Affaire NATIDJA, le gouvernement brise une success-story à la comorienne

Maoulida Said Mnamdji, Concepteur de l’application Natidja

C’est l’histoire d’une success-story à la comorienne que certaines autorités veulent étouffer dans l’œuf. Parti de rien, comme toujours, dans les récits fabuleux autour d’un Self-Made-man, Maoulida Said Mnamdji un jeune comorien de Vuvuni, lance une start-up et crée en 2017, du haut de ses 23 ans, une application mobile appelée NATIDJA, permettant aux candidats aux divers examens nationaux de découvrir leurs résultats en temps réel.

L’idée lui est venue, lorsqu’en 2014, il passait son bac et cherchait en vain sur internet, un moyen de connaître les résultats. Après deux années d’études à l’IUT Institut Universitaire de Technologie des Comores, il décide de concrétiser son projet.

Le succès est au rendez-vous. En 2019, il enregistre plus de 20 000 utilisateurs, au point que le serveur fut saturé et n’arrivait plus à suivre la demande. Aujourd’hui, il comptabilise plus de 30 000 téléchargements de l’application, ce qui est énorme à l’échelle des Comores. L’équipe compte désormais 5 personnes, 3 à Ngazidja, 1 à Moheli et 1 à Anjouan.

En cette période de pandémie, cet outil technologique est une solution adéquate pour éviter les foules et les attroupements traditionnels qu’occasionne la proclamation des résultats. C’est donc sans surprise qu’ils furent contactés pour approfondir cette coopération avec les autorités.

« Le Ministère de l’éducation nationale est venu nous solliciter, afin que l’on soit le relais entre eux et les élèves. » Expliquait Housnat Said Mze, lors d’une conférence de presse avant le jour j.

Mais à la dernière minute, cette collaboration a été suspendue.

« Nous avons appris récemment que nous n’avons plus l’autorisation de publier les résultats des examens nationaux.

Nous tenions votre satisfaction tellement à cœur que nous avons travaillé dure et dépensé sans compter. Nous n’allons pas vous abandonner, ni laisser tomber nos rêves, nous continuerons à travailler sur notre service dans l’espoir qu’il y’aura un changement.

Merci à tous ceux qui ont cru en nous et qui nous ont toujours soutenus. » Ont-ils publié sur leur page Facebook.

Pour justifier ce rétropédalage, le Ministre de l’Education Nationale, Mohamed Moindjie évoque, des problèmes techniques et des paramétrages qui n’auraient pas été effectués à temps. Il a indiqué qu’ils étaient pris de court et qu’ils ont dû donner les résultats aux responsables des CIPR (circonscription d’inspection pédagogique régionale) pour qu’ils les affichent dans chaque région.

D’autres pointent un doigt accusateur en direction de l’ONEC, l’Office National des Examens et Concours. Son directeur aurait décidé de se passer de NATIDJA sans tenir compte de la demande populaire, du manque à gagner et des sacrifices des concepteurs de cette application.

Un comportement incompréhensible qui va à l’encontre des belles paroles du gouvernement, qui a créé en 2019, L’Agence Nationale de développement du numérique ANED. Cet organisme a d’ailleurs décerné un « Certificat de reconnaissance » à Maoulida Said.

Mais comme souvent dans notre pays, les divers organes étatiques tirent à hue et à dia, creusant ainsi un peu plus le fossé qui sépare les beaux discours officiels et la réalité du terrain que vivent les citoyens, surtout ceux qui entreprennent. Un mauvais signal envoyé aux investisseurs locaux et internationaux.

Pourtant, NATIDJA devrait être érigé en modèle et exemple de l’ excellence comorienne. Un jeune né aux Comores, éduqué aux Comores, formé à l’ Institut Universitaire de Technologie des Comores et qui crée une application 100 % made in Comoros. Un motif de fierté nationale et un aperçu de l’immense potentiel de cette jeunesse, qui ne rêve pas d’un illusoire hypothétique Eldorado, ailleurs loin du pays. Une jeunesse qui n’attend pas qu’on lui offre un emploi dans l’administration.

Partout dans le monde, les gouvernements encouragent l’entrepreneuriat et l’innovation. Chez nous, c’est le contraire. On vous met des bâtons dans les roues. Nos autorités sont des soleils qui brûlent les ailes de quiconque voudrait voler et monter très haut comme Icare.

Mohamed Moussa  » Al comorya ».



Catégories :Eco & Finances, Infos & actu

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