« Partout où je vais, on me dit « ouh ouh ouh ». Ces mots sont ceux d’Azali Assoumani. Si les courtisans en tout genre, désirant être plus royalistes que le roi, refusent d’admettre la réalité, il semble que le locataire de Beit Salam a pleinement pris conscience de son impopularité record.

Ce terrible aveu a été fait, lors de sa rencontre avec les cœlacanthes :« Je suis un peu jaloux, je me demande si Amir ne veut pas prendre ma place pour que je prenne la sienne. Parce que moi, où que j’aille on me dit, ouh ouh ouh! alors que vous on vous aime. Je vais y réfléchir. »
Il avait déjà reconnu à demi-mot cet état de fait, il y a quelques années, lorsqu’il a dit « mina gozibi » une expression que l’on traduit littéralement par « j’ai une mauvaise peau » mais qui signifie en substance « j’ai une mauvaise image injustifiée ».
En 2006, déjà Azali Assoumani avait quitté le pouvoir par la petite porte, sous les huées, lors de la cérémonie de passation avec Sambi. Mais en 2016, il est revenu jouissant d’une certaine popularité. Après 10 ans de traversée du désert, beaucoup, y compris votre humble serviteur, ont cru qu’Azali avait trouvé son « chemin de Damas » et que le colonel redouté s’était mué en imam paisible, car durant cette période il s’est tenu à l’écart du tumulte de la vie politique.
On espérait qu’il avait acquis une certaine maturité qui le placerait au-dessus de la mêlée. on l’a vu en rassembleur lors de son alliance avec Juwa.
Mais 5 ans après, c’est la désillusion. Son impopularité bat des records. L’insatisfaction est généralisée et les crispations se multiplient autour de sa politique répressive, doublée d’une incompétence ahurissante de son gouvernement.
Les comoriens n’huent pas Azali par jalousie. Ceux qui quittent les mosquées quand il y arrive ne sont pas tous, des opposants assoiffés de pouvoir. Ces huées sont l’expression d’une exaspération du peuple, envers un pouvoir qui promet la lune mais n’a qu’une pirogue en guise de fusée.
En 5 ans, Azali n’a pas réussi à fournir de l’électricité de manière permanente ne serait-ce qu’à nos 3 grandes villes Moroni, Mutsamudu et Fomboni. Les supporters des cœlacanthes qui chantaient « mna ntsi utsuno mwendje » ne sont pas des opposants remplis d’aigreur, c’est le petit peuple qui rit de son malheur, pour rappeler à ceux qui sont au pouvoir qu’offrir de l’électricité 24/24 en 2020, ce n’est pas la mer à boire.
« Il y a un léger mieux, namshukurie » diront certains, mais est-ce que l’émergence consiste à faire légèrement mieux ou largement mieux? Doit-on être reconnaissant que certaines régions soient passer de zéro fourniture d’électricité à quelques heures seulement le soir, après 5 ans de règne sans partage?
D’autres diront « il construit des routes ». Mais existe-t-il un seul président comorien qui n’a pas construit des routes sous son mandat? D’autant que les routes nationales finies sous ont toutes été initiées sous la présidence Ikililou, par Nourdine Bourhane.
Les projets qui ont commencé sous Azali comme la RN2 Moroni-Fumbuni, Moya-sima (j’y reviendrais en longueur), l’hôpital ElMaarouf ou Hôtel Galawa, tous ces dossiers ont démontré l’incapacité de ce gouvernement à rassembler les financements et mener à terme des initiatives d’envergure.
Le peuple hue votre échec à lui offrir une vie meilleure. Les comoriens huent les prisons devenues des passoires pour les prédateurs sexuels, mais étrangement jamais pour les prisonniers politiques détenus arbitrairement.
Ils huent un appareil judicaire malade et aux ordres. Ils huent un système éducatif moribond. Ils huent un système sanitaire sans moyens. Ils huent les routes devenues des cimetières. Ils huent la fin de la démocratie et du multipartisme. Ils huent vos magouilles dans les passations de marché sans appel d’offre. La mauvaise gestion des entreprises publiques qui sont toutes dans le rouge.
5 ans après votre arrivée au pouvoir, la vie quotidienne des comoriens n’a pas changé, la nation est plus divisée que jamais. Aucun des problèmes dont vous avez hérité à votre prestation de serment, n’a été réglé. Pendant 5 ans vous n’avez qu’une priorité, vous agripper au pouvoir. Alors bon sang, pour quelle bonne raison le peuple ne dirait pas « ouh ouh » où que vous allez.
Mohamed Moussa Al Comorya.
Catégories :Edito & Opinions, Siasa
Votre commentaire