
Selon Ahmed Majdalani le Ministre des affaires sociales de l’Autorité Palestinienne, L’Union des Comores serait parmi les pays qui s’apprêtent à normaliser leurs relations avec Israël.
Cette information a été reprise par le journal israélien The Jerusalem Post, un média réputé proche du Premier Ministre Benjamin Netanyahu. Quelques jours auparavant, le Président Américain Donald Trump avait annoncé qu’à la suite de l’accord entre l’État Hébreu et Les Émirats Arabes Unis , cinq autres pays sont en discussion pour sauter le pas.
Du coté des autorités comoriennes, il n’y a jusqu’à présent aucune confirmation ou infirmation de cette nouvelle.
Le 20 Juillet 2020, j’avais écrit un article « Les Émirats avancent leurs pions aux Comores ». J’y évoquais l’influence croissante, pour ne pas dire l’emprise, qu’ Abou Dhabi a sur le gouvernement comorien.
J’invitais, au-delà des tendances, la classe politique comorienne à réfléchir à la posture à adopter face à cette offensive diplomatique, économique et militaire des émiratis dans notre pays, qui aura nécessairement des conséquences à moyen et long terme.
Car avec le programme de Citoyenneté Économique qui a vu des dizaines de milliers d’émiratis obtenir la nationalité comorienne, les destins des deux pays sont désormais liés.
Je prévenais que c’est à nous comoriens, d’assainir ces liens. Nous devons encourager cette relation avec ce précieux allié, qui apporte un soutien non négligeable dans le domaine de la santé et de l’éducation, tout en prenant garde à ne pas tomber dans la vassalité et la subordination face à ses visées hégémoniques que l’on constate du Yémen, jusqu’au Soudan en passant par la Libye.
Virage à 180 degrés sur la question palestinienne?
Si les Comores suivent aveuglément les EAU dans cette normalisation avec Israël, nous continuerons cette politique étrangère désastreuse, qui met toujours en avant les intérêts des autres au détriment des nôtres.
Car si l’État Comorien encourage l’occupation israélienne des territoires palestiniens, en violation des résolutions de l’ONU, quelle crédibilité notre pays aura a réclamé la fin de « l’occupation de Mayotte » au nom de ces mêmes résolutions onusiennes ?
Avant l’arrivée au pouvoir d’Azali Assoumani, l’Union des Comores était parmi les fervents défenseurs des aspirations légitimes du peuple palestinien à un État. Sous la présidence Ikililou Dhoinine, le gouvernement comorien avait même saisi la Cour Pénale Internationale contre Israël dans l’affaire du raid meurtrier en 2010 contre la flottille Mavi Marmara qui tentait d’apporter de l’aide humanitaire à la Bande de Gaza.
Les Comores, en tant que État partie du Statut de Rome, mais également parce que ce navire était enregistré auprès de notre pays. Si la normalisation se confirme ça serait un virage à 180 degrés de notre diplomatie sur la question palestinienne.
Accord de paix ou accord commercial?
Entendons-nous bien. Avoir des relations avec Israël n’est pas un mal en soi, à condition que cela ne se fasse pas au détriment de nos frères palestiniens. Cette subordination de notre diplomatie à des puissances étrangères, sans tenir compte des intérêts supérieurs de notre nation, est absurde et doit cesser.
Les Émirats et Israël ont signé des accords plus commerciaux que de paix. Netanyahu s’opposait à la vente par les États-Unis des avions F35 aux EAU. Les Émirats ont normalisé leurs relations, pour pouvoir obtenir ces avions qui offrent une certaine suprématie aérienne dans la région. Le Magazine Français « Le Point » le souligne très bien dans un article intitulé « Des F35 pour la paix ».
Cet accord entre dans le cadre des intérêts nationaux Émiratis. Nous devons respecter le choix souverain de ce pays même si nous ne partageons pas sa politique étrangère. Mais Les Comores n’ont absolument rien à gagner dans cette histoire et beaucoup à perdre, tout comme nous n’avons rien gagné en rompant avec le Qatar et l’Iran pour plaire l’axe Riyad-Abou Dhabi. Rien non plus en ouvrant un consulat au Sahara Occidental qui nous a mis à dos l’Algérie pour plaire au Maroc.
D’autant plus qu’en relations internationales, il n’y a pas d’amis, ni d’ennemis permanents, il n’y a que des intérêts permanents. Après les élections américaines il se pourrait qu’un accord soit signé avec l’Iran et que ce pays passe de statut de paria à celui de partenaire des grandes puissances. Ceux qui en doutent peuvent regarder le cas des Talibans.
En 2001, ils étaient considérés comme une organisation terroriste, en 2020, il y a quelques jours au Qatar, le Secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo signait un accord avec le représentant des Talibans. Cela donne à réfléchir sur la nature fluctuante de la diplomatie.
Nous attendons le jour où, le gouvernement comorien se comportera en allié et non en aligné et mènera une diplomatie visant à défendre nos intérêts stratégiques nationaux et non aux pays étrangers, quel que soit l’amitié que l’on peut leur porter.
Mohamed Moussa « Al Comorya ».
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