Démission du Ministre Souef El-Amine. Retour sur un bilan décevant

Ce qui n’était qu’un bruit de couloir persistant depuis un moment, est devenu chose officielle. Souef Mohamed El Amine, Chef de la diplomatie comorienne a démissionné.

Souef Mohamed El Amine annonçant sa démission au corps diplomatique, 29 juillet 2020

Que retenir de son passage à la tête du ministère des affaires étrangères? il est difficile de définir quels ont été les grands axes stratégiques de notre politique extérieure sous la houlette du démissionnaire.

Pourtant son arrivée à ce poste avait suscité énormément d’espoir, vu son expérience de grand diplomate ayant travaillé pour l’Organisation des Nations Unis.

La déception n’a d’égal que l’immense engouement qu’il avait engendré lorsque l’enfant prodigue avait abandonné le poste gracieusement rémunéré à l’ONU, pour venir servir son pays natal.

Les erreurs stratégiques de la diplomatie Comorienne

Amine Souef a opéré des infléchissements déroutants. Nos alliés traditionnels à commencer par la Chine, ont été relégués au second plan, au profit de pays aux visées hégémoniques tels que l’Arabie Saoudite, Les Émirats Arabes Unis et La France. 

Sans être trop sévère, on peut affirmer que Souef avait érigé la vassalité en doctrine. Il a établi un lien de subordination poussé à son paroxysme. Les Comores obéissent au doigt et à l’œil au quai d’Orsay de son ami Jean-Yves Le Drian.

Même si ces derniers mois, donnent l’impression qu’il a y a eu une légère crispation des relations avec Paris.

Depuis le jeudi 20 février 2020, un grand pas a été franchi vers la reconnaissance de Mayotte Française, par Madagascar. Un bureau de la coopération décentralisée de Mayotte a été inauguré dans la capitale Malgache, au sein de l’ambassade de France, en présence du ministre Français Jean-Yves Le Drian.

C’est la première étape d’une longue série, puisque Mayotte compte ouvrir des représentations dans neuf pays riverains dans le cadre d’une stratégie de diplomatie territoriale.

Face à cette offensive diplomatique tous azimuts qui cible les pays limitrophes, silence radio de Moroni. Il n’y a eu aucune réaction de la part du ministère des affaires étrangères.

Les Élus Mahorais à Madagascar, à l’ouverture d’un Bureau de coopération à l’ambassade de France, 20 février 2020

Sur ce dossier, les dirigeants Mahorais ont montré qu’ils étaient plus efficaces que leurs homologues des trois autres îles de l’archipel. Sans coup férir, ils ont réussi la prouesse d’imposer à Azali Assoumani et Souef El Amine, quasiment toutes leurs revendications en faveur de Mayotte Française.

Après une brillante carrière de diplomate international , voilà Souef Mohamed El Amine se faisant doublé et ridiculisé par des simples conseillers départementaux Mahorais. Le chef de la diplomatie Comorienne est battu à plate couture par la classe politique Mahoraise dans son domaine de prédilection.

C’est un échec cuisant pour Azali Assoumani puisque la diplomatie est le domaine réservé du Président de la République.

Politique Arabe des Comores

L’exemple le plus éloquent pour illustrer notre statut d’état vassal, qui se soumet au plus offrant, est la rupture diplomatique avec le Qatar, en juin 2017, que les Saoudiens nous ont imposé, un mois avant son arrivée au ministère.

Nous avons perdu un partenaire économique majeur qui avait investi des centaines de millions de dollars dans des secteurs clés. Pour quel résultat? Deux ans après, L’Arabie Saoudite était peu présente à la Conférence des partenaires, mais quelques jours avant, le tapis rouge a été déroulé à Riyad pour accueillir avec les honneurs le premier ministre du Qatar.

Face à ce rapprochement diplomatique et réchauffement des relations entre les deux pays frères. Nous sommes dans la posture risible du dindon de la farce. Si seulement nos diplomates avaient retenu notre sagesse africaine, qui nous enseigne que « affaires cabris, moutons ne rentrent pas ». 

Aujourd’hui le Qatar investit des milliards en Afrique et a amorcé un partenariat stratégique avec le Rwanda. Une immense perte pour les Comores et une grossière erreur stratégique parmi tant d’autres du gouvernement Azali.

Une diplomatie Comorienne qui se respecte, bannirait toute subordination et vassalité, pour adopter une autonomie stratégique qui fait passer les intérêts Des Comores, avant ceux des autres pays.

L’Algérie fâchée contre Les Comores

Le 19 décembre 2019, L’Algérie par la voie de son ministère des affaires étrangères, a publié un communiqué lapidaire, dans lequel elle condamne la dernière décision hasardeuse de la diplomatie de Souef Mohamed El Amine.

En effet, Les Comores ont inauguré, un consulat à Laâyoune, dans le Sahara Occidental. Un territoire administré par le Maroc, mais qui revendique son indépendance. Autant dire une zone de conflit.

Ministre Souef Mohamed El Amine à l’ouverture du consulat des Comores à Laâyoune, dans le Sahara Occidental.

En droit international, le Sahara Occidental est considéré par l’ONU comme étant un territoire « non-décolonisé , dont les populations ne s’administrent pas encore complètement elles-mêmes ».  

Les Comores n’ont aucun intérêt ni aucun ressortissant au Sahara Occidental. Ce consulat n’est donc qu’un moyen pour le royaume Chérifien d’affirmer que cette région est Marocaine et le restera à jamais.  

L’Algérie, le principal soutien de la République Sahraoui, n’en décolère pas et voit cela comme une ultime provocation de son voisin marocain. 

Nous voici, encore une fois, embarqués dans un conflit qui ne nous concerne ni de près ni de loin. Après avoir perdu le Qatar pour plaire à l’Arabie Saoudite, nous voilà, en porte à faux avec l’Algérie, pour servir les intérêts du Maroc. 

Le duo Souef -Azali, restera dans l’histoire comme celui qui a nous a fait perdre le plus d’alliés. Avant eux, aucun pays, hormis La France, n’avait de raison stratégique de nous nuire. Par l’imprudence de cette politique extérieure , la liste des nations ayant des motifs valables d’hostilité envers Les Comores, s’allonge de jour en jour. 

Amine Soeuf a fait de notre Etat, un mercenaire diplomatique que les pays tiers peuvent recruter pour accomplir leur basse besogne. Notre image a été  salie.

En politique intérieure

En fin diplomate, Souef a eu les faveurs de l’opposition qui voyait en lui, un interlocuteur modéré dans un gouvernement de faucons.

Très vite, sûrement au nom de la solidarité gouvernementale, celui que beaucoup décrivaient comme la voix de la raison, s’est aligné sur la politique répressive et liberticide du régime Azali.

Il a régulièrement justifié auprès de la communauté internationale, les dérives autoritaires de son gouvernement.

Le prochain Ministre des Affaires Étrangères doit adopter une nouvelle doctrine basée sur l’ autonomie stratégique, nous permettant d’être l’ami de tous et l’ennemi de personne. Un facilitateur dans les conflits et non être partie prenante.

Mohamed Moussa « Al Comorya ».



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