux électeurs sur les listes.
Le secteur privé de la capitale n’arrive pas a accorder ses violons. Pourtant nous ne sommes pas en présence de personnes cupides aux dents longues qui cherchent un poste pour s’enrichir. Les têtes de listes sont des riches entrepreneurs qui gagnent très bien leurs vies.
Dans le domaine sportif ce n’est pas mieux. Depuis plus d’un an, la FIFA a dû mettre en place un comité de normalisation à la tête de la Fédération de Football des Comores, dans le but d’organiser des élections transparentes car elle avait constaté une connivence entre le Comité d’éthique en charge de l’élection et le comité exécutif de l’époque.
En Mai 2018, les élections du président de l’Université des Comores ont été suspendues au second tour par le ministère de l’Education Nationale. Même les professeurs d’université, qui incarnent l’intelligentsia comorienne ne sont pas épargnés par ce fléau inquiétant.
C’est comme si une malédiction empêchait tout processus électoral libre dans notre pays. Il ne reste plus qu’à se retrousser les manches et faire un gros travail de promotion de la culture démocratique, du civisme, et de l’intérêt général au détriment des égoïsmes.
Faut-il confier l’organisation des élections aux Comores à des étrangers, un pays neutre comme la Suisse par exemple, en attendant que nous atteignons la maturité nécessaire?
Le sens civique n’est pas quelque chose d’inné en l’être humain. Ce n’est pas une faculté naturelle, que l’on pourrait reprocher aux comoriens de ne pas utiliser.
Les pays démocratiques le sont tout simplement parce qu’ils enseignent l’éducation civique dans leurs écoles, au même titre que les maths et l’histoire-géo.
Si nous ne renforçons pas notre culture démocratique, par l’enseignement et des campagnes de sensibilisation auprès de la population, nous assisterons toujours à ces lamentables spectacles, à chaque scrutin, chacun voudra être Calife à la place du Calife sans tenir compte de l’intérêt général.
Mohamed Moussa Al Comorya
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